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Nature de L’Homme et de l’Animal

Dimanche 20 Avril 2008 | 21h12   Vue : 9087 fois
 
 
 
 



1. Le rapport entre l’âme et le corps

De tous temps, l'existence de l'âme fut remise en question. Si l'on admet cette existence, une âme pour chaque corps, les relations âme/corps restent, de toutes façons, obscures. Il fut un temps où leurs influences mutuelles étaient admises. On pouvait dire, par exemple, sans choquer, l'homme est ce qu'il mange.

Puis vint l'époque de la contestation philosophique de telles idées (dès la fin du 19ième siècle). Il faut vivre, exister, à la rigueur penser, mais le rationalisme ambiant éliminait dans l'œuf toute tentative de réflexion authentiquement spirituelle. On avait besoin de tout comprendre, tout expliquer.

Il nous semble que plus récemment, dans les mouvements de pensées, la part réservée à un au-delà de l'esprit (l'âme?) se fait de plus en plus grande. Si bien que même nos penseurs et philosophes juifs n'ignorent plus superbement qu'il existe des lois juives traitant de l'alimentation et que celles-ci ne paraissent plus si archaïques qu'on a bien voulu le dire, même au siècle de la technologie.


Il n'est pas nécessaire, à priori, de comprendre de quelle façon chaque chose produit son effet, de la même façon qu'il n"est pas nécessaire pour un patient de savoir comment agit un certain médicament pour lui, l'essentiel étant qu'il guérisse.

Mais le patient peut vouloir étudier la médecine pour essayer de comprendre, comme l'homme peut étudier la Tora pour en saisir son aspect rationnel.

Si par la suite, la compréhension n'était pas au bout de cette étude, la recherche par elle-même représenterait déjà une première approche que nous pensions utile ; le médicament n'agit-il pas, combien même les mécanismes de son action demeureraient obscurs ?


2. Zote Ha’haya : Voici les animaux

Voyons à présent ce que nos Sages ont pu nous révéler à ce sujet. Le chapitre de présentation au peuple par Moché des animaux permis et interdits, débute par l'expression Zote Ha'haya.

Le terme ‘Haya désigne habituellement les animaux sauvages, il veut dire également Vie. Moché, selon Rachi, a montré directement au peuple chaque bête, chaque créature, en signifiant, voici la vie claire, évidente, véritable, qui se trouve dans chacune de ces créatures, voici l'essence de chaque animal et ce qui justifie ou non sa consommation.


L'esprit humain est l'instrument qu'utilise D. pour se faire connaître dans ce monde, ainsi le corps humain est l'intermédiaire qui relie le monde extérieur à l'esprit humain, et vice-versa. L'esprit de l'homme ne peut percevoir le monde qu'à travers ses sens organiques.

C'est seulement à partir de la faculté de perception et l'expérience de ses sens que son esprit peut appréhender les autres créatures; et c'est seulement à travers le corps que l'esprit humain peut agir sur son environnement, enregistrer ses impressions ou apposer sa propre marque sur son monde alentour. Ainsi, la tâche du corps devrait être d'agir comme le messager du monde vers l'homme et de l'homme vers le monde.

C'est ainsi que toute chose donnant au corps un peu trop d'indépendance ou le dirigeant vers une direction que l'on qualifiera de charnelle, le rapprochera de la sphère dite animale, c'est-à-dire de ses tendances instinctives, et estompera progressivement sa fonction première d'intermédiaire entre l'âme humaine et le monde extérieur.

Mais en quoi cette relation peut-elle se révéler problématique pour le développement humain, et comment peut-on approcher ce type de relation dont nous avons dit qu'elle relevait de l'essence même de la création de l'homme ?

Ainsi, entre l'être doué de conscience et pourvu d'un libre arbitre et la création inerte, il y a place pour un animal qui n'est ni plus méchant ni plus gentil que ce que l'on pourrait reconnaître en l'homme.


3. Nature de l’animal

L'agneau est plus doux que le lion qui, lui, est fort intrépide et a le sens de l'orgueil, et le tigre est tigre.

Son corps et son sang ne devraient-il pas correspondre à son essence? Le tigre aurait une certaine nature, et son corps correspondrait à cette nature-là. Si une bête est cruelle, elle participe à cette réalité: même si elle n'a aucune conscience de cette tendance, elle est cette chose-là.

Certains animaux sont constamment aux aguets, terriblement méfiants, ont un instinct de conservation très développé: ils semblent avoir un sens extrêmement puissant de leur existence, et tout tournerait autour de cela et de rien d'autre pour l'animal concerné.

C'est Adam, le premier homme, qui, percevant l'essence même de chaque animal, trouva un nom approprié à la nature profonde de chaque bête qu'il nommait. (Genèse 11, 19)



4. L’Homme : le centre du monde


La Tora nous dit que si l'on veut approfondir notre étude, il est important d'observer le monde et de le comprendre, non par simple curiosité intellectuelle, mais parce que cela doit nous déranger. Ainsi cette observation devra nous conduire à essayer de trouver un sens à chaque chose, car il y a une partie de la Tora qui s'appelle interpréter le monde qui est autour de soi, et manger en ferait partie ! (Rav Ringer Za'l).

