Les auteurs et le livre
Dov Maïmon et Didier Long
Théologien, ex-moine bénédictin et consultant, Didier Long signe avec Dov Maïmon, chercheur au Jewish People Policy Institute et conseiller du gouvernement israélien, une enquête sidérante : La Fin des Juifs de France ? (Éditions du Cherche Midi, mai 2025)
Fruit d’un an d’investigation, le livre repose sur des entretiens avec responsables politiques, juges antiterroristes, policiers, religieux et citoyens, ainsi que sur des rapports des services secrets français et israéliens. D’une grande rigueur documentaire, l’ouvrage décrypte l’explosion de l’antisémitisme en France, exacerbée après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui a entraîné une hausse de 1 000 % des actes antijuifs selon le ministère de l’Intérieur.
Bien plus qu’un simple « livre choc », il s’agit d’un diagnostic glaçant d’une France gangrenée par l’antisémitisme et l’islamisme. Les auteurs y dressent un constat implacable : la communauté juive, passée de 650 000 personnes dans les années 1970 à 440 000 aujourd’hui, se sent de plus en plus menacée. En 2024, 6 000 Juifs ont fait leur aliyah, et 1 570 plaintes pour actes antisémites ont été déposées (contre 436 en 2022).
L’enquête
L’enquête analyse les formes contemporaines de la haine antijuive – antisionisme radical, propagande islamiste, haine en ligne – et leur expression concrète : graffitis, agressions, attentats. Elle pointe aussi l’inaction de l’État, une justice peu réactive (seuls 25 % des agresseurs antisémites sont condamnés) et des statistiques officielles qui sous-estiment l’ampleur réelle (seulement 20 % des incidents recensés).
Les auteurs évoquent un contexte explosif : montée de l’islamisme, importation du conflit israélo-palestinien, fractures sociales. Ils citent un rapport de 2018 selon lequel 53 % des musulmans de France pratiquent un islam conservateur, dont 28 % relèvent d’un séparatisme social et politique. Dans 800 quartiers sensibles, l’antisémitisme prospère.
La DGSI, débordée (5 000 agents pour 1 600 profils menaçants), alerte sur la difficulté de surveiller les individus radicalisés. Des attentats sont planifiés en France, comme l’a révélé la BBC le 17 octobre 2024 : des gangs suédois recrutés par l’Iran préparent des attaques contre des cibles juives, également au Danemark et en France.
Sur la base des services de renseignements israéliens et français, les auteurs dressent un constat tragique de la situation des juifs de France : « 150 000 – sur 440 000 – courent un danger immédiat face à la progression de l’antisémitisme et s’apprêtent à quitter le pays. Si l’on ne fait rien, il n’y aura plus de juifs en France en 2050.
Face à cela, les Juifs se replient sur certains quartiers : 25 % vivent dans quatre arrondissements parisiens (16e, 17e, 19e, 20e), espérant pouvoir s’entraider « au cas où ». La demande de certificats de judéité pour obtenir la nationalité israélienne a explosé, notamment à Sarcelles.
Ce livre s’adresse aux autorités, aux institutions juives et à l’ensemble des citoyens : ce qui est en jeu dépasse la seule communauté juive. Les auteurs avertissent : « Les Juifs sont le canari dans la mine. S’il cesse de chanter, c’est que le danger est là. Depuis le 7 octobre, les Juifs ont cessé de chanter en France. »
La Fin des Juifs de France ? est un cri d’alarme, sans tabous ni détours. En le refermant, on se demande s’il s’agit vraiment de la France… ou d’un pays qui a perdu ses repères. Mais est ce vraiment une question ?