Avec la crise bancaire les cabalistes d'Israël sont surbookés.
Parmi les noms les plus connus du patronat israélien qui ont un recours régulier à un coaching mystique, on trouve Nohi Dankner, le patron du puissant holding IDB. Celui-ci consulte fréquemment le rav Yaacov Israel Ifergan (40 ans) à Nétivot. Le rav Ifergan est aussi surnommé en hébreu « Rentguen » ou « Rayons-X » en raison de ses capacités à diagnostiquer l’état de santé de son visiteur.
L’influence du vénérable rabbin n’est pas négligeable: ainsi, c’est sur la recommandation du rav Ifergan que Nohi Dankner a décidé de ne pas ouvrir son réseau de supermarchés Shufersol le shabbat.
Parmi les autres patrons israéliens habitués de l’antichambre de Yaacov Ifergan, on trouve Ofer Nimrodi (Maariv), Ami Harel (Bezeq), David Fattal (hôtellerie) ou Ygal Britman (high tech). Selon le journal économique “The Marker”, le rav Ifergan faisait même partie en 2008 de la liste des 100 personnalités les plus influentes d’Israël.
Autre cabaliste qui attire les patrons à la recherche de conseils mystiques: le rav Yoshiyaou Pinto, 37 ans, d’Ashdod. Parmi les fidèles visiteurs du rav Pinto, figurent les hommes d’affaires israéliens Itzhak Techouva (Delek Group), Jacky Benzaken (immobilier) ou encore Meir Brend (Google Israel).
Les grandes décisions des patrons israéliens sont-elles, pour autant, prises selon les conseils des cabalistes? Sans doute que non. Il n’empêche que l’influence indirecte de ces derniers reste indéniable sur le processus de décision de nombreux patrons.
Au total, le marché du mysticisme draine en Israël des millions de shekels par an. Stages, séminaires, coaching privé, dons volontaires, etc.: il est impossible de connaître exactement le chiffre d’affaires de cette activité puisque, par définition, il s’agit d’un secteur occulte qui échappe souvent aux chiffres officiels.
Et c’est aussi un marché qui profite de la crise actuelle, lorsque le rationnel ne suffit plus à justifier une décision économique.
Le rav Dov Albertal,
un des proches du Rav Chalom Elyiachiv Chlita a fait part dernièrement de l’appréhension de celui-ci face à l’engouement recrudescent pour les « Babote » (pluriel de « Baba ») et le mysticisme qu’il véhiculent.
On vient, dit-il, poser de plus en plus au Rav Elyiachiv Chlita des questions qu’il n’avait jusque là jamais entendues. Des questions teintées de mysticisme et de Kabbala.
Il semble souhaitable de sortir du monde des « rêves et des promesses » pour revenir aux valeurs simples et fondamentales d’un judaïsme plus rationnel qui permet à chacun de développer et d’exprimer sa personnalité propre.