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Les pérégrinations d'un Sefèr Torah

Lundi 16 Septembre 2013 | 12h57   Vue : 4646 fois
 
 
 
 


"Tout a besoin de bonne fortune, même le Séfèr Tora dans le Hékhal".

Cette maxime du Zohar pourrait bien s'appliquer à ce Séfèr Tora de 300 ans découvert il y a quelques années dans une grotte du littoral septentrional de l'île de St. Miguel dans les Açores.


La grotte de St Miguel
Ce sont deux écoliers du pauvre village de pêcheurs de Rabo de Peixe qui l'avaient découvert.

Inconscients de l'importance de leur découverte, les enfants vandalisèrent le rouleau et le réduisirent en un tas de fragments de parchemin. Ils donnèrent certains fragments et en vendirent d'autres à des personnes envisageant d’en tirer profit.

Le lendemain de leur découverte, les enfants apportèrent certains des fragments à l'école. Leur professeur de catéchisme s'aperçut rapidement qu'ils étaient écrits en hébreu et l'une de ses collègues eut le bon sens de retourner sur les lieux avec les enfants et de pénétrer dans la grotte. Elle revint avec les reliques du rouleau, certaines pages étant brûlées et les confia à la bibliothèque régionale et aux archives. Le directeur organisa alors une opération visant à récupérer ne serait-ce qu'une partie des fragments dispersés entre les villageois.

Pendant les jours qui suivirent, la presse fit état de "deux rouleaux" ! C'est en effet ce qui semblait correspondre à la réalité après le découpage effectué par les enfants. Certains récits évoquaient le fait que la grotte était un lieu de culte secret des Marranes (Juifs persécutés pendant l’inquisition et qui ont été obligés de se convertir tout en pratiquant le judaïsme en secret). Il était évident que ce rouleau avait été déposé là récemment en raison du parfait état du sac qui le contenait.


Tableau du 15ième siècle représentant des marranes dans leur
cave fetant la fête de Pessa'h en cachette
L’étude des communautés marranes du Portugal ainsi que de nombreux dossiers relatifs à l'Inquisition nous conduit à écarter comme hautement improbable la possibilité qu'un Marrane des Açores ait eu un Séfèr Tora en sa possession.

Non pas qu'il n'y ait jamais eu de "nouveaux chrétiens" dans les Açores, mais la plupart d'entre eux étaient venus du Portugal au 16ème siècle pour essayer d'échapper à la vigilance de l'Inquisition qui n'avait aucun tribunal aux Açores. Or dès 1555, l'évêque d'Angra, Jorge de Santiago, avait dénoncé au Saint Bureau de Lisbonne l'existence de deux groupes de « nouveaux chrétiens » dans son domaine de juridiction, pris en flagrant délit de pratique de rites juifs en secret. Certains furent déportés à Lisbonne par ordre de l'Inquisition.

Depuis lors et jusqu'en 1802, les autorités cléricales des Açores ne cessèrent de poursuivre les judaïsants (Marranes) ainsi que les autres « hérétiques ». Cela impliquait de nombreuses inspections à la recherche de livres interdits dans des bateaux mouillant dans les ports des Açores.

Quoi qu'il en soit ces Marranes ne possédaient aucun Séfèr Tora ni aucun autre objet de culte juif. La découverte de l'un de ces objets en leur possession aurait signé leur arrêt de mort sur les bûchers de l'Inquisition. Il est plus probable d'envisager que ce Séfèr Tora ait appartenu à un Juif marocain installé dans les Açores après 1815 et qui aurait quitté ces îles vers 1870 à destination du Portugal, du Brésil et des Etats-Unis. La communauté juive marocaine vivait dans plusieurs îles de l'archipel et possédait quatre (et à certaines périodes même cinq) petites synagogues où étaient entreposés des Sifré Tora.

A l'exception de celui que son propriétaire emporta avec lui à la synagogue d'Oporto, tous les livres se trouvaient à la synagogue de Ponta Delgada (capitale des Açores).

Le bâtiment de cette synagogue étant en très mauvais état, les quatre Sifré Tora furent tous transférés à Lisbonne.

Réfléchissant à la manière de découvrir l'origine du Séfèr Tora de Rabo de Peixe, je me demandai s'il avait un manteau et si quelqu'un avait pensé que le nom de son propriétaire pouvait être brodé sur ce manteau comme c'est généralement le cas.

