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Vivre et Survivre ou le suicide et l'euthanasie

Mercredi 1 Juillet 2009 | 15h26   Vue : 7303 fois
 
 
 
 


      "…Tu nais contre ton gré, tu meurs contre ton gré…" (Guémara Avote 4, 22).

      Le Judaïsme, synonyme de Vie : "…et tu choisiras la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance" Bamidbar 30, 19), réprouve de la manière la plus vive le suicide (l'autolyse) ou littéralement en hébreu perte de soi, au point que "ta survie doit primer sur celle de ton prochain" (Baba Métsi'a, 62a), et le considère comme un acte blasphématoire à l'égard du D. des esprits de toute chair (Chémote 16,27). L'homme, créé à l'image de D., ne peut en aucun cas porter atteinte à son corps sans du même coup amoindrir la présence divine en ce monde : "Tu ne tueras point" auquel cas "Je demanderai le compte de votre sang de vos âmes" (Béréchite 9, 5 ; Baba Kama 91b). La vie et la mort sont la propriété exclusive de D.


Le fœtus à la 12ième semaine
      Avons-nous un quelconque droit de mort sur le fœtus en formation? Et si oui en quelles circonstances sommes-nous investis du pouvoir de mettre fin au processus de gestation ?

      D'un autre côté, avons nous le droit, sachant qu'un fœtus est mal formé ou possède un défaut, de mettre au monde des êtres destinés à souffrir (ou à faire souffrir) dès leur naissance ? Quant à l'euthanasie, cette volonté de rendre la mort bonne, douce et bienfaisante peut, peut-être, faciliter une approche banalisée de la mort.

Une question se pose : qui a jamais pu garantir que la mort, la vie après la mort, était plus douce et bienfaisante que la vie ici-bas ? Qui a jamais pu vérifier que les souffrances endurées par les maladies incurables étaient supprimées par la mort ? La vérité est que la science, pour ou contre l'euthanasie, s'arrête
au seuil de celle que nous appelons la mort.

      L'euthanasie peut-elle, dans le cadre de certaines limites morales, se justifier à l'égard d'un malade arrivé au seuil du trépas et reconnu comme pleinement possesseur et maître de ses facultés cognitives ?

      Nous est-il permis-en notre âme et conscience- de franchir le pas afin d'abréger la souffrance terrible du malade et d'abolir le principe intouchable de Vie : "Tu ne resteras pas impassible devant le danger de ton prochain" (Vaïkra 19, 16) ? Quelle est la limite séparant l'euthanasie passive de l'active et est-il juste de considérer la première comme plus morale que la seconde ? Toujours est-il que trois pays européens ont franchi le pas en reconnaissant légalement l'euthanasie active : la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas où, depuis 2003, l'année de légalisation, pas moins de 1800 euthanasies ont été pratiquées. N'encourageons-nous pas alors une déresponsabilisation de l'individu, la dégageant d'un sérieux examen de conscience comme cela fut le cas sous le troisième Reich d'Hitler où la cruelle machine étatique décida du droit de vie et de mort ?

      Cette forme de retranchement moral, fondé alors sur une législation dépénalisant, ne risque t-il pas de conduire aux pires déviations?

      Quant à l'acharnement médical reposant sur l'axiome du devoir de soigner à tout prix et d'abréger les souffrances, but certes louable.

      La tradition juive ne distingue pas entre euthanasie passive et active et considère cette distinction virtuelle comme un illogisme, l'égale d'un meurtre: Tu ne tueras point.

      L'injonction, prononcée à la deuxième personne du singulier, s'adresse à chacun d'entre nous afin de nous responsabiliser et n'est suivie d'aucun commentaire supplémentaire afin de ne point justifier le meurtre.

      Ainsi, celui-ci sera transformé, dans le cas de l'euthanasie, en pseudo droit de mort, même si les circonstances et les conditions semblent s'y prêter. L'euthanasie, bonne mort, mort douce, constitue pour le judaïsme une mise à mort. "Celui qui fermerait les yeux d'un agonisant précipite sa mort et est considéré comme un meurtrier" (Chabbate 151a) car " toutes les âmes sont à moi…" (Yé'hézkièl. 18, 4).


