Interprétez vos rêves selon la tradition juive

 Pour interpreter vos rêves cliquez sur la photo

Le site GUEOULA.FR a développé une application en ligne qui permet d’interpréter vos rêves, selon la tradition juive.
Recevez une interprétation spirituelle et bienveillante de vos rêves selon l’enseignement de nos maitres. Basé sur le livre « La clef des rêves » (פתרון חלומות) du Rav Chelomo Almoli. Ouvrage dans lequel il explique les passages du Talmud relatifs aux rêves et leur interprétation.

Le rêve est un phénomène universel qui a fasciné l'humanité de tout temps. Dans la tradition juive, il est perçu non seulement comme une manifestation des préoccupations et des angoisses de la conscience humaine, mais aussi comme un canal potentiel de communication divine. Le judaïsme confère au rêve un statut unique, le positionnant à la croisée de la psyché et du spirituel.

La base biblique : un message divin 

Le Songe de l’Échelle de Jacob (Genèse 28, 12-13)
Le songe de l'échelle de Jacob, rapporté dans le livre de la Genèse, est un des passages les plus emblématiques de la Torah concernant la communication divine par le rêve. Ce récit pose les bases d'une théologie du rêve où le divin se révèle pour rassurer, promettre et sceller un destin.

« Il fit un songe : voilà qu'une échelle était dressée sur la terre et que son sommet atteignait le ciel, et des anges de Dieu y montaient et descendaient ! Voilà que l'Éternel se tenait devant lui et dit : Je suis l'Éternel, le Dieu d'Abraham ton ancêtre et le Dieu d'Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je la donne à toi et à ta descendance. »

Le Midrash propose une lecture allégorique du songe, voyant dans l'échelle une représentation des exils successifs que le peuple juif sera amené à endurer. L'ange qui monte sur l'échelle symbolise la puissance d'une nation dominante (comme Babylone ou la Perse), qui finit par tomber. Le Midrash se concentre en particulier sur le quatrième ange, qui représente l'exil final sous l'empire de Rome/Édom, et qui ne cesse de monter. Jacob craint alors que ses descendants ne soient jamais libérés, mais D-ieu le rassure en lui promettant que ce dernier empire finira par tomber. Cette interprétation transforme le rêve personnel de Jacob en une vision prophétique du destin collectif d'Israël.

Pour les commentateurs médiévaux comme Abraham Ibn Ezra et Nahmanide (Rambane) le songe est une parabole illustrant le concept de la providence divine. Les anges ne sont pas de simples messagers, mais les agents qui rapportent à D-ieu ce qu'ils ont vu sur terre (ce qui se passe "en bas") et qui redescendent ensuite pour accomplir Ses décrets ("ce qui est décidé en haut"). Cette vue souligne l'interconnexion intime entre le monde terrestre et le monde céleste.

Les rêves de Joseph (Genèse 37, 5-11)
Joseph fait deux rêves, qui déclenchent la jalousie de ses frères et le mènent à son destin tragique mais providentiel.
« Joseph eut un songe, et il le raconta à ses frères, qui le haïrent encore davantage. Il leur dit : « Écoutez donc ce songe que j'ai eu ! Voici, nous étions à lier des gerbes au milieu des champs ; et voici, ma gerbe se leva et se tint debout, et vos gerbes l'entourèrent et se prosternèrent devant elle. » (Genèse 37, 5-7)

« Il eut encore un autre songe, et il le raconta à ses frères. Il dit : « J'ai eu encore un songe ! Et voici, le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi. » (Genèse 37, 9)

Le premier, avec les gerbes, concerne les choses de la terre, le plan matériel. Le second, avec les astres, s'élève vers les choses du ciel, le plan spirituel. La répétition du rêve de domination, avec une élévation symbolique du terrestre au céleste, suggère la nature du rôle de Joseph, qui exercera son pouvoir sur le monde physique (en gérant la famine) et sur le destin spirituel de sa famille. Ces rêves sont un miroir de l'élévation spirituelle de Joseph, et leur nature prophétique est attestée par leur accomplissement ultérieur.

