Que pense la Torah de Yaïr Golan qui accuse Israël de « tuer des bébés comme passe-temps »

 Israël : Pogrom du 7 octobre

Les faits

Yaïr Golan, président du parti Démocrates, a déclaré : "Un État rationnel ne mène pas de combat contre des civils, ne tue pas des bébés comme passe-temps et ne se fixe pas pour objectif l'expulsion d'une population ». Propos qui ont immédiatement déclenché une vague de condamnations, tant du côté de la coalition gouvernementale que de l'opposition.

Il alimente ainsi par des propos faux et infamants, la propagande mensongère de ceux qui cherchent la délégitimation morale d’Israël. L’histoire du peuple juif surtout après la Shoa a été marqué par l’émergence, dans les rangs mêmes d’Israël, de figures telles que cet énergumène répugnant qui reprennent à leur compte les accusations des ennemis, allant jusqu’à diaboliser leur propre peuple. Rappelons qu’il avait avait déjà par le passé comparé Israël aux nazis alors qu'il portait lui-même l'uniforme de Tsahal.

Le monde arabe a immédiatement célébré l'accusation de meurtre rituel antisémite de Yair Golan.
Plusieurs médias du monde arabe, du Liban au Qatar en passant par l'Iran, se font l'écho aujourd'hui (mardi) des déclarations de Golan, notamment : « Un pays sain d'esprit ne tue pas des bébés par passe-temps. ».

Le Hamas, trop heureux de l’aubaine à sauter sur l’occasion pour justifier ses propres crimes, mettant sur le même plan son pogrom du 7 octobre, les viols, tortures, meurtres de familles entières, prises d’otages, civils israéliens intentionnellement ciblés, avec les déclarations délirantes de Yaïr Golan.

Au-delà de cette accusation ignominieuse et mensongère il y a lieu de s’interroger sur les moteurs profonds d’une telle déclaration. 
Le cas de Yair Golan - ancien général, pourtant éduqué, cultivé, et aguerri - soulève un paradoxe moral et spirituel difficile à comprendre sans une lecture profonde de la Torah et des enseignements de nos Sages.

La haine de soi et la notion de « Érev Rav »

Quintessence d’un cas pathologique de haine de soi qui ne peut être exorcisée que par l’expression d’une haine viscérale et obsessionnelle contre son propre peuple, Yaïr Golan est un cas d’école.

Pour les Mékoubalim s’inspirant des textes du Zohar, le Érev Rav représente une entité spirituelle négative intégrée au sein d’Israël. Historiquement, Il s’agit d’un groupe d’Égyptiens qui a quitté l’Égypte avec les Hébreux, mais dont l’adhésion n’était pas authentique. Le Zohar enseigne qu’ils sont la source de la discorde, des hérésies, et des trahisons au sein du peuple d’Israël.
« Ce sont eux qui causent la séparation entre Israël et son Père céleste. » Zohar (Berechit 23-24b).

Le Rav Moché Shapira zatsal, dans plusieurs de ses enseignements, explique que le Érev Rav est animé d’une haine du Divin caché dans Israël. Il ne hait pas seulement le peuple, mais ce que représente Israël : la présence divine (Chékhina). Dès lors, ils cherchent à effacer cette spécificité et à réécrire Israël à l’image des nations.

Le Rav Moché Shapira enseignait que le Da’at – la vraie connaissance – n’est pas intellectuelle mais spirituelle. Lorsqu’elle est coupée de sa source divine (la Torah), même un homme intelligent peut sombrer dans une confusion où le faux devient vrai.

Le Rav Dessler dans son Mikhtav Eliyahou parle du phénomène de « Nétilate Hada’ate » - la perte du discernement moral- c’est-à-dire, l’action d’un individu sous l’influence de l’ego, de l’orgueil intellectuel, ou d’une volonté cachée de reconnaissance par les nations.

Un tel homme, même s’il croit sincèrement à ses convictions, est sous l’emprise du Yétser Hara’ déguisé en éthique universelle. Yair Golan représente ce que Rav Dessler appellerait un « ‘Hassid Chel Satan ». Un pieux au service du mal. Pieux dans le sens humaniste à l’excès pour plaire aux nations du monde.

