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Les Dix Martyrs

Mardi 24 Juin 2014 | 08h12   Vue : 4676 fois
 
 
 
 



Les dix martyrs de la foi correspondent, dans la tradition juive, perpétuant leur souvenir dans la liturgie talmudique, à dix Tanaïm (grands Sages éminents du deuxième siècle, dont Rabbi 'Akiba (env.45-135)), qui furent suppliciés par Rome, sous le règne de l’empereur Hadrien (117-136).

Ce récit provient de la littérature midrachique, et en particulier du Midrach Eléï Ezkéra. Selon celui-ci, l’empereur romain demanda à ces Sages la peine prescrite par la législation juive, pour l’auteur du rapt et de la vente d’un autre Juif.

Ils lui répondirent que la Tora le sanctionnait par la peine capitale. L’empereur évoqua alors le cas de Yossèf qui fut enlevé et vendu comme esclave par ses frères, sans que ces derniers ne fussent exécutés. Les dix Sages d’Israël furent condamnés à mourir à leur place. La Kabbala va jusqu’à affirmer que les âmes des dix frères de Yossèf, qui prirent part à cette vente, se réincarnèrent dans les corps des dix Tanaïm au moment de leur torture, afin de réparer leur faute par la souffrance subie.

La liturgie a repris ce récit de l’argutie de l’empereur et du martyr subi par les dix Rabbanim cités nommément, à travers une des élégies les plus poignantes de Tich'a Béav sur les 'Assara Harougué malkhoute (dix martyrs de la foi, en hébreu). Sont cités notamment Rabbi 'Akiba, Rabbi 'Hanania ben Téradyone, le grand prêtre Ichma'èl et le président de l’Assemblée, Rabbi Chim'one ben Gamlièl.

Quelle « vérité humaine » émerge du thème des dix martyrs de la foi, à partir du supplice du plus charismatique de ces sages, à savoir, 'Akiba ben Yossèf ?



Gravure représentant Rabbi 'Akiva avant son supplice
Nous tenterons de répondre à cette question, après avoir présenté le texte talmudique qui évoque les derniers moments de Rabbi 'Akiba.

Précisons que ce texte commence par l’interprétation donnée par Rabbi 'Akiba à l’injonction biblique : « tu aimeras l’Eternel ton D. de toute ton âme » (Deutéronome 6, 5). Rabbi 'Akiba dit : « de toute ton âme » signifie que tu aimeras ton Dieu même s’Il te prend ton âme (c'est-à-dire, ta vie). Le judaïsme ne jugeant crédibles que les discours qui passent l’épreuve des actes, le martyr de Rabbi 'Akiba va témoigner de la sincérité de ce dernier. La Guémara (Bérakhote 62b) rapporte un enseignement tiré d'une Béraïta: « il arriva que le royaume (il s’agit de Rome qui régnait sur Erèts Israël) promulgua un décret interdisant aux Juifs (Israël, dans le texte) d’étudier la Tora. Que fit Rabbi 'Akiba ?

Il alla réunir des assemblées de manière publique, s’installa et prêcha (enseigna la Tora). Papous Bèn Yéhuda le trouva. Il lui dit : « 'Akiba ! Ne crains-tu pas cette nation (Rome) ? ». Il ('Akiba) lui répondit : « Laisse moi te donner une parabole. A quoi la chose ressemble ? (C’est-à-dire, voila à quoi l’on peut comparer ce que tu me demandes de faire, à savoir, de cesser d’enseigner la Tora).

A un renard qui marchait sur le bord d’une rivière et qui vit des poissons fuyant dans toutes les directions. Il s’adressa à eux : «Pourquoi vous enfuyez vous ? ». Ils lui répondirent : « à cause des filets et de leurs rets qui s’abattent sur nous». Il leur dit alors : « voudriez vous me rejoindre sur la terre ferme, afin que nous vivions ensemble comme l’ont fait mes ancêtres et les vôtres ? ». Ils lui dirent : « C’est de toi que l’on dit que tu es le plus intelligent des animaux ?

Tu n’es pas intelligent, mais stupide. Si nous avons peur là où nous vivons (dans le fleuve), a fortiori craindrons-nous pour nos vies au lieu de notre mort (la terre ferme) ! ». Il en est de même pour nous (le peuple juif). Si déjà, alors que nous étudions la Tora, dans laquelle il est écrit « car elle est ta vie et ta longévité » (Deutéronome 30, 20) nous avons peur (des persécutions romaines), a fortiori si nous nous coupons des paroles de Tora ».


