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Le Rambane | | Samedi 5 Décembre 2009 | 20h35 Vue : 7378 fois | | |
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L’histoire d’Erèts Israël
connaît beaucoup de pionniers qui sont venus pour chérir sa poussière. Nous avons entendu parler des disciples du Gaone de Vilna et de ceux du Ba’al Chem Tov, qui sont venus pour construire des villes et des villages.
Mais nous savons
très peu de choses de l’un des premiers pionniers qui est arrivé en Erèts Israël après de longues et difficiles péripéties, et a renouvelé la colonie juive de Jérusalem. Il s’agit de notre maître Rabbi Moché ben Na’hmane, le Rambane, qui est arrivé aux portes d’Erèts Israël le 9 Elloul 5027 (1267), à l’âge de soixante-trois ans.
Ruelle du quartier juif antique de Gérone
Le Rambane,
est né à Gérone en Catalogne espagnole en 4954 (1194), de descendants d’une célèbre famille de Rabbanim.
Il étudie le Talmud
sous la férule de Rabbi Yéhouda ben Yakar et de Rabbi Meïr ben Nathan de Trinquetaille. Il a aussi étudié les langues et les sciences et s’est perfectionné en médecine, qu’il pratiquait pour gagner sa vie. Déjà très jeune, vers l’âge de seize ans, il commença à composer ses commentaires sur le Talmud, et se fit connaître comme un érudit dans toute la Tora. Il a également écrit un commentaire profond sur la Tora et sur le livre de Iyov.
Issu d'une illustre famille
de rabbins, petit-fils de Rabbi Its'hak ben Réouben de Barcelone, cousin de Rabbénou Yona, il est initié à la Kabbala par Rabbi ‘Azriel de Gérone. Dans le même temps, il étudie la philosophie et la médecine qu'il pratiquera comme moyen de subsistance, à l'image du Rambam ou de Rabbi Yéhouda Halévi.
Synagogue rénovée du Rambane à Gérone
Le Rambane
passa la plus grande partie de sa vie dans la tranquillité à Gérone, sa ville natale, entouré d’un large cercle de grands disciples, comme Rabbi Chelomo ben Adérèt (le Rachba) et Rabbi Aharon Halévi (le Ra’ah), qui sont devenus des lumières dans l’étude du Talmud.
Profondément influencé
par l’école française des Tossafistes, il manifeste une déférence sans réserve aux sages de la Michna et du Talmud, ainsi qu'aux Guéonim qui leur ont succédé, et aux Sages de France. « Les Rabbanim de Tzorfate ont rallié la plupart des Juifs à leurs vues. Ils sont nos maîtres en Talmud, et c'est vers eux que nous devons aller pour nous instruire ».
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2. La Disputation de Barcelone
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Le roi Jacques 1er d'Aragon
En 5023 (1263),
on demanda au Rambane de venir à Barcelone pour un débat public sur la foi avec l’apostat Pablo Christiani, en présence du roi Jacques 1er d’Aragon.
Avec beaucoup d’audace
et de courage, le Rambane mena la lutte contre lui et sa religion et sortit de la discussion avec de grands honneurs. Le lendemain du débat, le roi reçut le Rav et lui donna trois cents dinars d’or pour les frais du voyage.
Mais quand il eut noté
par écrit les arguments de la controverse, les prêtres exigèrent du roi qu’il soit puni pour avoir porté atteinte dans son livre aux principes de la foi chrétienne. Ces événements vinrent bouleverser son repos et le faire sortir de sa sérénité, Il décida alors de quitter l’Espagne et de se rendre en Erèts Israël.
Le Rambane
avait désiré toute sa vie s’y installer. Dans son œuvre, il parle beaucoup de tout le bon du pays, de sa sainteté et de sa gloire, de la beauté de ses paysages et de son climat. Dans son commentaire sur la Tora, il interprète le verset des réprimandes : « Puis Moi-même Je désolerai cette terre, si bien que vos ennemis, qui l’occuperont, en seront stupéfaits » (Vaïkra 26, 32), comme une bonne nouvelle qui annonce pour tous les exils que notre pays n’acceptera pas nos ennemis. « Et cela aussi est une grande preuve et promesse pour nous, car on ne trouvera en aucun endroit habité un pays qui soit beau et grand, qui a toujours été habité et qui est aussi désolé que lui, puisque depuis que nous en sommes partis, il n’a accepté aucune nation, et que tout le monde s’efforce de s’y installer sans pouvoir y réussir ».