Un coup de téléphone au directeur des archives de Ponta Delgada me donna la réponse, inattendue : il y avait bien un manteau en velours lisse mais aucune broderie. Sa description me permit d'établir que ce manteau avait été cousu à la machine (et donc pas si vieux) et qu'il s'agissait d'un manteau Achkénaze. Les Sifré Tora marocains y compris ceux qui sont encore à la synagogue de Lisbonne présentent une ouverture verticale au bas du manteau permettant à la personne qui les tient d'introduire sa main droite à l'intérieur pour tenir le rouleau. Les manteaux Achkénazes sont entièrement fermés.

Plus tard, j'eus l'occasion de voir de près l'un des fragments de parchemin qui avait été envoyé en Israël pour être examiné par des experts de l'université hébraïque. Ceux-ci émirent l'opinion que ce Séfèr Tora avait été écrit au Maroc aux environs de 1700.

J'étais intrigué par ce manque de cohérence : un vieux Séfèr Tora Séfarade dans un manteau Achkénaze moderne. Je compris que c'était là une piste à suivre.

En cherchant dans le dossier Açores de mes archives personnelles je retrouvai une copie de "Hédim", une publication en hébreu, datant de 1977 où figurait un petit article reprenant les hypothèses de son auteur au sujet des Marranes des Açores. L'auteur faisait reposer sa théorie sur une histoire qu'il avait lue dans le "Kansas City Jewish Chronicle" au sujet d'un jeune capitaine américain de la base aérienne de Lajes dans les Açores qui avait acheté un Séfèr Tora dans un café pour cinq dollars. Aucune date de publication n'était donnée.

Le Colonel Feldman qui avait assez de connaissances en matière de judaïsme, eut la bonté de me raconter toute l'histoire qui différait légèrement de ce que j'avais lu. Il avait servi à l'époque à la base de Lajes d'avril 1970 à avril 1972.

Il fut rapidement connu dans la communauté locale comme le "Juif américain". C'est probablement la raison pour laquelle certains autochtones l'accostèrent un jour et lui murmurèrent à l'oreille qu'eux aussi avaient des ascendances juives. Cela éveilla sa curiosité et il commença à chercher d'autres traces de judaïsme sur l'île.

Il trouva effectivement un petit cimetière puis un village au nom évocateur : "Porto Judeu"- le port juif.

Marvin Feldman se rendit plusieurs fois dans ce village examinant les portes à la recherche de "Mézouzote" mais en vain. Un jour, il pénétra dans un bar de Porto Judeu où des vieillards buvaient du vin rouge autour de tables en bois. Il commanda un pichet de vin et le plaça sur la table pour pouvoir s'asseoir avec eux. Avec le peu de portugais qu'il possédait, il demanda pourquoi cet endroit était appelé le port juif. On lui raconta l'une des histoires les plus célèbres de la légende locale. Au 16ème siècle un bateau transportant des Juifs en fuite avait été pris dans la tempête et avait dû accoster sur l'île de Terceira.


L'ïle de Terceira
Les Juifs n'étaient pas autorisés à vivre en territoire portugais, néanmoins le gouverneur les autorisa à s'installer sur l'île à condition que ce ne soit pas dans la ville principale Angra do Heroismo. Ils longèrent la côte vers le nord et s'installèrent dans un endroit qui fut appelé plus tard Porto Judeu.

A force de venir dans ce bar chaque semaine, le jeune capitaine juif gagna la confiance des vieux villageois. Il continua à poser des questions : où ces Juifs vivaient-ils ? Où étaient leurs descendants aujourd’hui ? Ils n'en savaient rien. Ils lui donnèrent toutefois l'adresse du cimetière juif qu'il avait déjà vu à Angra do Heroismo. Le cimetière n'avait aucun rapport avec ces Juifs du 16ème siècle.

Finalement ils lui dirent un jour : "nous ne savons pas où ces Juifs vivaient mais nous avons quelque chose de juif pour vous". Ce "quelque chose de juif" était une grande caisse en bois, vieille et sale hérissée de clous rouillés, qu'ils sortirent de derrière le bar et placèrent dans le coffre de sa voiture.

Feldman était stupéfait. Il prit la boîte chez lui, la posa dans un coin et pendant plusieurs semaines n'osa pas l'ouvrir. Qu’allait-il y trouver, se demandait-il ? Cela ressemblait à une sorte de cercueil. Peut-être contenait-il les ossements et le crâne de quelqu'un. De quel droit irait-il déranger les morts ?

Il trouva finalement le courage d'ouvrir la boîte. A sa grande surprise elle contenait un Séfèr Tora en excellent état. Il ne l'avait donc pas acheté comme le disait l'article. Il l'avait reçu.

