La conférence.
La présentation du livre When the Stones Speak (Quand les pierres parlent) de Doron Spielman, à la Bibliothèque nationale d’Israël, n’a pas seulement rassemblé des centaines de personnes : elle a transformé une soirée littéraire en réflexion passionnée sur le lien entre archéologie, identité juive et foi. Aux côtés de Spielman, l’ancien gouverneur américain Mike Huckabee a donné le ton, affirmant que les révélations de la Cité de David touchent au cœur même du projet biblique et de l’histoire occidentale.
Dès le début de son intervention, Huckabee a frappé fort :
« Sans Jérusalem, il n’y aurait pas eu d’Amérique ! »
A-t-il déclaré d'entrée de jeu, en expliquant:
« Si D-ieu n’avait pas appelé Abraham dans cette ville, s’il n’y avait pas eu ici la naissance de la foi juive, il n’y aurait pas eu de civilisation occidentale, et donc pas d’Amérique. »
Dans ce raisonnement, Jérusalem n’est pas un symbole, mais le point de départ concret d’une histoire qui structure la vision morale et spirituelle du monde occidental. En reliant de manière aussi directe la destinée américaine à la genèse biblique, Huckabee exprime une conviction simple : ce qui s’est joué ici, dans cette vallée étroite au sud du mont du Temple, a façonné la conscience religieuse d’une grande partie de l’humanité.
Le « chemin des pèlerins » : une voie romaine en cours de fouille sur le site archéologique de la Cité de David à Jérusalem, le 24 septembre 2019.Ce que Huckabee voit dans la Cité de David, il le résume en une phrase :
« La Cité de David est une validation historique de ce qui fonde la foi. »
C’est précisément le fil conducteur du livre de Doron Spielman, ancien vice-président de la Fondation Ir David, qui raconte comment les fouilles ont fait émerger le cœur de la Jérusalem biblique : inscriptions portant des noms mentionnés dans les textes, maisons de l’époque monarchique, structures du royaume de Juda, et surtout la découverte spectaculaire de la route des pèlerins, mise au jour dans la boue et l’obscurité d’un tunnel en 2005, puis révélée au public en 2019 et inaugurée en 2025.
Spielman raconte l’instant où il a rampé dans un corridor boueux jusqu’à apercevoir les premières marches :
« J’étais terrifié… et tout à coup, les marches sont apparues. »
Cette route n’est pas une trouvaille archéologique comme les autres. C’est le chemin que prenaient les pèlerins en direction du Temple principalement au moment des fetes. Un axe concret qui reliait physiquement le peuple à D-ieu.
Les archéologues Ari Levy et Rikki Zalut Har-Tuv, lors des fouilles de la route des pèlerins. Huckabee insiste : ce n’est pas un hasard si la Cité de David ressurgit aujourd’hui, après deux millénaires d’oubli sous les maisons et les ruelles de Silwan :
« Elle réapparaît à une époque de scepticisme, d’antisémitisme, d’hostilité envers la Bible. Aujourd’hui, il n’y a plus de débat : les pierres parlent. »
Là se trouve le cœur théologique de l’événement. Ce n’est plus seulement la transmission textuelle qui porte l’histoire sacrée, mais les preuves matérielles, la terre elle-même, qui atteste d’un peuple vivant ici aux époques décrites dans les textes.
Le livre de Spielman, When the Stones Speak, entend précisément raconter ce basculement : lorsque les pierres deviennent témoins, elles réintroduisent la foi dans le champ du réel.
Peuple, terre, D-ieu : une triade incarnée.
Pour Spielman, il est fondamental que même un public non religieux puisse percevoir ce que ces découvertes signifient : un lien ancestral, continu, enraciné du peuple juif avec sa terre.
« Quand les gens comprennent cette continuité, ils réalisent que les Juifs sont vraiment un peuple autochtone ici. »
Ce constat n’est pas seulement politique. C’est l’affirmation d’une théologie incarnée : un peuple appelé à un lieu, un lieu choisi pour une mission, une mission qui prend forme dans l’histoire.
La route des pèlerins, les sceaux, les maisons, les vestiges des derniers habitants de Jérusalem en 70 : tous ces éléments tissent une cohérence entre le récit biblique et la réalité archéologique.
L'ambassadeur américain en Israël Mike Huckabee au centre, Doron Spielman à gauche, Eylon Levy, présentateur, à droite. Le 10 décembre 2025.L’actualité, le débat, la terre qui parle.
L’événement n’a pas occulté les controverses autour du site, situé dans un quartier palestinien et accusé par certains d’être un instrument de « judaïsation ».
Spielman rappelle que la résolution de l’UNESCO de 2016 avait ignoré les liens juifs avec la ville. Pour lui, les fouilles sont une réponse directe à cette tentative d’effacement. Et la théologie rejoint alors l’actualité :
lorsqu’un lieu biblique réapparaît sous la terre, il devient impossible de dissocier la foi de l’histoire.
Une soirée où les pierres deviennent arguments spirituels.
En définitive, cette rencontre à la Bibliothèque nationale ne s’est pas limitée à présenter un livre : elle a montré comment l’archéologie peut redonner souffle à la foi, comment les pierres de Jérusalem peuvent contrer le doute moderne, et pourquoi la Cité de David est devenue un enjeu crucial, religieux, culturel, et identitaire.
Et pour tous ceux qui étaient présents, la Cité de David apparaît comme un lieu où le passé biblique surgit dans l’actualité, confirmant que la relation entre le peuple d’Israël, sa terre et sa foi est une histoire toujours en train de se dévoiler.