Espagne : Maison du Rambane transformée en musée
Le Rambane
compte l’installation en Erèts Israël parmi les six cent treize Mitsvote, à cause du verset : « Vous hériterez du pays et vous vous y établirez » (Nombres 33, 53).
Il dit
: « A mon avis, c’est une Mitsva positive, qui leur ordonne de s’installer en Erèts Israël et d’en hériter, car elle leur a été donnée et on ne néglige pas l’héritage de Dieu. Et s’il leur vient à l’idée d’aller conquérir l’Ethiopie, l’Assyrie ou d’autres pays et de s’y installer, c’est une infraction à une Mitsva de Dieu ».
A Chemini ‘Atsérèt,
avant de se séparer de sa communauté, il donna un cours sur le livre de Kohélet, dans lequel il fit allusion à la raison de son départ. Il raconta que notre père Avraham était né en terre étrangère où il avait combattu contre l’idolâtrie, et que le roi, craignant qu’il ne détourne le cœur des habitants du pays de leurs croyances, l’exila, et il se rendit alors en Erèts Israël.
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3. Le départ vers Erèts Israël
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Jérusalem: les premières croisades
A la fin de l’année 5027 (1267),
après un très long voyage, le Rambane arriva au port de
St-Jean d’Acre, où il ne resta que quelques jours, et le 9 Eloul il entra dans Jérusalem.
Le pays
était alors désert et dévasté, la ville de Jérusalem était totalement détruite, et les juifs qui y vivaient avaient été cruellement exterminés. Quand il vit ces ruines terribles, il déchira ses vêtements selon la loi, et en arrivant à l’emplacement du Temple il les déchira de nouveau et lut avec émotion le psaume 79 : « Psaume d’Assaf, ô Dieu, des étrangers sont venus dans ton héritage, ils ont souillé Ta sainte demeure, ils ont réduit Jérusalem à un monceau de décombres ».
En arrivant dans la ville sainte,
le Rambane ne trouva que deux frères teinturiers, parmi les plus pauvres du peuple. Dans toute la ville de Jérusalem il n’y avait même pas une seule synagogue. C’est seulement le Chabbate et les fêtes que les quelques juifs de l’endroit se rassemblaient chez les frères teinturiers pour prier ensemble.
La 'Hurva: la fameuse synagogue du Rambane à Jérusalem
Il ne se contenta pas
d’une maison de prière, mais voulant faire de Jérusalem un centre de Tora, d’où sortirait la Tora pour tout Israël, il y établit une grande Yéchiva.
Très rapidement,
elle fut célèbre dans tout le pays, et de nombreux disciples, venus de près et de loin, et particulièrement des pays voisins, se pressèrent autour de lui, Dans les lettres qu’il a envoyées à ses fils et à ses disciples à l’étranger, il leur demande de soutenir sa Yéchiva.
Il fonda également
le fonds de charité de Rabbi Méïr Ba’al Haness, qui lui permit de soutenir la Yéchiva plus efficacement. Le Rambane fut actif à Jérusalem pendant trois ans, et réussit à renouveler la communauté, non seulement à Jérusalem mais aussi dans les autres villes du pays. A partir de son arrivée, les juifs de Jérusalem ont commencé à se répandre dans le reste du pays, et c’est un mouvement qui se poursuit jusqu’à ce jour. C’est à juste titre qu’on lui a donné le titre de « fondateur de la nouvelle communauté en Erèts Israël ».
Le 11 Nissan 5030 (1270),
son âme pure monta au Ciel, et il fut enterré à Haïfa à côté de la tombe de Rabbi Ye’hièl de Paris.
Mais selon
une autre tradition, la tombe du Rambane se trouve à Hébron, à côté des escaliers extérieurs des Tombeaux de la Mé’ara Hamakhpéla.
La légende
raconte que lorsque le Rambane a quitté l’Espagne pour Erèts Israël, ses disciples lui ont demandé de leur donner un signe pour connaître le jour de sa mort. Il leur dit que le jour de sa mort, la stèle de sa mère se fendrait, et qu’on y verrait la forme d’une Ménora.
Trois ans plus tard,
on trouva la stèle fendue, et à l’intérieur, une forme de Ménora. Alors on sut que le prince de la Tora et de la sagesse était mort, et tout Israël en tous lieux prit le deuil pour lui.
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