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Les cow-boys juifs d'Argentine

Lundi 10 Janvier 2011 | 10h08  
 
 
 
 

Voilà deux cent ans, en 1810, l’Argentine proclamait son indépendance. L'occasion pour Hamodia de s’intéresser à ses communautés juives et en particulier à l’histoire si étonnante des "Gauchos Judios"

Les années 1850-1950 sont synonymes des grandes vagues d’immigration vers les Amériques. Alors que l’immigration urbaine des Juifs européens vers l’Amérique du Nord (États-Unis, Canada) est bien connue, l’histoire de l’immigration rurale d’Amérique du Sud est bien souvent oubliée. À partir de 1853, l’immigration européenne est largement encouragée en Argentine. Cet immense pays, situé à l’ouest du Brésil et dont les provinces s’étendent jusqu’à la pointe du continent sud-américain, ne possède en 1869 que deux millions d’habitants. Huitième plus grand pays au monde par sa superficie, l’Argentine recherche désespérément des populations prêtes à la peupler. C'est pourquoi elle offre à de nombreuses sociétés et à très bas prix, de vastes terrains agricoles qui n’attendent que d’être cultivés. C’est ainsi que de nombreux européens séduits par ce défi vont prendre la route vers l’hémisphère sud. De facto, les multiples vagues d'immigration des années 1850-1950 vont permettre à l’Argentine d’atteindre une population de 20 millions d’habitants quelques années après la Seconde Guerre Mondiale.

En 1850, très peu de Juifs vivent en Amérique du Sud. En effet, l’Inquisition, qui n’a été supprimée qu’en 1834, les empêchait de venir s’y installer. Au cours de ces mêmes années, de tragiques circonstances vont provoquer l’immigration de Juifs d’Europe de l’est vers l’Argentine. C’est tout d’abord entre 1881 et 1884 qu’ont lieu en Russie de terribles pogroms contre les populations juives à la suite de l’assassinat du tsar Alexandre II. À cette époque, le monde juif tout entier est horrifié par ces agressions mais très peu de Juifs disposent d'un statut qui leur permettrait d’agir en faveur de leurs frères dans la détresse. Il existe cependant quelques familles juives très aisées qui vont consacrer tout ou partie de leur richesse à créer des Fondations philanthropiques particulièrement conséquentes. C'est le cas des familles Rothschild, Montefiore, ou Hirsch.




Baron De Hirsh
Le baron Maurice de Hirsch, est un bavarois qui a fait fortune dans la finance. À la mort de Lucien leur unique enfant, Maurice de Hirsch et son épouse décident de se consacrer à des œuvres charitables. Peu après l’annonce des pogroms russes, le Baron de Hirsch crée en 1891 la Jewish Colonization Association (La Société Juive de Colonisation), JCA. Cette société fondée à Londres avec un capital de plus de 6 millions de Livres Sterling (l’équivalent de plus de 100 millions d’euros d’aujourd’hui) à pour but d’aider les Juifs opprimés d’Europe de l’Est à entamer une nouvelle vie aux Amériques. Le Rambam nous enseigne que le plus haut niveau de tsédaka est d’enseigner un métier à une personne dans le besoin ou bien lui donner un travail. C’est exactement ce que le Baron de Hirsch fait. Plus de cent mille hectares de terres sont ainsi achetés sur le continent américain afin d'encourager l’immigration des communautés juives. C’est au Canada, au Brésil et surtout en Argentine que des fermes vont être fondées pour accueillir les rescapés des pogroms.

