Le mercredi 8 avril prochain,
veille de Pessa'h 5769, un évènement rare et considérable se produira (si D. le veut). L'ensemble des communautés juives dans le monde récitera la Birkate Ha'hama - Bénédiction faite à l'occasion du renouvellement du cycle solaire.
La Birkate Ha'hama
est récitée tous les vingt-huit ans, période au bout de la quelle, le soleil redémarre son cycle annuel au tout début du printemps, tout comme lors de la création du monde. Ce cycle solaire de 28 ans est appelé Ma‘hzor Gadol (cycle long). C'est une Mitsva à part entière de dire à cette occasion, une bénédiction particulière.
1. Notions préliminaires essentielles
Les Tékoufote
sont des moments précis de l'année en rapport avec le cycle annuel du Soleil (équinoxe, solstice). Elles servent de repères à notre calendrier luni-solaire. Le mot Tékoufa signifie aussi saison.
Il existe
quatre Tékoufote séparées les unes des autres par un trimestre solaire de 91 jours 7 h 540 'Halakim (soit 13 semaines entières 7 h et 30 mn).
Rappelons que la minute n'est pas une unité du calendrier hébraïque. Nous l'utiliserons néanmoins pour exprimer les Tékoufote afin d'en simplifier la notation : 540 'Halakim = 30 minutes.
Les Tékoufote
coïncident généralement avec le mois dont elles portent le nom. Il s'agit des Tékoufote de Tichri, de Tévète, de Nissan et de Tamouz.
Celle de Nissan est la plus importante. Elle intervient au printemps et sert de référence au calcul du cycle solaire.
D'après Rabbi Yehochoua',
le monde fut créé au mois de Nissan. La première Tékoufa de Nissan de la Création précède le Molad (naissance de la lune) de ce mois de 7 jours, 9 h 642 'Halakim.
Comme le Molad,
les Tékoufote sont calculées en fonction de l'heure de Jérusalem et résultent de la position du Soleil au dessus de cette ville. On tient compte des fuseaux horaires pour exprimer ce moment en différents points du globe. Il faut par exemple en France retirer 1 heure aux Tékoufote de Tichri et de Tévète et 2 heures à celles de Nissan et de Tamouz en raison de l'horaire d'été (GMT + 1 ou GMT + 2).
Il existe
un cycle fictif de 28 ans en rapport avec la métaphysique de l'astre solaire, retenu par les Docteurs du Talmud (Bérakhote 59b) (Propos recueillis auprès du Rabbin J. D. Frankforter. d'après l'enseignement du Gaon de Vilna, de Rabbi Moché Haïm Luzzato et de Rav Yoël Teitelbaum).
En comparaison avec le cycle lunaire, le cycle solaire est appelé Ma'hzor Gadol, cycle long.
La Tora
nous enseigne que D-ieu créa les astres le quatrième jour, les disposa dans l'univers et les mit en mouvement comme il est écrit (Genèse l, 17) : « Et D-ieu les plaça (le soleil, la lune et les étoiles) dans l'espace céleste pour rayonner sur la Terre ». Et (Genèse l, 19) : « Il fut soir, il fut matin, quatrième jour ».
Lorsqu'on cumule
les excédents aux semaines d'années solaires successives, c'est-à-dire 1 jour et 6 heures, on retrouve ce mercredi de la création à 0 heure tous les 28 ans (1 jour et 6 heures x 28 = 35 jours, soit 5 semaines entières). A ce moment, le soleil se situe dans la même position que celle qui lui a été originellement assignée. C'est le début d'un nouveau cycle solaire, marqué par la Tékoufa de Nissan (Extrait du Calendrier hébraïque de Robert Stioui).
2. Signification et nature de la Mitsva
Comme nous l’avons rapporté
précédemment, les astres ont été créés le quatrième jour de la création (Béréchite I, 17), c’est à-dire un mercredi. A partir du mercredi du mois de Nissan de la création (selon l’avis Rabbi Yéhochou’a), se succèdent les cycles annuels du Soleil.
La Birkate Ha'hama
est récitée tous les vingt-huit ans, durée du cycle solaire. Le soleil retrouve alors la position qu'il occupait lorsqu'il a été créé.
La Guémara développe ce sujet dans le traité Bérakhote (59b). Selon nos Maîtres Chémouèl et Rav Adda, la durée d'une année est de 365 jours et 6 heures pour le premier. Selon Rav cette durée est de 365 jours, 5 heures, 55 minutes, 25 secondes et 27/57 de secondes, soit moins de 5 minutes d’écart.