Le Roi Chaoul
      Toutefois, la Guémara (Sanhédrine 74a) fait mention de trois cas particuliers dérogeant à la règle : la contrainte d'outrepasser aux interdits des unions prohibées et à la débauche (Guémara Guitine 57b), la conversion forcée au culte des dieux païens et le meurtre imposé.

      Tous ceux-ci constituent des situations extrêmes où le suicide en soi est défini comme une sanctification du Nom divin par l'homme, créature unique dotée de l'esprit divin.

      Ainsi, le roi Chaoul, inquiet de tomber entre les mains des Philistins et de subir les pires tortures, demanda à son écuyer de l'exécuter.

      Celui-ci refusa catégoriquement de lever l'épée sur l'Oint du Seigneur, autrement dit de pratiquer une euthanasie active, et contraignit alors Chaoul à se suicider (Chémouèl 1 : 31).

      Toute civilisation ayant fait l'apologie du suicide et de l'euthanasie s'est dissolue et a fini par disparaître (Grèce antique, l'Allemagne nazie où la mise en œuvre du programme Aktion T4 entraîna la mort "des malades héréditaires, des fous, des handicapés et des personnes socialement ou racialement non-souhaitées").

      Rabbi 'Hanina Bèn Téradiyone ('Avoda Zara 18a), un des dix martyrs condamné au bûcher par Rome, fut enveloppé de laines mouillées par son bourreau pour prolonger et faire accroître ses souffrances, mais refusa toutefois d'appliquer le conseil que lui crièrent ses disciples : "Ouvre la bouche afin que le feu te pénètre de l'intérieur" afin d'accélérer son agonie et mettre un terme à ses souffrances.

      Il n'en fit tout d'abord rien. Sa réponse fut : "Il est préférable que Celui qui l'a donnée soit Celui qui la reprenne (l'âme), nul n'a le droit de se faire violence à soi-même".

      Le Sage nous enseigne l'interdit formel du suicide, de toucher en quelque manière que ce soit à l'intégrité de l'être en tant que tel. Très vite pourtant s'engage un troublant dialogue au cours duquel le bourreau convie le Maître à accepter le retrait des linges mouillés afin de hâter sa mort et mettre définitivement un terme à son insupportable agonie.

      Rabbi 'Hanina Bèn Téradiyone répond, cette fois-ci, par l'affirmative et promet en contrepartie à son bourreau la vie du monde futur. Même la servante, témoin des souffrances endurées par son maître, Rabbi Yéhouda Hanassi, cessa, contrairement aux Sages, d'implorer D. afin que celui-ci rende l'âme et soit délivré (Kétouvote 94a).

      Certes, ces cas exceptionnels, laisseraient, selon toute vraisemblance, entrevoir une ouverture timide à l'idée d'euthanasie passive, une forme d'assistance à la mort (soins palliatifs) qui ne serait pas à confondre au suicide assisté. L'éthique juive rejette l'idée même de suicide car la vocation juive consiste à nous élever à la conscience d'un amour de soi : "Tu aimeras ton prochain comme toi même, Je suis l'Eternel" (Vaïkra. 19).


La rencontre de Ya'akov avec 'Essav
      Ainsi, Ya'akov le Patriarche d'Israël, lors de son historique rencontre avec son frère ennemi 'Essav, se grandit par ses paroles de fraternité : "…Puisque aussi bien j'ai regardé ta face comme on regarde la Face de D., alors tu m'as agréé" (Béréchite 33).

      La réussite de cette rencontre fut rendue possible par le face-à-face préalable entre Ya'akov et l'Ange -"…et ma vie est restée sauve" (Béréchite 32). Seule la recherche d'un dialogue véritable entre le moi profond et le divin est, dans une certaine mesure, capable d'éviter la perte et le suicide de l'Humanité (Iyov 7).

      Le suicide en général et l'euthanasie en particulier ne constituent donc pas seulement une simple atteinte à l'être en soi, définie comme un meurtre de soi, mais engagent surtout la stabilité du fragile tissu social."Vous observerez mes lois et mes ordonnances : l'homme qui les mettra en pratique vivra par elles. Je suis l'Eternel" (Vaïkra 18, 5).





   


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