Dans donc dans ces nouvelles contrées vierges de l'Argentine que les Juifs d’Europe de l’Est vont alors devenir des « gauchos », l’équivalent espagnol du mot cow-boy, des vachers et des fermiers. Les régions dans lesquelles ils vont s’installer sont celles de Santa Fe et celle plus connue de la Pampa : des immenses pâturages où des milliers de vaches paissent. Encore aujourd’hui la majorité de la viande casher consommée en Israël est importée de cette région. Ces immenses terres agricoles sont aussi les plus proches de la province de Buenos Aires où les premiers Juifs se sont installés à partir de 1855. Ainsi des colonies agricoles fleurissent dans diverses régions d’Argentine. En 1894, 563 familles, soit 3112 personnes débarquent en Argentine pour inaugurer de nouvelles implantations disséminées dans différentes régions : les premières implantations se nomment Moisesville(voir encadré), Mauricio, Clara, Carmel, Ida, Rachel, Rosh Pina, Baron de Hirsch, San Antonio. Malgré des débuts difficiles, les colonies ne cessent de se développer à tel point qu'en 1925, 22 % de la population juive du pays vit au sein d’une colonie.

Au cours des premières années, entre 1889 et 1905, la vie dans ces colonies est extrêmement précaire. Lorsque les premiers immigrés arrivent sur le sol argentin, les transactions pour l’achat des terres ne sont pas encore terminées. Après avoir séjourné pendant quelques semaines dans l’hôtel de la JCA, les immigrants s'installent ensuite sous de vastes grandes tentes avant de pouvoir enfin construire, de A à Z, les bâtiments des colonies. Bien entendu, comme toujours dans l’histoire du peuple juif, les premiers bâtiments construits sont les synagogues, les mikvaot et les écoles. Ces mêmes premières années sont également difficiles d’un point de vue climatique : années de sécheresse ou, au contraire, de pluies diluviennes se succèdent. La nourriture de base manque terriblement et le seul ingrédient qui trouve en profusion est la viande. Beaucoup d’immigrés fraîchement arrivés décèdent, en particulier de jeunes enfants.

Les différences culturelles entre les Gauchos argentins et les Juifs sont aussi très importantes. D’un côté, il y a ces Juifs pieux qui quittent l’univers religieux du Shtetl et qui espèrent recréer le même monde de l’autre côté du globe. La Hala'ha tient une place primordiale dans leurs vies ainsi que la place de la famille et celle de l’éducation des enfants. De l’autre côté, on trouve des hommes qui passent leur vie à cheval, des nomades athées, qui ne créent pas généralement de famille et qui vivent sans normes et lois. À tout cela, il faut bien sûr, ajouter le problème de la langue, l’espagnol, que les Juifs ne possèdent pas encore suffisamment. Ces différences vont être le prélude à des épisodes tragiques comme l'assassinat de quelques Juifs fraîchement arrivés, le plus souvent pour des raisons d’incompréhension mutuelle.


Grande synagogue de Buenos Aires
Il faut aussi souligner que l’immigration juive agricole en argentine va provoquer des changements dans la vie des habitants locaux. Tout d’abord, une transformation du régime alimentaire : les " gauchos " jusqu’à là ne mangeaient que de la viande à tout leurs repas. Les juifs apportent un changement à cette diète en justement consommant d’autres aliments : cela sûrement pour des questions de cacherout. Les immigrés vont aussi apporter avec eux la culture du tournesol : plante jusqu’alors particulièrement cultivée en Russie. Mais surtout, ce sont des réformes « sociales » que ces Juifs vont amener. Des fonds prêtant à crédit et sans intérêts, sont créés pour pouvoir permettre aux paysans de se développer ou bien de tenir le coup face aux années rudes. Il est particulièrement étonnant de constater avec quelle rapidité ces anciens commerçants et artisans se convertissent à la vie agricole. La population locale est aussi étonnée à la découverte des lois de Cacherout et des journées chômées par respect du Chabbat et des ‘Haguim.

Le rav rav Aharon Halévi Goldman qui fut l'un des leaders spirituels de ces colonies décrit parfaitement bien le sentiment profond de ces Juifs qui y ont trouvé refuge : « Moché (Rabbénou) a guidé les Juifs hors des difficultés d’Égypte et les a libéré de l'esclavage. Après avoir quitté la Russie tsariste et être arrivés dans cette Argentine libre, nous nous sentons comme nos aïeux». La référence à Moché est bien sûr un clin d’œil au nom juif du baron Moché. Cette sensation de liberté et de bonheur argentin se retrouve aussi dans les noms que les immigrés donnent à leurs enfants : de nombreux sont nommés Moisés ou bien Argentino. Au total, ce sont 617 000 hectares qui sont achetés par la JCA et consacrés aux colonies, et en 1915 on dénombre 250 000 Juifs qui les peuplent. La vie juive y est florissante et de nombreux ouvrages y sont écrits. La langue la plus employée par ces habitants est le Yiddish et la littérature, où la vie de ces fermes juives est décrite, est très nombreuse.

