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La communauté juive tunisienne en alerte…

Vendredi 21 Janvier 2011 | 08h29  
 
 
 
 

Respectés et protégés durant le règne de Ben Ali, les Juifs de Tunisie se demandent s’ils auront encore leur place sous le prochain régime dont le profil est encore inconnu… En attendant, ils se font fort discrets.

Chacun retient son souffle dans tout le pays. Pour l’instant, l’écroulement du régime tunisien et les premières violences qui l’ont accompagné ont certes épargné la communauté juive : « Depuis le début des troubles, aucun Juif n’a été touché. Et l’on n’a noté aucun dérapage ni propos anti-juifs, assure le rav Shmouel Pinson, le responsable des activités du mouvement Loubavitch en Tunisie. Malgré tout, les gens ont peur, car Ils ne savent pas ce qui les attend dans les prochains jours… ».

En attendant, la communauté juive de Tunisie applique à la lettre les règles élémentaires de prudence en limitant au maximum les déplacements de ses membres. À Djerba, où vivent un millier de Juifs, les institutions fonctionnent au ralenti, même si l’île - où la présence juive est deux fois millénaire - n’a été encore touchée par aucun trouble (voir le témoignage en page 12).

À Tunis par contre, où l’on compte environ 700 Juifs, la tension est extrême… Cela n’a pas empêché le Beth ‘Habad local - installé… rue de la Palestine - d’ouvrir ses portes durant le dernier Chabbat pour l’office du matin. Située dans le même bâtiment, l’école où sont scolarisés une soixantaine d’enfants est en revanche fermée depuis plusieurs jours. Une mesure prise par les autorités publiques, mais qui concerne aussi tous les établissements scolaires du pays.

Ce qui n’empêche pas le délégué ‘Habad, le rav Binyamin Hattab, de continuer à assurer ses cours de Torah auprès de ses élèves dans des appartements transformés en salles de classe…

Mais si tout un pays se demande à présent de quoi sera fait l’après Ben Ali, les Juifs sont confrontés à une angoisse supplémentaire : le nouveau régime les traitera-t-il aussi bien que celui qui vient de tomber ? Car durant ses 23 ans au pouvoir, Zine el-Abidine Ben Ali avait en effet au moins eu le mérite d’imposer un respect sourcilleux de la sécurité de la petite communauté juive tunisienne. « La situation des Juifs n’a pas été malheureuse sous Ben Ali. Elle ressemblait à celle des communautés juives européennes : sans droits particuliers, mais avec une pleine reconnaissance et une protection renforcée durant les fêtes, explique Claude Sitbon, un sociologue israélien spécialiste de la Tunisie. Il faut le reconnaître : les Juifs ont été jusque-là bien traités ». Une position fragile Une attitude qui est en fait une véritable constante du pouvoir tunisien depuis l’Indépendance, lorsque 100 000 Juifs vivaient encore dans le pays. Et si l’ébauche de relations diplomatiques officielles entre Jérusalem et Tunis qui s’est traduite de 1996 à l’an 2000 par l’échange de chargés d’affaire a fait long feu depuis l’irruption de la seconde Intifada palestinienne, les touristes Israéliens peuvent se rendre dans le pays depuis 1993. Ils sont ainsi nombreux chaque année à participer au pèlerinage de la Ghriba. Par ailleurs, depuis la nomination de Roger Bismuth comme sénateur en 2005, la Tunisie est le seul pays arabe à compter un parlementaire juif...

Dans ce contexte, on pourrait donc imaginer que le grand rabbin de Tunisie, rav 'Haïm Bittan, exprimait bel et bien l’opinion de toute sa communauté lorsqu’à l’occasion des dernières fêtes de Tichri, il demandait en ces termes au président Ben Ali de se représenter en 2104 : « Il est le plus capable d’assurer le progrès et la prospérité des Tunisiens, grâce, notamment, à sa vision perspicace dans la gestion des affaires du pays et à sa faculté de veiller sur son avenir, en nous faisant nous-mêmes profiter de sa politique avant-gardiste ».

