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Rav Eliahou Dessler : Prendre et donner - partie I

Jeudi 5 Mai 2011 | 16h12   Vue : 10027 fois
 
 
 
 


Lorsque D-ieu a créé l'homme, Il l'a rendu capable de prendre et de donner. Donner est une force sublime, un des attributs du Créateur.

Il est entièrement tourné vers le don et le bon, Il est Celui qui donne par excellence car Il ne reçoit rien en retour (comment le pourrait-Il ? Il n'y a en Lui aucun manque, ainsi qu'il est écrit: " Si tu es juste, que Lui donnes-tu ? ".

Quand nous Le servons, ce n'est pas qu'Il en ait besoin. C'est pour nous au contraire que cela est nécessaire, car cela nous permet de Lui exprimer notre gratitude. Il a fait l'homme capable lui aussi du don de soi, comme le dit le verset: "Dieu a créé l'homme à Son image". Mais l'homme est également capable de prendre. Prendre, c'est la force par laquelle on cherche à attirer à soi tout ce qui est à sa portée. C'est ce qu'on appelle "égoïsme" ou "égocentrisme", et c'est la source de tous les maux.

Il y a des gens qui prennent sans rien donner en échange. On les appelle bandits s'ils emploient la violence, voleurs s'ils prennent subrepticement, escrocs s'ils utilisent la ruse en persuadant les autres de leur donner de plein gré. On peut le voir au niveau collectif ou au niveau individuel. Au niveau collectif - cela donne les auteurs de guerres et génocides. Nul être humain ne peut être leur juge et Dieu seul prononcera leur sentence. Au niveau individuel, la société a établi un système judiciaire et des normes pour se protéger. Elle a formé l'opinion publique à considérer ce genre de conduite comme blâmable. Quant à la racine du mal - le fait de prendre - elle reste intacte. On ne peut donc faire confiance ni à l'homme, ni à la civilisation sous le vernis de laquelle il continue allègrement à tromper, voler, escroquer et assassiner. Nos Sages ont depuis longtemps démasqué cet état de choses en disant: "Sans la crainte de l'Etat, chacun avalerait son prochain vivant. "

Enfin il y a ceux qui prennent sans pour autant se rendre nuisibles. Ils aiment recevoir sans rien donner en échange. Ce sont par exemple ceux qui aiment les cadeaux gratuits, les héritages ou la charité publique, ceux qui recherchent le gain et les gros bénéfices.

Ils font également partie de "ceux qui prennent". Le plus sage de tous les hommes a dit à leur propos: "Quiconque hait les cadeaux - vivra". Ces deux tendances - prendre et donner - sont la racine de tous les traits de caractère et de toutes les actions. Il faut être conscient qu'en ce domaine l'âme humaine penche toujours d'un côté ou de l'autre, l'aspiration secrète du cœur ne connaît aucun compromis. C'est une loi fondamentale: il n'y a pas de juste milieu en ce qui concerne l'intérêt humain. Dans tout acte, toute parole, toute pensée, soit l'homme se dévoue et donne, soit il s'empare et prend ( à l'exception peut-être de ce qui lui est si intime que cela n'a aucun point de contact avec une quelconque entité extérieure). L'auteur de L'Introduction aux devoirs des coeurs5 exprime une idée semblable en disant qu'en matière de vie intérieure, il n'existe aucune action neutre, mais uniquement des obligations ou des interdictions.

Nous commençons déjà à comprendre un peu mieux le verset cité ci-dessus, "Quiconque hait les cadeaux ¬vivra", mais nous y reviendrons plus en détail par la suite.


2. Les transactions commerciales


Les commerçants et les hommes d'affaires ne vont pas manquer d'objecter: "Vous prétendez que seul donner est bon et que prendre est toujours mauvais? Mais vous allez bouleverser l'ordre du monde!

Dieu a organisé Son univers sur la base des échanges mutuels; Il a doué toutes ses créatures des deux forces: prendre et donner. L'homme est ¬il différent? Pourquoi donc ne pourrait-il pas prendre aussi bien que donner?" Il n'est pas très difficile de voir que dans ce double mouvement, il existe aussi deux options. Il y a ceux qui prennent le maximum et donnent le minimum. Ce sont les négociants et les intermédiaires pour lesquels tout est occasion de profit et qui ne se soucient guère de savoir si leur labeur a un quelconque rapport avec le gain qu'ils en tirent. Ils ne se privent pas non plus de profiter des échecs de leurs confrères ou de leur ignorance. La distinction avec la fourberie pure et simple est subtile ... Sans parler de ceux qui amassent une fortune aux dépens des autres par l'usure ou l'exploitation, en payant d'un salaire de misère leurs ouvriers qui s'épuisent à la tâche. Et que dire de ceux qui oppriment des nations entières après les avoir soumises par la force. Même s'il en résulte pour celles-ci quelque profit marginal, cela reste de la tyrannie. Oui, voilà bien des exemples de gens qui "prennent beaucoup et donnent peu".