Gravure sur pierre de Rabbi 'Hanina Ben Téradiyone
Peu de temps passa (après cet épisode) avant qu’ils (les Romains) n’arrêtent Rabbi 'Akiba et l’emprisonnent, ainsi que Papous Bèn Yéhouda, qu’ils enfermèrent dans la même cellule.

Papous lui dit : « Qu’est-ce qui t’a amené ici ? Tu peux être heureux Rabbi 'Akiba d’avoir été appréhendé pour l’enseignement de la Tora ! Malheur à moi qui me suis fait arrêter pour des choses futiles ! Lorsqu’ils firent sortir Rabbi 'Akiba pour l’exécution, c’était le moment de réciter le Chéma’. Tandis qu’on lacérait sa chair avec des peignes en fer, il s’appliquait à accepter le joug du royaume céleste avec amour. Ses disciples l’interpellèrent : « jusque là ? » (Tu parviens encore à te concentrer malgré les souffrances endurées). Il leur répondit : « toute ma vie je souffrais à cause de ce verset : « (tu aimeras l’Eternel ton Dieu…) de toute ton âme » -même s’Il te prend ton âme. Je disais : « quand cette possibilité se présentera-t-elle à moi afin que je l’accomplisse ? A présent qu’elle est à ma portée, ne vais-je pas l’accomplir ? ». Il prolongeait (le mot) E’had (Un) lorsque son âme le quitta.

Une voix divine se fit entendre, disant : « heureux sois-tu Rabbi 'Akiba, car ton âme est sortie au moment où tu proclamais l’Unité divine ». Une voix divine dit alors : « heureux sois-tu Rabbi 'Akiba, car tu es destiné à la vie du monde à venir ».

Dans une autre Aggada talmudique (Traité Ména'hote, page 29b), où Dieu, dans une vision prophétique, montre à Moïse, l’enseignement de Rabbi 'Akiba, la fin tragique de ce dernier lui est également montrée, mais la réponse de Dieu à l’interpellation de Moïse est bien plus violente, Dieu lui intimant le silence, sans lui donner aucune explication.


Tombe de Rabbi 'Akiva à Tibériade
Enfin, dans l’horreur qui va croissante, le point paroxystique est atteint par l’élégie déjà citée, qui décrit la sauvagerie avec laquelle les dix Rabbins sont mis à mort, et la révolte des anges qui gronde, au point que Dieu menace de ramener le monde au chaos originel s’ils ne font pas silence.

Et à chaque fois, sur un ton péremptoire, Dieu dit : «ceci est un décret qui ne souffre aucune contestation ! ». Nous pourrions nous contenter de voir dans ce martyrologe une certaine conception de la vie, valeur suprême mais pas absolue. Le renoncement à certains idéaux ôterait tout sens à l’existence. Le Talmud enseigne ainsi qu’il faut choisir la mort si l’on veut nous contraindre à commettre l’une des trois fautes gravissimes que sont : l’idolâtrie, le meurtre ou un rapport sexuel prohibé par la Torah.

Rabbi 'Akiba et les neuf autres Sages auraient donc estimé que ne plus étudier et enseigner la Tora revient à abandonner le Dieu unique. Il serait également tentant de voir dans ce récit, l’illustration tragique de ce que le Talmud appelle les « épreuves d’amour » (Issouré Ahava) que Dieu fait subir aux Justes, au sens de l’amour de l’homme qui se révèle à l’occasion de ses souffrances. Il s’agirait ici du degré ultime de l’amour de Dieu, atteint dans le martyre assumé par celui qui le subit. Mais les réactions indignées des anges et de Moïse, renvoient à nos propres attitudes devant le spectacle de la souffrance des innocents.

A cette question redoutable, à laquelle nous sommes tous confrontés, le récit des dix martyrs de la foi, qu’il soit authentique ou légendaire, répond par ce sentiment confus d’amour et de révolte qui anime celui qui ne veut pas rompre le dialogue avec la transcendance.

Celui aussi, qui accepte le constat des limites de son entendement humain. Limites signifiées dans ces textes par le refus de Dieu de poursuivre le dialogue avec ses créatures. L’on relèvera, toutefois, que dans le dialogue qui s’instaure entre les anges et Dieu, devant le sort de Rabbi 'Akiba, Dieu leur apporte une réponse. Plus largement, la tradition juive, comme d’autres traditions religieuses, s’est largement intéressée au problème du mal dans le monde, et tente d’y apporter des réponses.






   


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