Un jeune Barmitsva de 91 ans

Un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, d’origine hollandaise, vient de fêter sa Bar Mitsvah au Kotel à l’âge de 91 ans. Hans De Leeuw, qui a combattu les Nazis pendant la Shoah, a mis dimanche les Téphilines (phylactères) et a revêtu le talit (châle de prières) avec la conviction de vivre un moment exceptionnel, lors d’une cérémonie extrêmement émouvante.

On peut se demander pourquoi il a attendu aussi longtemps pour célébrer sa majorité religieuse … avec « quelques » années de retard. Il a expliqué qu’il ne l’avait pas fait plus tôt à cause de l’éducation laïque qu’il avait reçue et également à cause de la guerre. Et il a ajouté que jusqu’à ce jour, « quelque chose manquait dans sa vie ».

Pour mieux comprendre la démarche tardive de Hans, il faut revenir à l’année 1932 lorsqu’il a atteint l’âge de 13 ans. La situation était totalement différente, l’adolescent ayant grandi dans une famille assimilée vivant à Rotterdam. Hans avait un frère jumeau, Eddie, qui ignorait comme lui la coutume de la Bar Mitsvah. Ils prirent conscience de leur appartenance au peuple juif des années plus tard, lorsque leurs parents furent assassinés à Auschwitz.

Le jeune garçon a quant à lui échappé de justesse aux Nazis et s’est enfui à Anvers. En 1940, il a réussi à quitter la Belgique pour l’Angleterre où il a rejoint les forces alliées. Par la suite, il a pris part au débarquement en Normandie avant de retourner à Anvers avec les libérateurs de la ville.

Pendant la guerre, il a rencontré Hetty, une Juive assimilée comme lui, et ils se sont mariés. Le couple a eu trois enfants. La famille a vécu pendant de longues années au Canada sans aucun lien avec ses racines juives. Mais tout a changé il y a quinze ans après le décès de Hetty. A ce moment là, Hans s’est mis à chercher un sens à son existence et a commencé à fréquenter la synagogue réformée de son quartier. Il a alors assisté aux offices et a décidé de visiter Israël.



Le véritable tournant a eu lieu en fait il y a six mois, lorsque Hans est allé à Bratislava pour une rencontre de vétérans de la Seconde Guerre mondiale, en arborant toutes ses médailles militaires. « Cette conférence a changé ma vie, a-t-il raconté. J’ai vu un Juif qui avait une kippa sur la tête. C’était l’ancien ambassadeur Itshak Méir. Je me suis approché de lui et je me suis présenté”.

« Il portait un béret brun et beaucoup de décorations sur la poitrine », se souvient Méir. Je lui ai demandé son nom et quand il m’a dit qu’il s’appelait De Leeuw, je me suis souvenu que cela venait de Lévy. Quand je lui ai demandé l’origine de son nom, ses yeux se sont remplis de larmes et il a murmuré: « Je m’appelle Eliézer Ben Moshé et je n’ai jamais célébré ma Bar Mitsvah ».

Méir a poursuivi son récit: “Sa fille, qui l’accompagnait, a failli s’évanouir. Quant à moi, je lui ai dit : « Pas de problème, je vais organiser une fête pour vous ». Lorsqu’ils ont continué leur conversation, les deux hommes ont découvert qu’ils avaient quitté Anvers le même jour, et Méir a alors été convaincu que cette rencontre n’était pas le fait du hasard. Finalement, la Bar Mitsvah a été organisée avec des enfants de familles défavorisées, par le Yaldenou Fund.

Hans était très ému au Kotel, durant la cérémonie. Le vieil homme a déclaré qu’il accomplissait un rêve et a décidé que désormais, il fallait l’appeler par son nom hébraïque. En pleurant, il a annoncé: « Je ne m’appelle plus Hans, je suis Eliézer ».

Une très belle histoire rapportée par le site Ynet, du Yediot Aharonot.

Source : Actu.co.il