Il nettoya le Séfèr Tora et l'emporta à la base où on l'utilisa pour les services du Chabbate. Fait remarquable, étant donné qu'aucun des Juifs présents ne savait lire la Tora, c'est le chapelain catholique qui avait étudié au Vatican et savait lire l'hébreu sans les voyelles, qui se porta volontaire pour lire la portion hebdomadaire lors l'office du samedi. Il s'agissait du Père Don Hunter. Lorsqu'un rabbin vint passer le Sédèr de Pâque avec les membres de la congrégation juive de la base, le capitaine Feldman lui montra le Séfèr Tora. Le rabbin était sûr qu'il s'agissait d'un Séfèr Tora espagnol datant d'avant l'inquisition. Ce rabbin ne s'y connaissait probablement pas beaucoup concernant les Sifré Tora d'origine Séfarade.

Lorsque Feldman rentra aux Etats-Unis il refusa de prendre le Séfèr Tora avec lui. Il était convaincu qu'il faisait partie de l'histoire des Juifs du Portugal et que sa place était aux Açores. Il le laissa donc dans son armoire à la chapelle.

Cinq ans plus tôt, Feldman avait vérifié ce qu'il était advenu de lui et j'ai moi-même revérifié par téléphone auprès du chapelain actuel de la base : le Séfèr Tora ne s'y trouvait pas et il n'y avait aucune trace de son passage.

Je demandai à Marvin Feldman si le Séfèr Tora qu'il avait trouvé avait un manteau. Il me répondit que lorsqu'il l'avait trouvé dans sa boîte il n'en avait pas, mais que plus tard, lorsqu'un autre rabbin lui avait écrit pour lui annoncer sa visite lui demandant quoi apporter, Feldman lui avait fait parvenir les mesures du Séfèr pour lui coudre un manteau.

Comment était ce manteau ? Feldman me dit qu'il était en velours bleu avec des franges jaunes. Je lui envoyai une photo du manteau de Rabo de Peixe et il me répondit qu'il pourrait bien s'agir du même.

Nous avions donc l'explication de la présence d'un Séfèr Tora Séfarade dans un manteau Achkénaze. La présence de deux livres de ce type dans les Açores et tous deux avec un manteau Achkénaze de la même couleur aurait été une trop grande coïncidence.

J'avais donc maintenant une piste : la vieille caisse en bois. Dans la principale ville de Terceira : Angra do Heroismo, il y avait une synagogue au domicile d'un Juif érudit venu de Mogador (sur la côte atlantique du Maroc), un certain Mimoun Abohbot. Né en 1800, Mr Abohbot était arrivé au Portugal avant 1824. A Lisbonne il avait été recruté par un compatriote Shalom Bouzaglo pour être son agent dans les Açores, à Angra do Heroismo, Terceira.


Mimoun Abohbot
Deux années plus tard, suite à une querelle avec son employeur, Mimoun quitta son patron et fonda sa propre entreprise.

Il importait des vêtements et des tissus d'Angleterre qu'il revendait dans son magasin à Angra. Il avait également un commerce d'exportation d'oranges du cru. Etant donné qu'il était le plus érudit des trente Juifs qui vivaient dans la ville, il fonda une synagogue chez lui et devint rapidement le leader religieux de la communauté juive.

Aux yeux de la population locale, Mimoun Abohbot était le juge et le rabbin des Hébreux. Il dirigeait l'office, faisait des sermons (dont certains écrits de sa main existent encore), organisait des services spéciaux pour les évènements portugais publics revêtant une importance particulière. Abohbot était très respecté par les habitants des Açores tant Juifs que non-Juifs.


La synagogue Bevis Marks à Londres
En 1838 il se maria à Londres dans la synagogue Bevis Marks avec l'anglaise Elizabeth Davis. Il obtint la nationalité portugaise. Le couple eut sept enfants.

Ayant fait une carrière fructueuse dans le commerce, Mimoun Abohbot laissa une grande fortune après sa mort en 1875. Son fils Jacob qui était lui aussi une importante figure de la vie sociale de Terceira, décéda quant à lui en 1916 à l'âge de 75 ans, emporté par la tuberculose. Dans sa synagogue, Abohbot avait deux Sifré Tora qu'il avait emportés (ou fait venir ultérieurement) de sa ville natale de Mogador. Dans son testament, il déclare sa foi dans le judaïsme et en appelle à ses descendants pour qu'ils poursuivent sa voie avec la même foi et prient pour son âme et celles de sa femme et de ses enfants (deux d'entre eux étaient morts avant lui).

