Par Rav Meïr Hazan
La pseudo naissance d'Israël
Il est fréquent d’entendre, dans les discours politiques ou médiatiques, l’expression selon laquelle « l’État d’Israël a été créé en 1948 ». Comme si une entité nouvelle avait émergé du néant historique par la seule volonté des hommes, par une décision de l’ONU ou par une conjoncture géopolitique de l’après-guerre. Ce langage, répété jusqu’à devenir un réflexe intellectuel, masque une déformation profonde de la pensée, une véritable falsification ontologique. Car on ne crée pas ce qui est depuis toujours dans le dessein divin.
Le peuple d’Israël (Bné Israël -littéralement « enfants d'Israel ») n’est pas né en 1948, ni même à l’époque de l’exode hors d’Égypte. Sa source réside dans un décret métaphysique antérieur à la création du monde. Comme l’écrit le Zohar : « ישראל וקודשא בריך הוא ואורייתא — חד הוא ». « Israël, la Torah, le Saint Béni soit-Il et la Torah ne font qu’un. » (Zohar Ra'ya Méhémenia)
Le projet divin
L’identité d’Israël n’est pas un accident de l’histoire, ni une nation parmi les autres ; elle est une structure de la pensée divine, une "existence nécessaire" pour et dans la création du monde.
Le peuple d’Israël dans sa racine spirituelle, n’est pas une invention historique, ni une construction humaine. Son identité profonde existait déjà dans la conscience divine infinie (Ein Sof), avant la création du monde, avant le temps, l’espace, ou les lois de la nature. La terre d’Israël (Erets Israël) n’est pas une étendue géographique : elle est l’expression terrestre de cette volonté divine.
Dès lors, parler de "création" de l’État d’Israël revient à nier cette préexistence, à voiler une vérité essentielle sous des habits juridiques ou politiques.
Des racines millénaires
Le nom Israël n’est pas une invention humaine mais une projection divine d’un destin futur gravé dans le nom même de notre patriarche Yaakov Avinou, fondateur du peuple juif. Ainsi en rajoutant le nom d’Israël a notre ancêtre Yaakov, Hakadoch Baroukh Hou selle dans la torah la réalité de son projet divin.
L’état d’Israël surgit dans l’histoire moderne après 2000 ans d’exil, avec sa langue officielle dominante : l’hébreu. Celle-ci a été ressuscité et redévoilé, pour tout un peuple éparpillé aux quatre coins du monde. Et pourtant, il revient à sa terre d’origine, avec une mémoire intacte, des textes, des pratiques, une espérance millénaire.
Aucune autre nation n’a conservé une identité aussi forte pendant son exil en dehors de son territoire. Selon la logique du droit politique, socialement et culturellement, Israël ne devrait pas exister et pourtant il est là.
Le monde voit en Israël une anomalie, parce qu’il est la preuve vivante qu’une nation peut survivre par la seule force d’une vérité spirituelle (Maharal, Nétsa’h Israel).
Le Ramhal insiste sur un point capital : le nom "Israël" n’est pas un nom géographique ou ethnique, mais une configuration métaphysique. Israël est le canal par lequel le Divin descend dans le monde, et par lequel le monde remonte vers le Divin. En ce sens, le peuple d’Israël est le canal du "retour" du monde à son origine.
Concrètement, lorsque le peuple d’Israël étudie la Torah, pratique la justice, fait connaître le monothéisme, il réalise sa fonction de canal à travers les valeurs et les préceptes de la Torah. Le respect du Chabbate, la dignité humaine, la justice sociale qui influencent les sociétés occidentales, définissent assez bien cette lumière spirituelle issue d'Israël qui imprègne le monde.
La tentative de délégitimation
Ce glissement du verbe qui prétend que « l’État d'Israël a été créé » n’est pas innocent. Il s’inscrit dans une rhétorique qui veut déposséder et dénaturer Israël de sa vérité intérieure, en le réduisant à un fait contingent et discutable.
C’est là que réside le danger culturel : faire croire que l’existence d’Israël dépend d’une reconnaissance extérieure, d’une résolution votée, alors qu’elle est une nécessité transcendantale. Certes, il est en outre très difficile d’expliquer aux nations du monde ce genre de concept, mais c'est un fait ontologique que même le clergé reconnait furtivement.
Le Maharal de Prague affirmait que :« Ce qui émane d’une nécessité intrinsèque ne peut être annulé par aucune contingence extérieure. » (Nétsa'h Israël, ch. 1)
Dire qu’Israël a été créé en 1948, c’est comme dire qu’on a "créé" la lumière en allumant une ampoule. L’ampoule n’est qu’un réceptacle. La lumière préexistait elle attendait seulement de se manifester.
Par contraste, le concept de « Palestine », tel qu’il est utilisé aujourd’hui, ne relève pas d’une nécessité, ni d’une continuité historique ou métaphysique. Il relève d’une construction idéologique moderne forgé dans la lutte contre l’existence d’Israël. Il n’y a ni entité nationale palestinienne dans les sources antiques, ni culture proprement identifiée, ni fondement spirituel durable. Le « palestinisme » ne repose pas sur une affirmation d’identité mais sur la négation de celle d’Israël. Ce n’est pas une « affirmation d’être », mais une « négation d’être » - une identité construite en miroir pour effacer Israël. Il est par essence « réactionnel », et non « ontologique ».
Rav Kook avait perçu cette dialectique dès le début du XXe siècle : « Le mensonge se revêt de vérités partielles pour séduire les nations, mais Israël est un rocher que l’on ne peut effacer. » (Orot, Israël et la Renaissance)
Ainsi, le discours selon lequel Israël aurait été « créé » par l’homme, les Nations-Unies ou une coalition de circonstances est une inversion du vrai. Israël ne peut être créé : il « est » depuis toujours. Sa présence dans le monde visible est l’expression d’un décret éternel, et non le fruit d’un consensus politique.
En conclusion
La tâche du penseur, du philosophe fidèle à la vérité, est donc de démasquer dans ce langage moderne cette falsification. Ainsi nous redonnons à Israël sa juste place : non celle d’un état créé mais révélé.
Israël n’est pas né en 1948 ; ce qui est né en 1948, c’est la reconnaissance imparfaite, fragmentaire, par les nations, d’une réalité qui les dépasse.
Son essence préexistait dans l’Infini, comme une pensée éternelle dans l’esprit divin.
Le fait que le nom d’Israël apparaisse dans ce monde est l’effet d’un décret transcendant, et non le fruit du hasard ou d’une décision politique.
Comme le disait Pascal dans ses Pensées :
« L’histoire des Juifs doit être étudiée sérieusement, car c’est l’histoire même de la Vérité. »
Ce n’est pas Israël qui dérange : c’est la Vérité qu’il représente. Et cette vérité n’a pas besoin d’être acceptée pour exister. Elle EST.