Retrait d'un jeu vidéo sur la révolte des Sonder Kommandos d'Auschwitz

Pour répondre à la question : " comment faire disparaître des millions d'êtres humains dans un temps aussi bref que possible ?", le nazisme mit en place les camps de la mort.

Dans les camps de "l'Aktion Reinhardt", ce furent des chambres à gaz fixes où était utilisé le monoxyde de carbone produit par un moteur. A Auschwitz-Birkenau ils utilisèrent le Zyklon. Ces camps étant devenus "Todesfabrike" (all.), "Továrny na smrt" (tch), "usines de mort" ; il fallut du personnel pour y travailler. Ce furent les Sonderkommandos (SK).

À leur arrivée dans les camps d'extermination, les déportés des convois, éprouvés par les conditions de transport que l'on sait et, dans le cas des Juifs qui arrivaient de ghettos, dans un état d'épuisement physique et mental extrème, étaient immédiatement gazés, à l'exception de quelques uns qui étaient utilisés aux travaux du camp, c'est à dire essentiellement à "l'usine de mort".

A Auschwitz en revanche, ils étaient la plupart du temps "sélectionnés". C'est-à-dire triés en deux groupes, ceux qui iraient vers les chambres à gaz puis les fours crématoires, et ceux qui n'iraient pas encore. Dans ce premier groupe, les médecins SS plaçaient tous les gens physiquement faibles (la plupart des femmes, les enfants, les personnes âgées). Le second groupe (représentant un faible pourcentage) était ensuite réparti dans divers commandos de travail, occasionnellement selon les compétences personnelles des déportés.

Parmi les prisonniers de ce groupe, des hommes jeunes et robustes étaient affectés aux Sonderkommandos. Ce terme signifie : commandos spéciaux. Pour être "spéciaux" ils l'étaient.

A Auschwitz puis Birkenau, ces hommes ont découvert avec horreur les "Krematorien" (lieux regroupant la salle de déshabillage, la ou les chambres à gaz et la salle des fours) qui seraient leurs lieux de travail. Bien souvent leurs premières heures étaient d'une violence inimaginable puisqu'ils étaient amenés à devoir sortir leurs femmes, sœurs, divers parents et amis des chambres à gaz pour les incinérer.

Aucun des membres des SK n'aurait dû survivre : ils étaient aisément "liquidés" et remplacés par une sélection parmi les nouveaux arrivants dont le premier travail serait d'éliminer les corps de leurs prédécesseurs. Aucun ne devait survivre parce qu'ils en savaient trop. Leurs témoignages aujourd’hui nous sont (ou devraient nous être ?) d'autant plus précieux que personne d'autre ne peut dire ce qu'ils savent. Mais on leur a reproché d'avoir été ce qu'on leur a imposé d'être.

Comment revenir dans la vie après la nuit des camps ? Comment redevenir un humain vivant dans son propre regard et dans le regard d'autrui a fortiori si celui-ci vous rend coupable de l'épouvante que vous avez vécue, voire vous classe dans une catégorie de collaborateurs de l'extermination et des bourreaux ? Comment se supporter soi-même au regard de ce que l'on a dû faire ? Comment supporter les images d'horreur qui vous assailliront indéfiniment et que vous avez honte de formuler, que vous ne pouvez supporter d'entendre hurler dans votre tête, que personne n'a la force d'entendre, que vous n'avez pas la force d'exprimer, que vous ne pourriez exprimer car il vous semble que les mots n'existent pas ?

Extrait et traduit de www.sonderkommando.info

On peu aisément comprendre les réactions outrées engendrées par le lancement d'un "jeu" vidéo sur le sujet.

Un Israélien qui a conçu un jeu vidéo basé sur un soulèvement juif à Auschwitz a annulé son lancement, en disant qu'il est bouleversé par la réaction négative.

"Sonderkommando révolte", développé par Maxim Genis, est vaguement basé sur le soulèvement juif contre les gardiens du camp en Octobre 1944. Son protagoniste est un prisonnier du camp de concentration qui se venge sur les gardes.

L'objectif était pour le personnage d'assassiner un haut fonctionnaire nazi qui aurait supervisé la construction d'un nouveau crématoire.

Né en Ukraine, M. Genis a dit qu'il avait perdu de nombreux membres de la famille dans l'Holocauste. Il vit maintenant à Carmiel et a entamé le développement du jeu depuis 2007.

Il a déclaré: "J'ai fait beaucoup de recherches pour le jeu dans lequel je voulais montrer les Juifs se révoltant contre les nazis. Je voulais leur rendre hommage Mes intentions étaient pures et pro-juif dans tous les sens...."

Mais la critique en ligne sur le sujet (L'Anti-Defamation League afait pression sur M. Genis pour qu'il annule le lancement du jeu) , l'ont amené à renoncer à son projet.

Source : www.thejc.com