140 imams visitent le musée de la Shoah de Drancy

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a déposé devant le mémorial une gerbe en même temps que l’imam de Drancy et le Président du CRIF, rappelant que la leçon de la Shoah était « universelle et actuelle ». Cent quarante imams de France sont rendus lundi au nouveau mémorial de la Shoah de Drancy (Seine-Saint-Denis) afin de plaider pour l'apaisement inter religieux et montrer que l'islam est une religion de "tolérance" et "d'amour".

Une visite saluée par le Ministre de l'Intérieur en charge des Cultes Manuel Valls et Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).

Hassen Chalghouni, l’imam de Drancy, à l’origine du projet de visite, a expliqué:"La vie humaine est importante. On ne peut pas l’arracher. Ni au nom du racisme, ni au nom de l’intégrisme, ni au nom de l’islam. Je trouve que ces hommes là ont ramené l’espoir. Un espoir qu’il y aura un islam de France, sans influence et sans fanatiques".

"On veut montrer que l’islam n’a rien à voir avec la haine. Il faut dénoncer la violence, celle des nazis hier, celle des terroristes aujourd’hui", a ajouté M. Chalghoumi.

Le groupe s’est recueilli dans un wagon qui a servi aux déportations pendant la Seconde Guerre mondiale. Un symbole fort pour sceller l’amitié entre islam et judaïsme.

Parmi les imams, celui de Marseille, Abdoulkarim Mbechezi. "On respecte tout le monde, on dénonce l’antisémitisme. C’est un message de paix que nous envoyons. Dans notre religion, celui qui a sauvé une vie a sauvé l’humanité, mais celui qui a détruit une vie a détruit l’humanité", a-t-il dit.

Manuel Valls a déposé devant le mémorial une gerbe en même temps que l’imam de Drancy et le Président du CRIF, rappelant que la leçon de la Shoah était "universelle et actuelle".

Après la visite du mémorial, un dîner a réuni toutes les communautés religieuses, imams, rabbins évêques et prêtres catholiques, responsables coptes et protestants, ainsi que le ministre Valls.

Les imams s’étaient déjà rendus en novembre dernier en Israël où ils avaient visité le Mémorial de la Shoah de Yad Vashem à Jérusalem avant de se recueillir sur les tombes des trois enfants juifs et du rabbin tués par Mohammed Merah en mars 2012 devant l'école Ozar Hatorah de Toulouse.

"Nous avons des plus vieilles communautés juives implantées dans notre pays, une terre catholique mais aussi protestante où désormais, l’islam est la deuxième religion de France. Nous sommes une terre où l’on peut construire un dialogue entre les religions", a déclaré l’imam de Drancy.

Inauguré l'an dernier, le mémorial de Drancy, réalisé à l’initiative de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, a été construit en face de la Cité de la Muette là où se trouvait l’ancien camp d’internement des juifs d’où furent déportées près de 70.000 personnes entre 1941 et 1944. Selon la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, environ 67.000 des 75.000 Juifs déportés de France sont passés par le camp de Drancy entre l’été 1941 et l’été 1944, notamment après la grande rafle du Vel-d’Hiv, les 16 et 17 juillet 1942.

Richard Prasquier, président du CRIF, a salué l’initiative d’Hassen Chalghoumi. "Ceux qui décrivaient cet homme comme isolé, voire comme une pure création médiatique, en sont pour leurs frais. Ce sont des dizaines d’imams qui l’ont accompagné au camp de Drancy et qui ont appris au Mémorial de Drancy ce que fut la déportation des Juifs de France", a-t-il souligné.

"C’est bien pour moi et pour le CRIF un honneur que d’être les amis de l’imam Hassen Chalghoumi".

"C’est l’Islam importé, intolérant et meurtrier que la France est allée combattre au Mali, un pays dont les habitants vivent traditionnellement leur religion de façon ouverte et accueillante", indique Richard Prasquier dans la newsletter du CRIF.

Source : ejpress.org