Les rêves du Pharaon
« Au bout de deux ans, le pharaon fit un rêve dans lequel il se tenait près du fleuve. Alors sept vaches belles et grasses sortirent du fleuve et se mirent à brouter dans la prairie. Puis sept autres vaches laides et maigres sortirent du fleuve après elles et se tinrent à côté d'elles au bord du fleuve. » (Genèse 41, 1-3)

« Il se rendormit et fit un second rêve : sept épis gros et beaux montaient sur une même tige. Puis sept épis vides, maigres, brûlés par le vent d'orient, poussèrent après eux. » (Genèse 41, 5-6)

Les magiciens et les sages d'Égypte sont incapables d'interpréter ces songes. Joseph, tiré de sa prison, affirme que l'interprétation n'est pas de son fait, mais un don divin : « Ce n'est pas moi, c'est Dieu qui donnera une réponse favorable au pharaon ».


Le paradoxe talmudique : entre prophétie et vanité

Le principe le plus fondamental est énoncé dans le Talmud de Babylone, (Berakhot 57b) : « החלום אחד מששים בנבואה» - « Un rêve est la soixantième partie de la prophétie ». Cette formule, loin d'être une simple métaphore, établit un lien hiérarchique entre la prophétie divine, qui est la forme la plus parfaite de la communication de D-ieu, et le rêve, qui n'en est qu'une forme diluée et imparfaite. Comme l’ont enseigné nos Sages : « Mais tout rêve a une part de vanité » : Aucun rêve n’est sans éléments futiles « אין חלום בלא דברים בטלים » (Berakhote 55a)
C'est ce mélange de vérité et de vanité qui justifie la méfiance rabbinique envers la plupart des songes.

Le prophète Zacharie (10/2) va encore plus loin en alertant contre la fausse prophétie et la divination :« כי התרפים דברו און והקוסמים חזו שקר וחלומות השוא ידברו הבל ינחמון » (Car les idoles ont proféré l'iniquité, et les devins ont vu le mensonge, et les rêves de vanité parleront, ils consoleront en vain).  

Il ne s'agit pas d'un rejet catégorique de tous les rêves, mais d'une mise en garde contre ceux qui promettent des consolations illusoires, créant une attente vaine et éloignant les gens de la vraie foi. 

Le sens dépend de l’interprétation :

Un autre principe crucial, et potentiellement plus radical, est que « tout rêve dépend de son interprétation ». L'interprétation n'est donc pas une simple élucidation d'un sens préexistant, mais un acte qui peut influencer la réalisation du rêve lui-même dans un sens ou dans un autre.

Rav Hida enseigne : « un rêve non interprété est comme une missive non lue » (Berakhote 55b) 

Mais le sens du rêve dépend de l’interprétation : Rabbi Bana’a dit : « הַכֹּל הוֹלֵךְ אַחַר הַפֶּה » - « Tout va selon la bouche » (de l’interprète). (Berakhot 55b).

Le Talmud illustre cela par l’anecdote d’Abaï et Rava : Abaï payait un interprète et recevait des interprétations favorables, Rava ne payait pas et recevait des interprétations sinistres — et chacun vit la réalité de son rêve selon l’interprétation reçue. 

En fait, le rêve en lui-même est perçu comme neutre tant qu’il n’est pas mis en forme par la parole de l’interprète. L’interprétation joue un rôle performatif : elle peut façonner le déroulement vécu du rêveur, en orientant son expérience consciente.

Les Pratiques pour Interagir avec les Rêves

Face à cette puissance de l'interprétation, la tradition a développé des rituels pour interagir avec les rêves, notamment les cauchemars :

  • La prière du coucher, appelée Kriate Chéma Al Ha'Mita, est un rituel quotidien qui vise à purifier l'âme et à la protéger avant son voyage nocturne. Elle inclut la récitation du Chéma Israël et de la bénédiction Hamapil, une supplication à Dieu pour une nuit paisible, à l'abri des cauchemars et des influences négatives. Ce rituel reconnaît la vulnérabilité de l'âme pendant le sommeil et l'importance de se placer sous la protection divine.

  • Hatavate ‘Halom (Positiver un rêve) : En cas de mauvais rêve, une personne peut se présenter devant trois amis « particulièrement bien disposés » pour demander que le rêve soit tourné en bien. Le rituel, tel que décrit dans la tradition sépharade selon le Arizal, consiste à raconter le rêve, puis à réciter des versets de rédemption et de paix, l'interprète affirmant que « ce rêve est bon et le restera ».
    C'est pourquoi, il est coutumier de répondre : « חלום טוב חלום שלום » (c'est un bon rêve, un rêve de paix) à quelqu'un qui a fait un rêve inquiétant.

