Le chemin du Sanhédrine : parcours historique en terre d’Israël

Tibériade 

Le chemin du Sanhédrin, inauguré en 2018, retrace étape par étape, le parcours historique du Sanhédrin en terre d’Israël. Ce parcours, traversant les magnifiques paysages de la Galilée, rappelle les lieux où le Sanhédrin a siégé : Beit-Shéarim, Usha, Shefa Amr, Tsipori et Tibériade. Mais ce chemin n’est pas seulement une randonnée historique, c’est un appel à la réflexion, à la transformation intérieure, et à l’engagement envers notre héritage spirituel.

 « Je répare les chemins et j’ai mesuré les routes entre Tsipori et Tibériade. » (Ketoubote 112a).

Ainsi parlait Rabbi Hanina, un sage qui vivait et enseignait à Tsipori, au cœur de la Galilée. Ces mots résonnent bien au-delà de leur signification pratique. Ils symbolisent l’effort constant pour réparer non seulement les routes physiques, mais aussi les voies morales et spirituelles qui guident un peuple en quête de lumière.

Le Sanhédrine : un phare spirituel après la destruction

Ruines du Sanhédrin à Tibériade

Le Sanhédrine était l'assemblée législative traditionnelle d’Israël ainsi que son tribunal suprême et siégeait normalement à Jérusalem. Composé de soixante et onze sages experts en « Loi Juive », il doit comporter vingt-trois membres pour décider en matière judiciaire ; il est alors nommé petit sanhédrine et siège dans les principales villes.

Après la Grande Révolte et la destruction de Jérusalem par les Romains en l'an 70, le Sanhédrin est transféré pour un temps à Yavné. Le Talmud de Babylone (traité Rosh Hashana, page 31a) décrit les dix déplacements du Sanhédrin, notamment à Oucha, Shefa Amr, Beït-Shéarim, Tsippori (Sepphoris) et Tibériade. Avec la disparition du Temple de Jérusalem, le Sanhédrin reste la seule autorité juive tolérée par Rome.

Après la destruction du Second Temple de notre ère, le peuple juif fut plongé dans l’obscurité d’un monde sans centre. Jérusalem, en ruines, ne pouvait plus jouer son rôle de cœur battant de la nation. Mais nos sages, portés par une vision inébranlable, refusèrent de se laisser abattre.

Le Sanhédrin devint alors le pilier central d’un peuple désorienté. En Galilée, il guida la nation, rassembla les fragments et préserva l’âme d’Israël. Sous la direction de Rabbi Yehouda HaNassi, la Michna fut rédigée, créant une fondation indestructible pour la Torah orale. Cette œuvre, réalisée au début du IIIe siècle, garantissait que même en exil, le peuple juif ne perdrait jamais son identité. En parallèle, les sages encouragèrent la construction de synagogues – des « Mikdachei mé’at » (petits sanctuaires) – pour maintenir vivante la flamme du lien avec le Créateur.

 Chaque étape : une leçon de Pirkei Avot

Chemin du Sanhédrine à Ousha

– Ousha : l’importance de la vigilance

« Sois aussi attentif à une petite mitzva qu’à une grande » (Avot 2, 1) : chaque acte, même minime, construit notre monde.

Ousha est devenue célèbre au IIe siècle (vers 135), après les persécutions d'Hadrian , lorsque le Sanhédrin, ou tribunal rabbinique, a été déplacé de Yavné en Judée à Ousha, puis d'Ousha de nouveau à Yavné, et une deuxième fois de Yavné à Ousha.

L'installation du Sanhédrin à Ousha témoigne de la suprématie spirituelle absolue de la Galilée sur la Judée, cette dernière s'étant dépeuplée après la révolte de Bar Kokhba. Oucha était également importante car certains élèves de Rabbi Akiva y résidaient, notamment Shimon Bar Yo'haï, Yéhouda bar Ilaï, dont la résidence d'origine était à Oucha, Yossé ben Halafta et Rabbi Meir.

Tombe de Yéhouda ben Baba à Shefa Amr

– Shefa Amr : l’humilité comme vertu centrale

« Sois très, très humble d’esprit » (Avot 4, 4) – car l’humilité ouvre les cœurs et les esprits.

 C'est sous le règne de l'empereur Marc Aurèle que le Sanhédrin y séjourna de 161 à 180.

Nécropole de Beit-Shearim

– Beit-Shearim : la Torah comme fondement

« Retourne-la et retourne-la, tout est en elle » (Avot 5, 22) – car c’est dans la Torah que résident toutes les réponses.

 C’est là que Yéhouda Hanassi, le compilateur de la Mishna, fit venir le Sanhédrin et termina la compilation de la Mishna (« loi orale ») en 200 apr. J.-C.

Au milieu du IIe siècle de notre ère, elle prospéra en tant que ville lorsqu'elle devint un centre d'érudition rabbinique et d'activité littéraire.  Après la mort du rabbin Yéhouda Hanassi vers 220 de notre ère, il fut enterré dans la nécropole adjacente.

Tsipori 

– Tsipori : la sagesse en héritage

« Qui est sage ? Celui qui apprend de tout homme » (Avot 4,1) rappelle que chaque individu a quelque chose à nous enseigner.

Lorsque le rabbin Yéhouda Hanassi a transféré son tribunal du Sanhédrin de Beit She'arim à la ville voisine de Tsippori (capitale de la Galilée), plus d'un a été surpris.

Ruines du Sanhedrin à Tibériade

– Tibériade : la paix comme aspiration ultime

« Sois parmi les disciples d’Aaron, aimant la paix et la poursuivant » (Avot 1, 12), car l’unité est la clé de la rédemption.

Ce fut l'emplacement final du Sanhédrin fut à Tibériade, où il a cessé d'exister après 425 de notre ère, car l'empereur Théodose VI a empêché la nomination d'un successeur à Raban Gamliel VI.
Capitale de la Galilée. Les grands maîtres auteurs du Talmud Yéroushalmi et de la Guémara y ont vécu.

- Aujourd’hui, ce chemin est emprunté par des écoles de tout Israël ainsi que par des amateurs de randonnées. Vous terminerez votre périple face au Kinneret (lac de Tibériade), au cœur de l’une des quatre villes saintes, Tibériade qui, aux côtés de Safed, Jérusalem et ‘Hévron, témoigne de l’âme spirituelle et historique du peuple juif.

 Une start-up indestructible : Israël éternelle

Le chemin du Sanhédrin est bien plus qu’un voyage à travers la Galilée. C’est un puissant rappel de la capacité du peuple juif à se relever, à se réinventer et à transcender les épreuves. En suivant ce chemin, on comprend que le « Tikoune Hamidote », la réparation de nos qualités personnelles, n’est pas une tâche facultative mais une responsabilité sacrée.

Comme l’a dit Rabbi Akiva : « Ce monde ressemble à un vestibule avant le monde à venir. Prépare toi dans le vestibule pour entrer dans le palais. » (Avot 4, 16). Ce monde, avec ses défis, est notre chance de construire, de réparer et d’atteindre des sommets spirituels.

Aujourd’hui, Israël reste le cœur vivant de notre peuple. Le chemin du Sanhédrin symbolise non seulement un glorieux héritage, mais aussi une direction claire pour l’avenir – une start-up qui ne déposera jamais son bilan. Ce chemin rappelle que nous ne sommes pas simplement des individus, mais les gardiens d’une mission éternelle.

Puisse-t-on voir nos juges revenir comme aux premiers temps et le Sanhédrin reprendre rapidement sa place – Amen.

Source : LPHinfo
Illustrations et commentaires UniversTorah