Et si l'on admet que dans chaque élément de la nature toute entière, et depuis sa création, il y a une parcelle divine, que l'homme est le centre du monde (comme de nombreux scientifiques l'admettent de plus en plus), alors même la nourriture de cet être humain prend une nouvelle dimension, plus intense, plus complexe. Cette parcelle divine qui se trouve dans chaque animal, cette vitalité liée à son être même et à son existence, du moment que nous en percevons la réalité et en avons conscience, il nous est donné de comprendre que quelque chose de l'être de ces animaux puisse participer d'un autre Etre.

C'est ainsi que les lois alimentaires de la Kacheroute précisent qu'aucun végétal, nourriture la plus passive existant sur terre, n'est interdit à la consommation.



Viennent ensuite les animaux herbivores, et petit bétail, qui ruminent et ont les sabots fendus, c'est-à-dire ceux qui ont le caractère le plus passif, ne montrent que peu de vivacité ou de passion, des instincts tempérés et un potentiel d'activité animale discret.

Il est intéressant de noter que, parmi les ruminants, seuls ceux ayant les sabots fendus ont quatre estomacs. Ils passent donc une grande partie de leur temps à absorber et réabsorber leurs aliments, donnant l'impression d'une vie végétative animale permanente.

A l'opposé des animaux végétariens, les carnivores ont les intestins courts et très peu de temps est perdu en digestion passive des aliments. Ces derniers sont rapidement transformés en sang, support essentiel de la vie animale.

Ce sont ces animaux qui se soumettent aussi le moins facilement à la volonté de l'homme, montrant des habitudes plus vigoureuses et plus agressives que les animaux domestiques.

Tous les oiseaux aux habitudes cruelles ne sont pas non plus permis à l'alimentation: ceux, notamment, qui utilisent leurs pattes ou griffes comme instruments de mort ou pour déchiqueter leur proie encore vivante.

Tandis que les poules, canards, colombes ou pigeons, picorent directement par leur bec pour s'alimenter, leur caractère passif s'apparente parfaitement au bétail. A noter que ces oiseaux permis ont aussi plusieurs estomacs.

Il nous a paru intéressant d'illustrer et d'approfondir ces éléments par une étude plus précise de certains animaux.


Le chameau est un ruminant qui n'a pas les sabots fendus. Sa consommation est donc interdite. C'est un animal dont l'utilisation est remarquable: il possède une endurance exceptionnelle face à la faim, à la soif, au froid, au soleil et au vent (grâce à ses narines obturables, à des réserves d'eau et de graisses, etc...), le lait des femelles est bu, son poil sert à fabriquer des tentes, et sa chair est consommée par les hommes du désert, tandis que sa bouse sert de combustible...

Il serait même utilisé pour satisfaire dans le désert certains besoins... En fait, le chameau donne tout de lui-même! Il incarne parfaitement cette tendance à faire le bien sans discernement (chameau se dit Gamal en hébreu, et faire le bien se dit Gomèl ‘Héssèd).

Cet animal représenterait, par ses caractères, une personnalité qui n'aurait pas le sens de garder pour lui mais au contraire donnerait à profusion. Or, celui qui est tout Guémiloute ‘Héssèd (donne tout de lui¬ même) ne sentirait pas le poids d'une telle Mida (tendance) n'aurait pas le sens de soi. Une personne qui ne verrait de la grandeur que dans l'abandon de soi n'aurait sûrement pas perçu et ressenti l'importance de la vie.

Le lièvre est également ruminant et n'a pas les sabots fendus. C'est un animal doué pour la course, qui ne creuse jamais de terrier, est constamment aux aguets averti par ses grandes oreilles du danger, toujours près à fuir en entrecoupant sa course de brusques sauts de côté.

Cet animal a un instinct de conservation très développé, obnubilé en permanence par sa survie. Il se dégage de son attitude une instabilité permanente, une sensibilité extrême, une grande appréhension de l'autre, de l'inconnu.

C'est l'esquisse d'une personnalité profondément consciente de ses responsabilités, pour qui la vie est lourde, qui a un sens des réalités et ne fera rien à la légère. Il a un sens très fort de son propre être. Mais souvent, sa vision des choses est plutôt pessimiste car empreinte de fatalisme et toujours rattachée à la dure réalité...


Pied de vache
A l'opposé de ces animaux dits impurs (non consommables) où nous avons vu que vitalité et instinct animal sont particulièrement développés, se situent les ruminants à sabots fendus, dont l'immobilité et l'impression de stabilité évoquent la vie végétative.


Sabot de cheval
Un texte tiré du Bèt Ya'akov du Rav M. Y. Meigbetsa va illustrer cet aspect: "Les signes de pureté dans les mammifères, les volailles, les oiseaux, laissent sous-entendre la confiance, la fermeté et la crainte. Qui vivra verra...