  • Ta'anit Halom (Jeûne pour un mauvais rêve) : La Guémara (Chabbat 11a) enseigne qu'un jeûne est un moyen d'annuler l'effet néfaste d'un cauchemar. Ce jeûne, dans certains cas, était même autorisé le jour du  Chabbat.

    Cependant, les décisionnaires modernes, tels que Rav Ovadya Yossef, ont tempéré cette pratique, soulignant que de nos jours, les rêves n'ont plus la même valeur prophétique. Le jeûne sur Chabbat n'est permis que si le cauchemar cause une détresse extrême au rêveur, et même dans ce cas, il doit être suivi d'un autre jeûne après Chabbat pour expier la violation du plaisir du Chabbat. 

Le Rêve selon la Kabbale et le Zohar

La Kabbala, et en particulier le Zohar, offre une dimension mystique et métaphysique à l'expérience du rêve. Selon ses enseignements, l'état de sommeil n'est pas un simple repos physiologique, mais une expérience spirituelle profonde où l'âme quitte partiellement le corps.

Le Zohar (Vayéchev, 183b–184a) enseigne que pendant notre sommeil, 59 des 60 parties de l'âme (Nechama) s'élèvent, ne laissant qu'un soixantième pour maintenir le corps en vie. C'est pourquoi le Talmud affirme que « le sommeil est un soixantième de la mort ». Cette séparation partielle est l'occasion pour l'âme de s'élever vers des sphères spirituelles supérieures et de percevoir des visions.

Mais ces visions sont souvent déformées par les « écorces » (קליפות - Klipote) qui peuvent introduire des images fausses ou confuses. 
Dans la Torah, le terme « Klipote » désigne les forces négatives ou impures qui forment un écran masquant la lumière et la bonté divine. Elles ne font pas partie de la sainteté elle-même, mais sont des facteurs externes qui interfèrent avec la connexion avec le divin. En Kabbala, les Klipote sont décrits comme des forces qui entravent le développement spirituel et empêchent l'homme de se rapprocher de D-ieu.

L'importance de se souvenir des rêves est un thème récurrent dans la Kabbala. Un rêve oublié est « comme s'il n'avait jamais été rêvé »

Le rationalisme du Rambam

Le Moyen Âge a vu émerger un débat fondamental sur la nature des rêves et de la prophétie, incarné par la confrontation des vues de Maïmonide (le Rambame) s'appuyant sur le rationalisme et de Nahmanide (le Rambane) qui explore la voie mystique. 

Dans son œuvre majeure, Le Guide des égarés (Moré Névoukhim II:36) Maïmonide, en s'appuyant, dans une certaine mesure, sur la philosophie aristotélicienne, conceptualise la prophétie comme une perfection qui émane de l'Intellect. Selon lui, le rêve est une forme de prophétie "mineure" où la faculté imaginative est prédominante, ce qui rend le message symbolique, ambigu et sujet à l'interprétation allégorique. Mais il distingue les rêves divins réservés aux prophètes ou aux hommes d'une grande élévation des rêves produits par les préoccupations de l’esprit.

Ainsi, il fait une distinction essentielle pour Moïse, qu'il considère comme le « prince des prophètes ». La communication de Moïse avec D-ieu est directe, « face à face », et ne passe pas par la faculté imaginative. Son message est donc clair, littéral, et ne nécessite aucune interprétation. Cette distinction est cruciale : pour Maïmonide, la Loi donnée au Sinaï est le point culminant de la révélation, un message parfait qui transcende toute forme onirique ou imaginative.

Le Rêve, Carrefour de la Tradition Juive

En somme, le rêve dans la tradition juive n'est pas un simple dictionnaire de symboles. Il est un carrefour où se rencontrent la théologie, la psyché, la philosophie et la mystique.
Les enseignements sur les rêves ne visent pas seulement à prédire l'avenir, mais à fournir à l'homme les outils nécessaires pour comprendre sa propre conscience, se connecter au divin et influencer son propre destin.
C'est une tradition qui, loin de considérer le rêve comme une fatalité, y voit une opportunité d'action, de réflexion et de croissance spirituelle.