Il y a plus. Même le peu qu'ils donnent ne jaillit pas du bien (le "donner") mais du mal (le "prendre"). Tous leurs désirs, toutes leurs pensées ne visent qu'à prendre. S'ils donnent, c'est afin de pouvoir prendre tant et plus en retour. Par exemple, le marchand donne sa marchandise pour en tirer un bénéfice. Quand il donne au client une qualité meilleure, c'est uniquement dans le but de multiplier ses profits. Pis encore. Comme tout le monde a l'instinct de prendre, il en résulte une concurrence féroce, où chacun s'efforce de son mieux de tirer la couverture à soi. Sur le plan de la justice humaine, il n'y a pas de mal à cela. Et pourtant... que de soucis, de tourments, parfois même de graves maladies ou de morts prématurées la concurrence ne provoque-t-elle pas? Voilà la première catégorie, ceux qui sont dans les affaires. Nous allons à présent parler de la deuxième catégorie.


3. Les "bonnes affaires"


Les justes entre les hommes se conduisent de toute autre façon; ils donnent le maximum et prennent le minimum. Même le peu qu'ils prennent n'est que le strict nécessaire pour pouvoir continuer à exercer leur activité essentielle: donner et faire le bien.

Il s'ensuit que lorsqu'ils prennent, cela jaillit d'une source pure, le désir de donner. Ils n'ont pas le moindre contact avec l'impur, le désir de prendre. Ce sont eux les "saints de la terre", qui dans toutes leurs actions s'attachent à imiter les attributs de leur Créateur. A quoi ressemblent donc "les affaires" quand elles sont "bonnes"? Penchons-nous sur les actions de deux grands hommes, l'un en des temps très reculés, l'autre dans les temps modernes. Nous y découvrirons un droit chemin, parce qu'en suivant leurs voies nous ne risquerons pratiquement pas de nous tromper.

La Tora nous parle de Hénoch, septième génération après Adam, en ces termes: "Et Hénoch marchait avec Dieu"?, que nos Sages commentent: "Hénoch était cordonnier, et à chaque point qu'il cousait il atteignait l'union mystique avec son Créateur".

J'ai entendu au nom de Rav Israël Salanter l'explication suivante, tout à fait typique de sa pensée: cette parabole ne peut en aucun cas signifier que tout en cousant ses chaussures il se laissait transporter par des pensées mystiques. Ce serait tout simplement interdit par les normes de la Hala' ha. Comment se serait-il permis de détourner son attention vers autre chose que le travail pour lequel il était engagé? Non, dit Rav Israël, l'union mystique" de Hénoch consistait à coudre chaque point avec tout son soin et toute son attention, afin de s'assurer qu'il soit bien solide, que les chaussures soient de bonne qualité et que celui qui les porterait en tire le maximum de bien-être et de profit.

C'est ainsi que Hénoch s'unissait aux attributs de son Créateur, Lui qui n'est que don et générosité. Il avait une seule et unique préoccupation au monde: s'en rapprocher, Lui ressembler. Il va sans dire que cela le protégeait automatiquement de la moindre trace dé mal. Il ne pouvait lui arriver de tromper ou de décevoir ses clients fût-ce par inadvertance. Ce qu'il prenait ne dépassait jamais la valeur du travail qu'il "donnait".

Le deuxième épisode concerne Rav Israël Meïr Hacohen, plus connu sous le nom de 'Hafetz 'Haïm - ce juste que notre génération a eu le mérite de connaître. Il refusait d'utiliser ses immenses connaissances de la Tora pour en faire son gagne-pain et décida d'ouvrir une épicerie.

Il va sans dire que sa marchandise était de la meilleure qualité, ses mesures pleines à ras bords, et que la balance penchait toujours en faveur du client. Naturellement, il y avait foule dans sa boutique. Alors Rav Israël Méïr se dit: "S'il en est ainsi, de quoi vont vivre les autres épiciers?" Il décida donc de n'ouvrir sa boutique qu'une heure ou deux par jour, le temps de gagner les quelques sous qui suffisaient à la subsistance quotidienne de sa famille, puis de fermer afin que les autres commerçants puissent également gagner leur vie. Il s'aperçut vite que cela ne servait à rien: la plupart des clients s'arrangeaient pour venir acheter chez lui pendant le court moment d'ouverture. Finalement il ferma boutique et renonça au commerce, car il ne voulait causer de tort à personne.

Nos Sages ont dit: "Plus grand est celui qui profite du travail de ses mains que celui qui craint D-ieu." Que fait de grand celui qui profite du travail de ses mains? Celui qui s'efforce de ne jouir que de son propre travail est cet être exceptionnel qui désire par-dessus tout donner plus qu'il ne prend. Dans la crainte de ne pas y parvenir il refuse de vivre de ses talents intellectuels, car dans les professions libérales ou scientifiques on risque fort de recevoir plus que la valeur effective de ce qu'on a donné. Il préfère donc travailler de ses mains, à la sueur de son front, faire le travaille plus simple, le plus mal rémunéré; la valeur de l'effort qu'il investit dépasse alors certainement celle du salaire qu'il reçoit. Mais pourquoi est-il plus grand que celui qui craint D-ieu? Nous l'expliquerons ultérieurement (dans la partie II).

Extrait du Mikhtav Mé-Elihaou du Rav Élihaou Dessler


Voir la seconde partie





   


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