À la fin des années 1930, la JCA n'arrive à persuader que 430 familles d’Allemagne de venir la rejoindre en Argentine. Les portes de l’Argentine se ferment de nouveau à l’immigration juive. La fin de la seconde guerre mondiale et la création de l’État d’Israël correspondent également à la fin de la JCA. Au fil des ans, de plus en plus de jeunes des colonies participent à l’exode rural et quittent les colonies pour partir s’installer dans la ville et les banlieues de Buenos Aires. De telle sorte qu'aujourd’hui, par exemple, 120 ans après la création de Moisésville, seuls 15 % de ses habitants sont juifs, soit une centaine de familles sur 2 700 habitants ! De facto, cette assimilation suffirait à justifier la fin de ces colonies et le retour du peuple juif sur sa terre. Eliana Gurfinkiel

La philanthropie participative du baron de Hirsch Le concept que propose le Baron de Hirsch est tout à fait nouveau : les employés de la Jewish Colonization Association se rendent alors dans les pays d’Europe de l’Est pour recruter des familles entières. Le Baron croit en la formation agricole : il souhaite permettre à chacun d’apprendre un métier agricole qui lui permettra de subvenir à ses propres besoins. Cette idée est pour l’époque révolutionnaire dans le monde juif. En effet, depuis la destruction du Second Temple et l’exil de Rome, les Juifs n’ont jamais eu le droit à la propriété. Être un propriétaire terrien est considéré, jusqu’au milieu du XIXe siècle, comme un privilège, très souvent réservé à la noblesse. Le système proposé par le baron est simple : c’est une philanthropie participative. Chaque famille qui vient s’installer dans les colonies signe un contrat avec la JCA dans lequel elle s’engage à rembourser, sans intérêts, et une fois installé, l’argent qu’on lui aura prêté. Cette idée, initiée par un autre Juif le Dr Lowenthal, permet aux immigrants de rapidement devenir autonomes et de financer les prochains arrivants. En effet, cinquante ans avant la Shoah, le baron de Hirsch estime qu’il n’y a plus d’avenir en Europe pour les Juifs et qu'il serait bon que les juifs la quittent. E.G.

Kiriat Moché, la colonie juive argentine C'est en 1889 qu'est créée la ville de Kyriat Moché, plus connue sous le nom de Moisésville, en l’honneur du Baron Maurice de Hirsch dont le prénom hébraïque était Moché. Cette colonie se trouve dans le département de San Cristobal, dans la province de Santa Fe. Ses fondateurs sont 130 familles (815 personnes) arrivant de la ville de Kamenetz en Russie. Ils sont conduits par le rav Aharon Halévi Goldman. Très rapidement d’autres Juifs d’Europe Centrale vont les suivre et c’est ainsi que quarante-deux autres familles vont arriver de Grodno à la colonie entre 1894 et 1895. Grodno est la plus célèbre de toutes les colonies mais aussi la première. Et c'est ainsi qu'elle va servir de centre administratif, communautaire, commercial et culturel. La ville de Moisésville se voit bientôt dotée d’une grande synagogue, d’un Bet-midrach Hagadol, d’un hôpital où les soins sont gratuits et les médicaments à coût réduits, et de deux bibliothèques riches de plus de 3 000 ouvrages. Une salle des fêtes est aussi construite pour permettre à la colonie de voir des spectacles tout au long de l’année. Au fur et à mesure, toutes les colonies vont, elles aussi, se doter de synagogues, de mikvaot et de salle des fêtes.

Source : Hamodia
   


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