A partir du mercredi
du mois de Nissan de la Création, (d’après Rabbi Yéhochou’a), se succèdent les cycles annuels du soleil de 365 jours ¼, soit 52 semaines et 1 jour et 6 heures. Par conséquent, il y aura chaque année, un surplus de 1 jour et 6 heures.
A la fin du cycle de 28 ans, on aura donc un supplément de 35 jours, soit exactement 5 semaines (qui correspondent à 28 fois 1 jour ¼). Le cycle du Soleil se situe alors dans un même moment de la semaine que celui du début, le quatrième jour de la Création.
Le millésime
de la première année est 1. Ainsi, lorsque le reste de la division du millésime d’une année juive par 28 est égal à 1, on entre dans un nouveau cycle solaire, identique à celui de la Création.
3. Signe de la délivrance finale ?
Nous vous rapportons
l'étude réalisée par Monsieur Yosseph Roger Stioui, auteur des livres extraits du Calendrier hébraïque et Mesures juives du temps, en réponse à une question suscitée par notre collaborateur Léon Bendanan (Tichri 5769).
Celui ci demandait
des éclaircissements sur l'affirmation (largement diffusée) selon laquelle les deux grandes délivrances de l'ensemble du peuple juif ont eu lieu lorsque la Birkate Ha'hama tombait une veille de Péssa'h. Ce sont l’année de la sortie d’Egypte et l’année où se sont déroulés les événements de Pourim.
En effet,
le Rébbé de Ostrovtsa révèle (dans son livre "Méir Ené 'Hakhamim Tiniana, page 52), que cette coïncidence avec la veille de Pessa'h ne s'est produite que deux fois dans le passé : Une première fois lors de la sortie d'Egypte, et une seconde à l'époque de Pourim, quand le peuple d'Israël fut sauvé de l'anéantissement par Mordékhaï et Esther.
Selon lui, quand elle se produira pour la troisième fois, nous serons proches de la délivrance finale !
Pour résoudre ce problème, penchons nous sur le tableau des Birkate Ha'hama pour 6000 ans
Ces calculs
s'étendant sur une période allant de l'année 1 à l'année 6000 de la Création du monde (Années civiles : de l'an 3760 à l'an 2240 avant le début de l'ère vulgaire). Pour rappel, nous sommes en l'an 5769 de la création du monde.
De l'examen du calendrier
des années où la Birkate Ha'hama tombe la veille de Péssa'h, il ressort donc :
1) L'année 5769, est la 12e occurrence depuis la Création du monde. C'est-à-dire que c'est la 12e fois, depuis la création du monde, que tombera la « Birkate Ha'hama » une veille de Péssa'h, et non pas la 3è fois comme cela à été affirmé.
2) La sortie d'Egypte
eu lieu en 2448, L'année de Birkate Ha'hama qui précède fut 2437 et la suivante 2465. Nous pouvons toutefois remarquer que le cycle de « Matane Tora » (don de la Tora) commence effectivement par une Birkate Ha'hama le 14 Nissan, en 2437, soit 11 années avant 2448 (année du don de la Tora).
3) Il n'y a pas de cas semblable à proximité du miracle de Pourim.
4) Nous sommes dans la dernière Birkate Ha'hama qui coïncide avec une veille de Pessa'h. Il n'y aura pas d'autres cas dans l'histoire de notre monde de 6000 ans.
Il semble bien
que cette étude démente catégoriquement les assertions du Rébbé de Ostrovtsa.
Il faut toutefois faire preuve d’une grande humilité (comme il se doit chaque fois que nous nous plongeons dans l’étude), et penser que nous n’avons peut être pas saisi le sens véritable des paroles du Rebbe.
4. Grandeur de nos Sages
Alternace des saisons
Il est intéressant
de noter, que si l'on fait le compte des années correspondantes au nombre de cycles solaires depuis la création du monde, on obtient la valeur 5768 (206 cycles de 28 ans).
Selon ce compte, la Birkate Ha'hama aurait du tomber l'année dernière (pour mémoire, nous sommes en 5769).
Sachez
que nos Maitres ont déjà depuis des lustres, rapporté que la tradition nous dévoile que pendant l'année du déluge, les astres ont totalement cessé d'évoluer ! Il faut donc rajouter un an à ce compte !