Dans ce même testament, il avait émis deux vœux :
1) Il souhaitait être enterré au cimetière juif d'Angra do Heroismo près de ses enfants morts. Si ce cimetière était pour quelque raison décimé, il souhaitait que leurs restes soient transportés à Mogador et enterrés auprès de ceux de ses ancêtres.
2) Si ses enfants quittaient les Açores et qu'il n'y avait plus de Juifs sur l'île, il souhaitait que l'un des Séfarim soit transféré à la synagogue "Sha’ar Hashamaim" de Ponta Delgada et que l'autre soit renvoyé dans sa ville natale de Mogador.


La première chose qui me vint à l'esprit fut que le Séfèr Tora trouvé en 1971 dans l'île de Terceira pouvait provenir de la synagogue d'Abohbot.


Livre appartenant à Mr Mimoun Abohbot
Pedro de Merelim, ancien historien auteur des "hébreux de Terceira" suivit la piste de l'exécution du testament de Mimoun Abohbot.

Il réussit à apprendre de la bouche de l'une des filles de Jacob Abohbot, Ana Elisabeth, juste avant son décès en 1964 alors qu'elle ne s'était jamais mariée, que c'était son oncle Isaac José Abohbot (décédé en 1921) qui avait exécuté le testament de son grand-père et envoyé les derniers livres juifs à Ponta Delagada. Effectivement, le 18 mars 1936, Salomon Delmar Jr, le dernier "véritable Juif" des Açores avait écrit une lettre au rabbin de Lisbonne, Abraham Castel et lui avait envoyé certains des sermons de Mimoun Abohbot qu'il avait omis de mettre dans la boîte déjà envoyée à la communauté juive de Lisbonne avec tous les biens qu'il avait reçus des héritiers d'Abohbot.

Il réussit Il n'y est fait mention d'aucun Séfèr Tora. Il est possible qu'étant donné que la synagogue de Ponta Delgada était encore ouverte, on l'y ait laissé et qu'il s'agisse de l'un des trois Sifré Tora envoyés à Lisbonne il y a quelques années.

Merelim a également trouvé dans un article de journal de 1866 (?) la mention du fait que "d'autres documents juifs avaient été placés dans une caisse en bois et envoyés à Lisbonne".

Quels documents ? S'il s'agissait uniquement de livres et de papiers pourquoi ne se trouvaient-ils pas à Ponta Delgada ou à Lisbonne ? S'agissait-il du Séfèr Tora devant être envoyé à Mogador ?

Il n'y avait probablement pas de bateaux directs d'Angra do Heroismo à Mogador. La caisse devait donc passer par Lisbonne et de là être envoyée à un autre port marocain, puis à Mogador.

Avait-elle attendu à Angra do Heroismo l'occasion d'une expédition qui ne s'était jamais présentée ? Aujourd'hui il est pratiquement impossible de le savoir. Le fait est que coïncidence ou pas, une vieille caisse avec des objets juifs a été remise en 1971 à un officier juif américain à Porto Judeu et qu'elle contenait un Séfèr Tora marocain. Cette question demeurant sans réponse, nous avons néanmoins essayé de comprendre pourquoi le Séfèr laissé dans la chapelle de la base de Lajes, Terceira a été retrouvé 26 ans plus tard dans une grotte de S. Miguel. Tant que la personne qui l'a caché dans cette grotte ne se manifestera pas nous ne pouvons que faire des supputations.

Les restes du Séfèr Tora vandalisé furent envoyés à la bibliothèque nationale de Lisbonne pour être restaurés. Avec l'aide du rabbin local, les fragments furent recollés et remis dans le bon ordre (certains manquent) et le rouleau tout entier fut traité contre l'humidité.

L'une des tiges en bois fut réparée. Ses deux extrémités étaient recouvertes d'ivoire. A l'extrémité inférieure, la poignée avait été artistiquement travaillée. L'autre tige manquait, une copie exacte a été effectuée sans le revêtement d'ivoire. Une belle boîte bordée de bleu a été confectionnée pour le rouleau ainsi qu'une étagère pour le manteau en velours.

Le gouvernement de la région autonome des Açores a classé le Séfèr Tora "patrimoine régional". A trois reprises cette Torah a été sur le point de quitter les Açores:
- une première fois pour Mogador, Maroc.
- une deuxième fois pour les Etats-Unis, lorsque les rabbins avaient insisté pour que Marvin Feldman le rapporte avec lui et qu'il avait refusé.
- la troisième fois lorsque la dame de Lajes s'apprêtait à l'envoyer à Lisbonne.


Mais la Torah ne voulait pas quitter les Açores.

Source en anglais : www.steinhardts.com/LIBRARY/Judaism/azores.html
Traduction française : www.melca.info/sefertorah-f.html





   


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