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Les juifs du Maroc pendant la Shoah | Jeudi 21 Mai 2015 | 15h03 Vue : 5379 fois | |
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Dans les années 30,
la communauté juive marocaine connait une période de calme. C'est aussi une période de développement
économique, de croissance démographique, de renforcement des institutions communautaires et de participation accrue à la vie sociale,
culturelle et politique.
Les Juifs marocains
qui vivaient dans les grandes villes étaient au courant de la situation des Juifs allemands et de la
signification de la montée d'Hitler au pouvoir. Ils étaient au courant également de la campagne lancée par le mouvement sioniste contre les
produits allemands. D'ailleurs, la presse juive appelait sans cesse au boycott des produits allemands. Cependant, l'antisémitisme allemand,
contrairement à l'antisémitisme de la droite française, grandissant à la veille de la Seconde Guerre mondiale, fut à peine ressenti dans la
communauté juive.
Dans la
mémoire collective des Juifs marocains,
Mohammed 5 bénéficie d'une image très positive
Lorsque
la guerre éclata, les Juifs marocains se proposèrent de participer à l'effort de guerre aux cotés de la
France, comme volontaires pour le service militaire ou par des dons financiers, mais les Français n'y donnèrent pas suite.
L'occupation
de la France et l'établissement du régime de Vichy en 1940 s'accompagnèrent de mesures très douloureuses.
En effet, dès octobre 1940, de nombreux décrets antisémites furent promulgués excluant les Juifs de la société française. Le premier
décret concernait le statut des Juifs. Or, les Juifs marocains n'étant pas citoyens français, l'impact de ce décret sur le statut juridique
en fut négligeable. Toutefois, en excluant les Juifs de diverses professions impliquant des interactions avec les Français, le décret sur
le statut de Juifs allait avoir des répercussions sociales et économiques.
Fonctionnaires publics,
médecins, banquiers, pharmaciens, journalistes, enseignants, infirmières, entre autres, autant de postes
que furent contraints d'abandonner les Juifs, malgré leur apport considérable dans ces domaines (en plus de leur contribution à la culture
française).
Jeunesse juive quittant le Maroc pendant la Shoah
Un autre décret
instaurait un "Numerus Clausus" scolaire limitant le nombre d'enfants juifs dans le système éducatif
français. Le nombre de Juifs dans le système éducatif français fut limité à 7% des élèves.
L'effet
de ce décret dans le quotidien des élèves juifs fut néanmoins peu significatif grâce à l'action de
l'Alliance Israélite Universelle, bien établie au Maroc avec ses nombreuses écoles qui reçurent immédiatement les élèves qui avaient été
expulsés du système éducatif français. Un décret supplémentaire prescrivait le recensement obligatoire des Juifs et l'enregistrement de
leurs biens dans le but de les nationaliser et d'en faire la propriété de l'état français.
Certains décrets
stipulaient que les Juifs qui vivaient dans les nouveaux quartiers habités par des Français devaient
retourner au mellah (ghetto juif marocain) dans lequel ils avaient vécu avant l'arrivée des Français au Maroc; les circonstances
de l'application de ce décret ne sont cependant pas claires.
Le Mellah au Maroc pendant la Shoah
Un certain
nombre de Juifs marocains furent internés dans des camps de travail ou de détention, établis pour la
plupart à la frontière entre le Maroc et l'Algérie.
Cette mesure
ne concernait pas tous les Juifs du Maroc, mais un groupe précis d'individus représentant une menace pour le
régime ou considérés comme tels.
Par ailleurs, le Maroc servit de pays de transit pendant la guerre pour les Juifs européens qui cherchaient à atteindre les Etats-Unis. La
communauté juive et les organisations internationales prirent des dispositions pour apporter leur aide à ces réfugiés juifs. Le 7 novembre
1942, dans le cadre de l'opération Torch, les forces américaines débarquèrent sur les côtes marocaines et prirent rapidement le contrôle du
pays.
Camps
d'internement au Maroc pendant
la Seconde Guerre mondiale.
Le débarquement
américain eût deux effets contradictoires. D'un côté, il apporta à la communauté juive une certaine
prospérité économique, les Juifs obtenant du travail dans les forces navales américaines postées devant les ports marocains.
De l'autre,
il entraîna une détérioration des relations entre Juifs et Français. Le débarquement fut, en effet,
immédiatement suivi d'attaques contre les Juifs dans les grandes villes, n'entraînant heureusement pas de pertes en vies humaines. Nous
savons aussi que de nombreux Juifs furent harcelés par des officiers militaires français dans différents endroits au Maroc, en représailles
à l'accueil chaleureux que les Juifs témoignèrent aux forces américaines.
Les Juifs marocains
exprimèrent la joie éprouvée lors de l'arrivée des Américains dans des textes, publiés principalement en
judéo arabe, et racontant la victoire des Alliés.
Après la guerre,
le nationalisme marocain s'accrût, la position de la France dans le monde s'affaiblît et celle-ci commença
à pondérer son attitude vis-à-vis des Juifs marocains, en permettant notamment une activité sioniste au Maroc et l'émergence du Conseil
juif de la Communauté.
Chars americains à la meme époque arrivant à Casablanca
Juifs marocains parqués dans le Mellah de Casablanca pendant la guerre
Les autorités francaises avaient anticipé les lois antijuives et cela dés le mois de juin 1940
Médaille militaire du soldat Benhamou du 4ième régiment des
tirailleurs francais pendant la guerre
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