Arieh Deri se déclare inquiet

Arieh Deri, l’ex leader du parti séfarade orthodoxe qui a vu le jour dans les années 80, s »investit sans relâche ces derniers jours afin de parvenir à un compromis à même de contenter la population religieuse ainsi que les juges de la Cour suprême. L’un des principaux objectifs qui ont motivé la fondation de ce parti fut précisément de lutter contre les dissensions entre séfarades et ashkénazes dans le monde orthodoxe.

«Je ne m’occupe plus que de ce problème, ces derniers jours, a-t-il déclaré, car il faut absolument éviter une déchirure qui risque de nous entraîner dans une situation dont je suis incapable de prévoir la gravité.» Pour lui, le problème ne consiste pas en une ségrégation entre les différentes communautés du pays, mais bien plus dans le conflit qui oppose le tribunal laïc aux instances rabbiniques, seule référence judicaire valide pour les orthodoxes. Il s’est expliqué sur les ondes de Galé Tsahal.

«J’avoue que je suis très inquiet. Je m’efforce jour et nuit de parvenir à un arrangement. Le problème essentiel se trouve chez la Cour suprême. Une fois de plus, elle a émis un verdict sans prendre connaissance des tenants et des aboutissants sur le terrain. C’est le tribunal qui, une fois encore, a mis le feu aux poudres. Il est évident qu’il y a des distinctions entre séfarades et ashkénazes, dans le monde orthodoxe, certes, mais aussi au tribunal et dans les médias. Aucun milieu n’est épargné. Dans le cas de ce malheureux village, Emannuel, ils lui sont tombés dessus à bras raccourcis. Dans ce programme qui met tout le pays en émoi, il y a en tout 50 élèves du mouvement hassidique de Salonim, et 24 séfarades.

Je me tue à insister auprès des Séfarades pour qu’ils fondent leurs propres écoles, mais ce qui importe aujourd’hui, c’est de trouver ce qui nous rapproche, ce qui nous unit. Le tribunal n’est pas censé résoudre tous les problèmes, il ne faut pas oublier que, pour cela, il y a un gouvernement, en Israël. Le problème a été jugé par le tribunal. Je vous pose la question: n’aurait-il pas été préférable, devant ce profond problème de société, de s’adresser à des rabbins instruits de la question pour un arbitrage? N’aurions-nous pas alors évité ce drame?»

D’autres personnalités se sont engagées pour essayer d’arriver à un terrain d’entente. Shimon Pérès s’est adressé jeudi matin aux députés. Il a d’abord demandé de faire en sorte d’éviter les inégalités dans les institutions éducatives. Il a ensuite insisté sur l’importance d’un compromis à l’amiable, qui ne devra se faire qu’avec l’accord des rabbins. Pérès s’est déclaré confiant. Le grand rabbin David Grossman, qui s’est entretenu avec le président, a déclaré:

« »Les disciples des Sages font avancer la paix dans le monde ». Nous sommes obligés de lutter contre l’exclusion et les dissensions, pour faire régner la paix. J’espère que les efforts du président seront couronnés de succès. Il s’est engagé à faire tout ce qu’il pourra pour réconcilier les parties.»

Le grand rabbin d’Israël, le Rav Metzger, ainsi que d’autres membres éminents du grand rabbinat, ont rédigé une lettre, dans laquelle ils demandent avant tout d’éviter toute discrimination dans la localité d’Emmanuel, mais d’autres membres s’étant opposés à cette initiative, la lettre n’a pas été remise. Le Conseil des Sages, présidé par le Rav Ovadia Yossef, s’est déclaré choqué par la situation qui sévit dans la ville d’Emmanuel. Il en a fait part au président du parti Shass, Elie Ychaï, ministre de l’Intérieur. En revanche, il considère que l’ingérence de la Cour suprême dans cette affaire est déplacée. Le Conseil des Sages, pour sa part, a préféré recommander le calme. Il a lancé un appel à la population orthodoxe séfarade pour qu’elle ne se rende pas aux manifestations.

Source : Actu.co.il