
Le paradoxe d’Ichmaël face à Ya'acov
Malheureusement, la guerre entre l’islam et Israël ne connaîtra qu’une paix temporaire car elle n’est pas seulement politique, elle est spirituelle. Le monde arabe, dans sa majorité, n’a jamais reconnu l’évidence de l’existence de l’État d’Israël. On ne peut faire la paix avec un pays qui n’existe pas à vos yeux. Cette négation n’est pas un malentendu : c’est une posture métaphysique. À leurs yeux, Israël est une anomalie dans l’ordre du monde, et son effacement serait un rétablissement de « l’ordre divin ».
Chaque trêve, chaque signature d’accord, n’est qu’une respiration avant la reprise des combats. Ce concept dans l'islam est appelé Houdna qui veut dire trêve, le temps de retrouver sa force de combat pour éradiquer l'ennemi. Ce temps n’est utilisé que pour se réarmer, pour reformuler le rêve ancien : effacer Israël de la carte. Tant que la pensée religieuse islamique n’aura pas réformé sa lecture du texte ou plutôt tant qu’elle continuera de lire le monde à travers une théologie de la domination, la paix ne sera qu’un intervalle.
Le wokisme : le cheval de troie de l'islam radical
Mais aujourd’hui, un nouveau facteur s’ajoute à cette guerre : le wokisme.
Cette idéologie, née au cœur du monde occidental, prétend défendre les faibles et réparer les injustices ; en réalité, elle dissout toute hiérarchie, toute distinction, tout sens du vrai et du faux. Le wokisme a rendu le monde civilisé incapable de se défendre. Il a remplacé la responsabilité par la victimisation, la vérité par la sensibilité, et la morale par la culpabilité.
Et l’islam politique plus habile que naïf, a su pressentir cette faille. Il se glisse dans ce discours victimaire avec un art consommé. Il se présente non plus comme une force conquérante, mais comme la victime éternelle du colonialisme et de l’Occident. Ainsi, le bourreau endosse le rôle du persécuté, et le monde, hypnotisé par la rhétorique du wokisme, lui offre le micro, le drapeau et la morale.
La vision des penseurs juifs contemporains
Le Rav Dessler dans son Mikhtav MeEliyahou, explique que celui qui donne véritablement se libère de l’ego, tandis que celui qui prend sans mesure se condamne à l’illusion morale. Le wokisme, en glorifiant le sentiment de victime, transforme la « prise » en vertu. Et c’est précisément ce que l’islam politique a compris : se présenter comme le pauvre blessé pour pouvoir continuer de prendre sans donner.
Le Rav Moshé Shapira, quant à lui, aurait dit que l’effacement des frontières entre le bien et le mal, entre la foi et le doute prépare le terrain à une confusion spirituelle où la vérité devient inaudible. Dans un monde sans repères, celui qui crie le plus fort impose sa vérité. Et dans ce vacarme moral, la voix d’Israël exigeante, mesurée, fondée sur la responsabilité, devient inaudible pour des oreilles saturées d’indignation sélective.
Le Rav Yitz’hak Hutner nous enseigne que la véritable guerre spirituelle ne se joue pas entre les peuples mais entre la lumière et la confusion. La victoire d’Israël n’est pas seulement militaire, elle est dialectique : elle consiste à redonner sens à des mots que le monde a vidés. Le wokisme vide les mots de leur âme, et l’islam politique les remplit d’une ferveur destructrice. Israël, lui, doit les recharger de sens divin.
Rav Soloveitchik l’avait pressenti : l’homme moderne a perdu la notion du covenant, de l’alliance. Il ne vit plus dans un monde d’engagements, mais d’états d’âme. Le wokisme est la forme la plus récente de cette dissolution : il ne reconnaît plus d’alliance, seulement des « émotions morales ». Il ne croit plus en la transcendance, seulement en la sensation.
Ainsi, le monde occidental, jadis porteur d’un certain idéal éthique hérité du Sinaï, s’est effondré dans une culpabilité molle. Et c’est précisément dans ce vide spirituel que l’islam politique prospère : il exploite la faiblesse morale d’un monde qui ne croit plus à sa propre légitimité.
Israël, dans cette configuration, ne peut pas baisser la garde. Car il n’est pas seulement une nation parmi d’autres. Il est, selon le langage du Rav Kook, le cœur moral du monde, le lieu où la vérité divine cherche encore à se dire dans l’histoire.
Le jour où Israël renoncera à croire en sa mission, il deviendra, lui aussi, une victime du wokisme, cette maladie de l’âme occidentale qui transforme toute conviction en oppression et tout discernement en discrimination.
LA PAIX QUI NE SE SIGNE PAS
C’est pourquoi la seule véritable paix ne viendra pas d’une signature politique, ni d’un traité sous les flashs, ni d’une photo avec un président américain trop pressé d’écrire sa page d’histoire, malgré son amour pour Israël et son peuple. La paix viendra lorsque les nations reconnaîtront que la vérité morale ne peut être abolie par le consensus médiatique. Que la force d’Israël n’est pas dans son arsenal militaire mais dans la lumière de son esprit.
Et jusqu’à ce jour, Israël doit rester vigilant, non par peur, mais par fidélité à sa mission.
Il doit se souvenir que chaque arme qu’il invente, chaque technologie qu’il développe, chaque victoire qu’il obtient, n’est qu’un vêtement temporaire d’une sagesse divine qui le guide à travers les tempêtes de l’histoire.
Le wokisme, lui, disparaîtra comme disparaît toute illusion qui se prend pour une morale.
Mais Israël, peuple du discernement, survivra à cette confusion comme il a survécu à toutes les idolâtries du monde, jusqu’à la venue du Machia'h tant attendu, quand toutes les nations reconnaîtront enfin que le D-ieu d’Abraham, d’Its'hak et de Ya'acov est le seul, le vrai, le vivant.