La soif grandissante de spiritualité juive
commence à atteindre l’un des bastions les plus « résistants » de la laïcité : le Kibboutz. Au nord d’Israël, près de la frontière libanaise, le Kibboutz Bar’am a été créé en 1948 par des jeunes du mouvement socialiste « Hashomer Hatzaïr » et des combattants du Palmah’.
Aujourd’hui, Bar’am est l’un des rares kibboutzim qui a gardé son idéologie collectiviste et ne s’est pas engagé dans la privatisation comme tant d’autres l’on fait, souvent par nécessité. On y trouve encore le traditionnel réfectoire commun et la lessive des membres est encore faite dans la buanderie collective. Et bien que Bar’am renferme l’une des synagogues les plus antiques du pays, datent du IIIe siècle, elle n’est fréquentée que par les touristes et les étudiants en Archéologie ou en Histoire !
Mais depuis quelques temps, il s’est créé dans le kibboutz un petit groupe de membres qui se réunit toutes les deux semaines pour étudier des passages du Talmud ! L’initiative en revient à l’un des membres, Dr. Menha’em Zucker, directeur-général adjoint d’une entreprise du Kibboutz, et qui a part ses aptitudes dans la recherche, est également féru de l’étude du Talmud, qu’il enseigne par ailleurs.
Zucker a même écrit des brochures dans lesquelles il résume ses cours, qu’il tient absolument à dispenser bénévolement. Il a confié l’engouement qui est né lorsqu’il a proposé de donner des cours : « Quand j’en ai parlé, je pensais que seuls quelques individus isolés se rendraient à mes cours. Mais j’ai découvert une véritable soif d’apprendre, et à chaque cours, nous nous retrouvons une trentaine au Musée ‘Bar-David’ qui se trouve dans le Kibboutz ».
Le Dr. Zucker relève « l’insatisfaction des participants…quant à la trop faible fréquence des rencontres !! » En effet, il leur avait proposé un rythme d’une séance de 45 minutes par mois, mais sous la contestation des participants qui réclamaient une heure et demie par semaine, ils sont arrivés au compromis d’une heure par quinzaine ! Le contenu des cours évolue également en fonction de la demande des étudiants : « Au début », note Dr. Zucker, « on étudiait des passages choisis du Droit hébraïque, par thèmes, mais maintenant ils veulent étudier page après page…’comme le font les religieux’! »
Zucker précise « que son objectif n’est pas du tout de faire réaliser une ‘Techouva’ aux participants à ses cours », « mais de leur montrer que le Talmud renferme des prodigieux trésors, et qu’il est une production originale de la pensée juive et hébraïque ». « Les élèves sont très sérieux et studieux », conclut-il, « ils prennent beaucoup de notes, posent beaucoup de questions sans tabous, et manifestent un profond désir de renouer avec …leur propre culture ! »
Source : Actu.co.il