Quand la nuit éclaire le visage d’Israël

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Il y a des nuits où Israël se tient seul, face au monde entier. Seul, mais pas abandonné. Car au fond de chaque cri, résonne encore la voix du D-ieu d’Avraham, d'Its'hak et de Ya'acov, celui qui nous a sortis d’Égypte et qui nous porte, génération après génération, jusqu’à notre terre.

Les récits qui montent des tunnels de Gaza ne sont pas seulement des histoires d’otages : ce sont les battements du cœur d’Israël. Des hommes et des femmes arrachés à la lumière, mais qui, même dans les ténèbres d'Ichma'el, ont refusé d’éteindre leur foi.
Ce ne sont pas des âmes brisées, ce sont des étincelles de la lumière éternelle de notre peuple.


Eitan Horen, jeune membre du kibboutz Nir Oz, fut enlevé lors de l’attaque du 7 octobre, alors qu’il tentait de protéger des enfants cachés dans une maison en feu. En captivité à Gaza, il jeûna à Yom Kippour, pour la première fois de sa vie.
Là, dans le ventre d’une terre ennemie, il découvrit la sainteté.
C’est le paradoxe de l’âme juive : là où la liberté extérieure disparaît, la liberté intérieure s’éveille.
Comme le dit le Rambam (Hilkhoth Téchouva 5:2) : « Le libre arbitre est donné à tout homme ; nul ne le lui ôte, même dans la contrainte. »
Eitan a transformé sa geôle en sanctuaire. Là où d’autres auraient maudit, il a prié.

Ségav Kalfon, musicien du kibboutz Beeri, fut capturé dans sa maison, brûlée par les terroristes. Il survécut en silence, caché, avant d’être traîné de force à Gaza. Face aux bourreaux, il voulut réciter Chéma' Israël, non pour défier, mais pour affirmer : Hachem E’had.
C’est le cri d’Avraham Avinou devant Nimrod, celui du Juif qui choisit la signification contre l’absurde.

Rav Soloveitchik écrivait : « La foi est un acte de rébellion contre le vide. »
Dans ce cri, Shégav a affirmé que même l’histoire la plus insensée trouve encore un axe : D-ieu.


Bar Kuperstein, jeune soldat de Tsahal, fut pris vivant dans un des avant-postes proches de la frontière. Blessé, enchaîné, il chantait sans cesse les mots de Rabbi Na’hman :
« ואפילו בהסתרה שבתוך ההסתרה, בוודאי גם שם נמצא השם יתברך »,
« Même dans la dissimulation au sein de la dissimulation, D-ieu s’y trouve encore. »
Le Zohar (III, 47b) enseigne : « Il n’est de lumière véritable que celle qui jaillit de l’obscurité. »
Bar chantait cela au sens littéral : dans la caverne, il faisait jaillir la lumière.

Rom Breslavski, adolescent du kibboutz Reïm, fut arraché à sa famille et conduit de maison en maison, sous les cris des assaillants. Affamé, épuisé, il refusa la nourriture de ses geôliers. « Je suis un Juif fort », répétait il.
Cette phrase, si simple, porte l’écho du Hinéni d’Avraham, du « me voici » qui dit oui à la vocation divine.

Rav Kook enseignait : « Israël ne se définit pas par la négation du mal, mais par l’affirmation de la vie. »
Rom incarnait cette force tranquille avec la certitude d’être du côté de la lumière, même sans témoin.


Élia Cohen, soldat de réserve, fut capturé après de longues heures de combat à la base de Nahal Oz. Privé de ses téfilines et de tout contact, il les reconstituait chaque matin dans sa pensée.

Rav Dessler appelait cela Téfilat hanéfech, la prière de l’âme et l'exprime dans l'un de ses cours de la manière la plus éloquente : « Quand les objets manquent, c’est le cœur qui devient l’autel. »
Élia a rappelé que la Chékhina (la providence divine) n’est pas dans les murs, mais dans la conscience.


Omer Shem Tov, jeune participant du festival de Reïm, fut pris au petit matin, au milieu des corps de ses amis. Dans les tunnels, il apprit à prier, à parler à Dieu comme à un compagnon. Libéré, il dit qu’il lui manque la proximité divine qu’il ressentait là-bas.