Mais ce genre de déclaration trahit justement la position fragile d’une minorité juive vivant dans un régime arabe autoritaire. « C’est la règle du jeu en Tunisie, confirme Claude Sitbon. Comme toutes les personnalités officielles, le grand rabbin ne pouvait tenir aucun autre discours… Toute la différence entre une démocratie et une dictature ‘éclairée’ à la tunisienne se trouve là ! Mais ce que pensaient vraiment les Juifs au fond de leur cœur du pouvoir de Ben Ali, c’est une autre histoire ». Hypocrisie occidentale…

Comme tous les Tunisiens, les Juifs ont en effet vécu dans un État qui ne reconnaissait aucune opposition véritable et où les critiques ne s’exprimaient qu’en petits comités. Mais sans doute plus que d’autres, ils savaient que Zine el-Abidine Ben Ali était un réel rempart contre le fondamentalisme musulman. Une menace réelle, comme l’a démontré l’attentat perpétré contre la synagogue de la Ghriba en avril 2002 qui fit 21 victimes. Une action terroriste revendiquée par Al-Qaïda qui fut sévèrement réprimée par le pouvoir. Cette ambigüité, Méïr Habib l’a constaté encore voilà à peine un mois à l’occasion d’une visite de quelques jours effectuée avec une délégation restreinte de l’American Jewish Comitee.

Reçu par le Premier ministre d’alors, Mohammed Ghanouchi, et le ministre des Affaires étrangères, le vice-président du Crif était lui aussi reparti de Tunisie avec l’impression que « la communauté juive était bien traitée » : « J’ai trouvé un pays plutôt moderne, où l’éducation et le droit des femmes étaient pris très au sérieux. Avec nos interlocuteurs au plus haut niveau, nous avons évoqué la possibilité d’un dialogue avec Israël. Ils n’avaient pas d’ailleurs dit non…, raconte Méïr Habib, encore étonné de la vitesse à laquelle les évènements se sont précipités ces derniers jours. Au-delà de la question de la corruption, je note une certaine hypocrisie des Occidentaux sur la question des droits de l’homme… Cela ne les a pas empêchés durant des années d’entretenir d’excellentes relations avec la Tunisie. Et d’une manière générale, je ne connais pas un seul État arabe qui ne soit pas une dictature… ».

S’ils savent ce qu’ils perdent, les Juifs de Tunisie se demandent s’ils auront encore leur place dans le régime qui naîtra de cette « Révolution du jasmin ». « Comme tout le monde, je suis très inquiet pour eux », reconnaît Méïr Habib. Pour se rassurer, le rav Shmouel Pinson préfère se rappeler la bénédiction que le Rabbi de Loubavitch avait donnée à son père, alors que la communauté juive craignait de payer le prix de la « vengeance arabe » après le bombardement par l’aviation israélienne du siège tunisien de l’OLP qui fit 68 morts en octobre 1985. Rav Nissan Pinson zal, le chalia’h « historique » du mouvement Loubavitch en Tunisie s’était alors entendu répondre ce verset par le Rabbi : « Il ne dort ni ne sommeille le gardien d’Israël ». C’était il y a 26 ans. Mais depuis - et en attendant la suite fort incertaine des événements -, les Juifs de Tunisie sont plus que jamais en alerte…

Un Juif de Djerba témoigne : « Un rien suffirait pour que nous soyons en danger ! » Y. U. a immédiatement accepté de témoigner pour Hamodia, mais à condition que son nom n’apparaisse pas. Pour la communauté juive de Djerba, dont il est l’un des responsables, l’heure est en effet à l’extrême prudence : « Que D.ieu nous garde ! », souffle-t-il.