Certains Juifs, ne pouvant plus nier leur attachement identitaire, cherchent à redéfinir Israël comme un projet moral universel détaché de la Torah. Ce détachement les amène à dénaturer Israël pour le faire rentrer dans un moule humaniste vide, où la compassion devient un outil de destruction.

Être trahi par les siens : un Thème récurrent dans la Torah

Deutéronome 13, 7–12
כִּ֣י יְסִ֣יתְךָ אָחִ֣יךָ בֶן־אִמֶּ֡ךָ... סָ֣תֶר לֵאמֹר֩ נֵ֨לְכָה וְנַעֲבֹ֜ד אֱלֹהִ֣ים אֲחֵרִ֗ים
Si ton frère, fils de ta mère, ou ton fils, ou ta fille, ou la femme qui repose sur ton sein, ou ton ami intime… t’incite en secret...

Le faux prophète ou incitateur peut être ton propre frère, ton fils, ta femme ou ton ami intime : le danger intérieur est ainsi présenté comme plus insidieux que l’ennemi extérieur.

Un concept qui est particulièrement présent chez le prophète Jérémie : la douleur de celui qui est trahi par les siens, et la dénonciation d’une corruption ou d’une hostilité intérieure parmi le peuple d’Israël.

Jérémie (ירמיהו) 11, 19
וַאֲנִ֞י כְּכֶ֤בֶשׂ אַלּ֙וּף֙ יוּבַ֣ל לַטֶּ֔בַח וְלֹ֥א יָדַ֖עְתִּי כִּי־עָלַ֣י חָשְׁב֑וּ מַחְשָׁב֗וֹת
« Et moi, j’étais comme un agneau familier qu’on mène à l’abattoir. Je ne savais pas qu’ils méditaient des complots contre moi »

Ce passage fait référence à une tentative d’assassinat contre Jérémie, fomentée par les gens de sa propre ville, Anatote. Les ennemis du prophète sont ceux de son propre peuple.

Jérémie (ירמיהו) 12, 6
כִּ֣י גַם־אַחֶ֗יךָ וּבֵ֤ית אָבִ֙יךָ֙ גַּ֣ם הֵ֔מָּה בָּ֖גְדוּ בָּ֑ךְ גַּם־הֵ֣מָּה קָרְא֤וּ אַחֲרֶ֙יךָ֙ מָלֵ֔א אַל־תַּאֲמֵ֥ן בָּ֖ם כִּ֥י יְדַבֵּֽרוּ־אֵלֶֽיךָ טֹֽוב׃
Car même tes frères, la maison de ton père, eux aussi ont agi perfidement envers toi. Eux aussi crient contre toi à plein gosier. Ne te fie pas à eux quand ils te parlent avec douceur.
Abarbanel souligne l’ironie de la situation : ceux qui auraient dû le protéger (sa famille, sa ville) se retournent contre lui.

Mikha (מיכה) 7, 6
כִּ֣י בֵ֤ן מְנַבֵּל֙ אָ֔ב בַּ֖ת קָ֣מָה בְאִמָּ֑הּ כַּלָּ֣ה בַחֲמֹתָ֔הּ אֹיְבֵ֖י אִ֥ישׁ אַנְשֵֽׁי בֵיתֽוֹ׃
Car le fils outrage son père, la fille se dresse contre sa mère, la belle-fille contre sa belle-mère; les ennemis d’un homme sont les gens de sa maison.

Ce verset est commenté dans le Talmud, Sotah 49b, dans la description de la "fin des temps" (עקבתא דמשיחא) époque du dérèglement social et moral de la génération précédant la venue du Messie.

וְאֵין לָנוּ עַל מִי לְהִשָּׁעֵן אֶלָּא עַל אָבִינוּ שֶׁבַּשָּׁמַיִם... אֹיְבֵי אִישׁ אַנְשֵׁי בֵיתוֹ
Et il ne nous restera personne sur qui nous appuyer, si ce n’est notre Père qui est aux cieux… Les ennemis de l’homme seront les gens de sa maison.

La consolation :

Comment ne pas y voir les signes précurseurs de l’arrivée du Machia’h !

Rav Aharon Bieler