Rav Kook disait : « Dans la chute se prépare l’élévation. »
Et Rav Soloveitchik : « Ce que l’homme perçoit comme éloignement est souvent la forme la plus intime de la proximité divine. »
Omer a compris que même dans la détresse, Dieu parle encore.

Ces six visages sont les reflets d’un même feu : celui d’un peuple qui, depuis Avraham Avinou, a appris à marcher dans la nuit sans oublier la direction de la lumière.

La Torah le dit : « ולא נתן ה' לכם לב לדעת ועינים לראות ואזנים לשמע עד היום הזה »,
« D-ieu ne vous a pas encore donné un cœur pour comprendre, des yeux pour voir, et des oreilles pour entendre » (Dévarim 29, 3).
Et pourtant, Israël voit dans l’obscurité ce que les nations ne perçoivent pas en plein jour.

Face à Ichma'el, l’histoire se répète

Ichma’el, « D-ieu entend », mais il n’écoute pas.
Le Midrache (Béréchit Rabba 45:9) dit : « Ichma'el tire l’arc contre le monde », car il transforme la douleur en vengeance.
Israël, lui, transforme la douleur en prière.

Rav Dessler écrit : « La différence entre Israël et Ichma'el est que l’un parle à D-ieu, l’autre crie contre D-ieu. »
La cruauté de Ichma'el n’est pas une idéologie : c’est une absence d’âme.

Le Maharal, explique que « La violence naît quand l’âme se sépare du corps. »
L’homme déconnecté de sa racine divine devient barbare.
C’est ce que nous voyons : la haine sans visage, la mort donnée au nom d’un Dieu qu’on a oublié de sanctifier.
Et pourtant, Israël ne répond pas par la haine, mais par la conscience, car la vengeance appartient à Dieu.

La psychologie juive ne parle pas de résilience : elle parle de « Tikoun » (réparation). Nous ne survivons pas à l’histoire, nous la réparons.
Chaque chute devient matière à sainteté.
Rav Hutner dans son Pa'had Its'hak disait : « Nous ne sommes pas les fils des vainqueurs, mais des survivants, mais survivants dans la lumière, pas dans la peur. »

Et pourtant, le plus dur n’est pas la cruauté d'Ichma'el, c’est le silence du monde.
Le monde contemple la barbarie, et il détourne le regard.
Il pleure les coupables, accuse les victimes, et se croit moral et en position de donner des leçons aux autres.
Ce monde qui a juré “Plus jamais ça” semble n’avoir jamais compris ce qu’il promettait.

Ce même Occident, qui se drape dans les valeurs universelles, tremble devant la menace et s’incline devant les pétrodollars.
Son humanisme s’arrête là où commence la peur.
Qu’aurait-il fait, lui, s’il avait vécu un 7 octobre ?
Aurait-il prié, ou bien crié vengeance ?
Aurait-il encore trouvé la force de se taire devant l’indicible ?

Mais Israël, lui, ne se tait pas. Il prie.
Il sait que le monde peut fermer les yeux, mais le Ciel, Lui, voit tout.
Le Roi David écrit : « כי לא ינום ולא יישן שומר ישראל »,
« Le Gardien d’Israël ne dort ni ne sommeille » (Téhilim 121:4).
Et c’est cette certitude qui nous maintient debout.

Aujourd’hui, alors que nous relisons Béréchite, que tout recommence, ces jeunes hommes nous rappellent que recommencer, pour Israël, ce n’est pas oublier, c’est sanctifier la mémoire.
C’est comprendre que la nuit n’est pas le contraire de la lumière, mais son origine.

Le Zohar le dit : « Il n’est de lumière véritable que celle qui jaillit de l’obscurité. »
Rav Saadia Gaon disait : « Notre peuple n’est une nation que par sa Torah. »
Et c’est précisément cela qui dérange le monde : un peuple qui survit sans haïr, qui se relève sans vengeance, qui prie même pour ses ennemis.

Le monde contemple la cruauté d'Ichma'el et y voit le désespoir.
Mais nous, nous voyons la promesse : que d’un tel abîme ne peut naître qu’une délivrance.
Et si le monde reste complice, silencieux ou aveugle, Israël, lui, continue à parler à D-ieu.

Car tant qu’un Juif, même seul, même brisé, murmure encore Chéma Israël, la nuit n’est pas la fin, elle est le commencement de l’aube.