« Au moment où je vous parle [dimanche 16 janvier-Ndlr], la situation s’est un peu calmée… Je dois dire que vendredi, nous avons eu très peur ! Dans les minutes qui ont suivi l’annonce du départ du président Ben Ali, les très nombreux policiers et militaires qui patrouillaient dans Djerba ont en effet disparu d’un coup… Et à leur place sont arrivés des civils armés de bâtons et de barres de fer, soit disant pour garantir le calme. Si bien que pendant tout le Chabbat, les membres de la communauté sont restés cloîtrés chez eux. Mais dans ma synagogue, nous avons tout de même pu réunir un minyane samedi matin et pas pour arvit, car le couvre-feu nous a interdit de circuler dans les rues de 17h00 à 7h00 du matin.

J’ai moi-même des contacts personnels parmi les officiers de la police. Je viens de leur parler… Ils recommandent de ne pas nous inquiéter, car personne ne va s’en prendre à nous. Mais ils nous ont quand même conseillé de nous organiser et de surveiller qui rentre dans le quartier… Alors depuis, on fait des rondes et des barrages - discrètement parce qu’on ne veut provoquer personne… Mais on prend cela très au sérieux ! Ce n’est pas un jeu : beaucoup de gens sont morts depuis un mois.

Djerba a été épargnée par les émeutes, mais dans les villes voisines il y a eu des incendies et des pillages… On suit à la télévision ce qui se passe dans le reste du pays, surtout grâce aux chaînes étrangères. En fait, la Tunisie est entrée dans une nouvelle époque, et personne n’a la moindre idée de ce qui peut arriver… Tout peut basculer d’un coup ! Bien sûr, en tant que juifs, on est encore plus inquiets… Certes, jusqu’à présent personne n’a rien dit contre nous, mais on sait bien qu’un rien suffit pour que nous soyons en danger ! À vous, je peux le dire : pour nous, le départ de Ben Ali, c’est une grande perte… Vraiment, c’est dommage qu’il soit parti, car il était bon pour les Juifs : il nous protégeait et respectait nos droits. D’ailleurs, même les touristes israéliens étaient les bienvenus ici : dans un pays arabe, vous vous rendez compte… ? Il nous a tout donné et n’a jamais laissé personne toucher à un cheveu de nos têtes. On verra bien avec ceux qui vont le remplacer, mais j’espère qu’ils suivront la même voie. D’ailleurs, à nos yeux, ils joueront évidemment leur réputation là-dessus. Les Juifs, c’est toujours un sujet sensible, et espérons qu’ils ne voudront pas se fâcher avec la France ou les États-Unis…

Je ne pense pas qu’on risque de « payer » le prix de ces bonnes relations… C’était la même chose pour tout le monde ici : tant qu’on était tranquille, ça se passait bien. Certains disent que les Arabes ne peuvent pas vivre en démocratie. On verra bien... Le pire en ce moment, ce sont les rumeurs : elles arrivent dans tous les sens ! On dit ainsi que la police a « enlevé » des gens, qu’on tire sur la foule depuis des ambulances, ou que l’eau a été « empoisonnée ». Or, je ne sais pas si c’est vrai ou faux… Depuis quelques jours, tout semble possible, et pour nous les Tunisiens, c’est vraiment très nouveau cette incertitude !

Chez les Juifs, la grande question, c’est de savoir s’il faut partir quelques jours à l’étranger - en France ou en Turquie -, le temps que les choses se calment... Moi je reste ! J’ai une maison, un magasin, et il vaut mieux être sur place. Et puis si les cadres de la communauté commencent à fuir, ça va être la panique…

Ce n’est pas facile de supporter toute cette tension. En attendant, nos rabbins ont décrété un « jeûne de la parole » d’une semaine pour toute la communauté afin d’attirer la Protection divine. Nous les Juifs d’ici, nous avons les mains nues, et la seule chose qui nous protège vraiment, c’est notre émouna. Que D.ieu nous aide ! »…

Source : Hamodia
   


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