Le fait d'avoir les sabots fendus fait allusion à la fermeté et la confiance, comme il est dit: "Tu as donné de l'ampleur à mon pas et mes chevilles n'ont pas chancelé", (Psaume 18, 37). Par là, il l'a planté avec assurance (force) et stabilité.



Le fait d'être ruminant fait allusion au contraire de cela: il a été donné à l'homme la force du choix et il est éternellement en doute (et crainte) sur la conformité de ses actions à la volonté de D. C'est à cela que fait allusion Ma'alate Guéra (ruminant), la régurgitation de ses aliments correspondant à la notion de "choix". C'est ce qui fait qu'un homme ne s'arrête pas à une attitude, a la force d'en changer et de suivre ainsi le chemin tracé par D."

Le Bèt Ya'akov oppose donc d'emblée la signification des deux signes retrouvés dans les bêtes pures. D'un côté, un être fermement planté à terre sur ses pieds "élargis", d'une stabilité apparente évidente, de l'autre une rumination quasi ¬permanente, une impression d'hésitation, dans ce va-et-vient constant des aliments à travers les estomacs successifs. Avoir les pieds fermement à terre, c'est prendre conscience que l'on représente une base sur laquelle une édification est possible, car cette stabilité offre une résistance à toute tentative de bouleversement.



Système digestif de la vache
Le va-et-vient traduirait lui une remise en cause permanente, un doute entre garder ou rendre, comme un manque de prise au sérieux de son propre être.

C'est dans cette voie intermédiaire que l'homme peut arriver à garder intacte sa capacité de réflexion et de décision, une possibilité véritable de choisir librement. C'est cela l'équilibre parfait, ce que nos Sages appellent le Yéchouv Ada'ate, la tranquillité d'esprit. Et tout ce qui peut la perturber altérera donc le libre choix de l'homme.


5. CONCLUSION


Comme nous l'avons dit au départ, la première prescription de la Tora fut une mesure alimentaire. Dans la section Noa’h, la consommation de la viande devient permise après le déluge, alors qu'Adam n'était autorisé à consommer que des végétaux. Ceci prouve, s'il en était besoin, à quel point ces lois sont fondamentales.

Il faut noter que l'application de ce nouveau régime alimentaire correspondait à une réduction de la durée de la vie dans la période post-noa’hide. On vit moins mais de façon plus intense, l'une et l'autre étant liées, et la force vitale introduite par la viande servant ce but.


Tombe du Ramak
Rabbi Moché Cordovero (Pardèss Rimonim, Chap. 24,10) explique: "II existe en effet dans la nature un ordre hiérarchique qui s'étend jusqu'aux éléments anorganiques, différenciés selon la mesure de viabilité qu'ils reçoivent de la source suprême de lumière divine.

Cet enchaînement des sphères de la création comprend le monde minéral, végétal, animal et humain et la montée permanente des éléments s'effectue degré par degré. Ainsi, l'eau de pluie descend sur terre, abreuve la terre, fructifie la graine qui se transforme et assimile les éléments du sol pour devenir ensuite une plante. Celle-ci servira de nourriture à l'animal, si bien que l'élément végétal accédera, grâce à cette transmigration, à un degré de vie où l'âme commence à rayonner sur le monde purement physique.

Mais ultérieurement lorsque l'homme consommera la chair de l'animal, celle-ci fera corps avec l'homme lui-même et elle se rapprochera davantage de la source de lumière contenue dans l'âme spirituelle. Ainsi s'élèvent les différents éléments de la nature jusqu'au seuil du monde métaphysique, où l'âme humaine affranchie ira rejoindre la sphère céleste de la sainteté absolue."

Si la consommation des animaux était interdite dans la période prédiluvienne, c'était aussi parce qu'ils avaient un niveau bien supérieur au temps d'Adam, puis se sont corrompus avant le déluge. Leur consommation a donc dû être sélective.



Rav S. Hirsch
Enfin, S. R. Hirsch complète cette approche: Deux actions sont essentielles à la vie de l'animal: la recherche de la nourriture et la défense de la vie. Ces deux actions sont également indispensables à la vie de l'être humain. Mais l'idéal juif les subordonne à un but spirituel.

C'est pourquoi la Tora élimine tous les animaux qui possèdent les organes réservés à ces deux fonctions sous leur forme la plus robuste: les griffes de la bête féroce et l'estomac assimilant sans distinction toute nourriture hâtivement engloutie.

Les ruminants aux pieds cornés ne connaissent pas ces organes de rudesse et de violence
.



Une grande leçon se dégage ainsi de cette loi qui, dans sa simplicité et sa grandeur, a contribué sans aucun doute à former le caractère spécifique d'Israël.

Quel est-il?

Il consiste à aborder la vie avec optimisme et joie, à rechercher constamment l'équilibre intérieur synonyme de Yéchouv Ada'ate, (tranquillité d'esprit) en ne se laissant pas entraîner vers une seule Mida (tendance), mais recevoir cette même vie avec douceur c'est à dire avec Emouna (confiance).






   


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