L'ambassadeur de France en Israël en visite chez le Rav Steinman

La semaine dernière, l'ambassadeur de France en Israël Christophe Bigot est parti à la découverte de Bné-Brak. Une visite qui l'a marqué et dont le point d'orgue a été sa rencontre de près d'une demi-heure avec le gaon rav Aaron Leib Steinman! Christophe Bigot nous a ensuite confié, à chaud, ses impressions sur ce périple hors du commun.

Dans un souci sincère de mieux faire connaissance avec l'ensemble des composantes de la société israélienne, l'ambassadeur de France en Israël Christophe Bigot s'est rendu la semaine dernière à Bné-Brak.

Accompagné du député (Judaïsme de la Torah), rav Moché Gafni, l'ambassadeur a d'abord été reçu par le maire de la ville, Yaacov Asher, qui avait réuni pour l'occasion plusieurs membres du conseil municipal, ainsi que quelques personnalités francophones du monde orthodoxe, comme le rav Lionel Kohn qui dirige le séminaire de jeunes filles d'Ofakim. D'ailleurs, l'ambassadeur a été agréablement surpris de retrouver, parmi ces personnalités, un ancien compagnon de Polytechnique, le rav R. Ouziel qui a terminé ses études à l'X en 1986, un an après lui : « Le maire de Bné-Brak, Yaacov Acher, a été très convivial à mon égard tout comme le député Moché Gafni.

Nous avons passé plusieurs heures ensemble et j'ai pu découvrir avec lui des projets de développements importants de Bné-Brak, en particulier dans le nord de la ville, projets qui doivent donner un coup de fouet à l'activité économique de Bné-Brak". La délégation s'est ensuite promenée dans la ville : « J'ai été impressionné, a dit Chritstophe Bigot, par l'importance de Bné-Brak qui est de facto, la plus importante ville juive orthodoxe au monde. Je n'imaginais pas sa densité et surtout j'ai été marqué par la jeunesse de cette ville dont plus de 50 % de la population à moins de 18 ans. C'est exceptionnel ! »

L'ambassadeur de France s'est ensuite rendu au domicile du gaon rav Aaron Leib Steinman qui l'a reçu, fait sans précédent, pendant près d'une demi-heure ! « Malgré son grand âge, le rav Steinman a l'esprit très vif. Il m'a indiqué que son épouse était née à Lyon et que, par conséquent, il parlait un peu le français. J'ai appris qu'il avait passé une partie de sa vie, durant la Shoah, à Montreux et Lausanne, en Suisse. Le rav Steinman m'a aussi confié que son épouse, aujourd'hui décédée, avait participé à la Résistance dans la région de Lyon ».

Mais au lendemain de la décision de la Hollande d'interdire l'abattage rituel sans étourdissement préalable, le rav Steinman, très au fait de l'actualité, a demandé à l'ambassadeur d'intervenir auprès des autorités européennes afin que la che’hita ne soit pas remise en cause : « J'ai compris que c'était pour lui de la plus haute importance. Je lui ai promis de faire passer le message au ministre français de l'Intérieur Claude Guéant », a précisé Christophe Bigot, qui a également été marqué par la simplicité extrême de l'appartement où vivait le rav et par la vénération dont il était entouré : « On est pris par cette atmosphère de ferveur.

Lorsque je suis sorti, des enfants orthodoxes entraient pour étudier avec lui et recueillir son enseignement et c'était très prenant ! J'ai compris ensuite que j'avais eu un mérite hors du commun de m'entretenir avec le rav Steinman pendant aussi longtemps. C'était un beau moment ! ».

Ensuite l'ambassadeur s'est rendu à la yéchiva Or'hot Haïm où il a rencontré plusieurs élèves venus de France : « Certains étaient originaires de Paris, d'Aix-les-Bains ou de Marseille. Ils m'ont expliqué qu'ils venaient ici après leur baccalauréat pour étudier la Torah et approfondir leurs connaissances. ».

Ensuite, la délégation s'est rendue dans le centre de rééducation d'enfants handicapés de l'association Alé, une visite difficile mais qui a permis à l'ambassadeur de mesurer le dévouement extrême du personnel hospitalier envers ces enfants : « J'ai compris que le monde orthodoxe acceptait ces enfants pleinement, comme s'il s'agissait d'un don de D.ieu que l'on ne pouvait pas remettre en cause et qu'à Bné-Brak il y avait proportionnellement un nombre élevé de ces centres de rééducation. J'ai d'ailleurs parfaitement ressenti qu'il y avait dans la communauté orthodoxe une véritable solidarité sociale et une entraide dans de nombreux domaines ».

En guise de conclusion à cette visite, l'ambassadeur a déclaré à Hamodia : « D'une certaine manière, je me suis fait le reproche de ne pas avoir été plus tôt au devant de cette communauté orthodoxe qui est une composante d'Israël et de la communauté francophone puisque l'on m'a dit qu'il y avait, uniquement à Bné-Brak, plus de 1 500 familles francophones dont près de la moitié récemment arrivées.

J'ai compris que c'était un univers différent mais un univers qui savait respecter l'autre même s'il n'en fait pas partie »…

Source : Hamodia