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Les Juifs de Shanghai racontés par leurs voisins chinois

Jeudi 10 Juin 2010 | 10h35  
 
 
 
 


La synagogue Ohel Moshé de Shanghai
était le lieu de rassemblement de la communauté juive.
Photo: Coco Liu , JPost
Ils sont chinois. Ils ne sont jamais allés à l'université. Ils ne parlent que quelques mots d'anglais, mais sur l'histoire des juifs de Shanghai, ils sont incollables. Dans les années 1940, ils ont partagé le destin de ces Juifs venus se réfugier aux confins de la Chine. De fin 1941 à 1945, 20 000 Juifs ont quitté l'Europe et les grondements de la guerre pour venir s'installer dans la ville occupée par les Japonais, la seule au monde que l'on pouvait rejoindre sans visa. Là-bas, ils vivaient dans une zone assignée de 2,5 km2, dans le quartier populaire de Hongkou, au milieu des autres Chinois. Peu de Chinois ont parlé de cette époque, ni en public, ni en privé. Mais ils n'ont pourtant rien oublié. Aujourd'hui, trois habitants de Hongkou se souviennent. Zhuang Xiumei : ils me disaient "Hello". Il y a 63 ans, Zhuang Xiumei emménage au 71, rue Zhoushan, dans une maison de trois étages qu'elle partage avec deux voisins juifs. A l'époque, Zhuang se lève à l'aube pour aller travailler dans une usine de chaussures, elle rentre tard et n'a pas vraiment l'occasion de faire connaissance avec ses voisins du dessus. Alors quand ils se croisent dans les escaliers, c'est toujours la même conversion : "Hello", lance le grand Juif en hochant la tête. "Hello", répond Zhuang sans avoir la moindre idée de ce que signifie ce mot. Et c'était tout. Elle n'avait que 20 ans et trop de timidité pour oser poursuivre la conversation. Mais pourtant, elle observait avec curiosité l'homme du troisième étage et la femme du second.

"La femme portait toujours des longues robes et un manteau, l'homme était toujours en costume, peut-être était-il dans les affaires", se souvient Zhuang. Ils mangeaient de la nourriture très exotique pour la jeune Chinoise, notamment du pain.

Comme la plupart de leurs coreligionnaires, les voisins de Zhuang ont quitté la Chine dans les années 1950. En partant, ils laissent à Zhuang et son mari une table en bois, qu'ils ont toujours dans leur appartement noirci de la rue Zhoushan. "Parfois je regarde par la fenêtre les gens passer dans la rue et je me demande ce que qu'ils sont devenus. Je me dis que si nous nous retrouvions ils ne me reconnaîtraient pas, je suis devenue une vieille femme aux cheveux blancs et j'ai perdu toutes mes dents", souffle Zhuang. Ses voisins juifs ne sont jamais revenus, mais la vieille femme affirme avoir vu de jeunes Juifs visiter l'immeuble. "Sûrement des enfants ou des petits-enfants", déduit-elle. "Et en me voyant sur le pas de ma porte, ils m'ont dit 'Hello'."

Cao Xingfu : leur vie était aigre-douce. Assis au milieu de la synagogue Ohel Moshé, Cao Xingfu fredonne une chanson que les Juifs lui avaient apprise dans les années 1940. A l'époque il tenait la droguerie qui faisait face à la synagogue. Il aidait souvent, réparait un tuyau et leur apprenait quelques mots de chinois. Il s'est fait des amis, et même de bons amis. Encore aujourd'hui, certains Juifs qu'il ne connaît pas viennent le voir et lui offrent de petits présents. Lorsqu'on lui demande son impression sur la vie de cette communauté de réfugiés, sa réponse est aussi courte qu'intelligente, simple que joyeuse : "aigre-douce".

D'après Cao, de nombreux Juifs tenaient des magasins de vêtements ou de cigarettes dans le quartier. Certains offraient toute sorte de services, comme son ami juif qui avait inventé une technique pour nettoyer les outils, qui faisait fureur dans le quartier. Pour d'autres, la vie était beaucoup plus difficile. "Un jour j'ai vu un Juif qui voulait se faire engager comme tailleur de pierres, un boulot vraiment épuisant que même un âne ne pourrait pas faire. Deux jours plus tard, le tailleur de pierres chinois démissionne et le Juif prend sa place. Vous pouvez imaginer ça ? Il devait être plus pauvre que pauvre", se souvient Cao.

Riches ou démunis, il semble que les Juifs de Shanghai aimaient leur vie d'alors. Le soir, ils allaient prendre un café, bavarder dans la rue. Parfois, ils dansaient et chantaient dans la synagogue du quartier. Soixante ans plus tard, le vieillard de 83 ans se souvient toujours d'une de ces chansons, et la fredonne au milieu de la synagogue déserte : "Je ne me rappelle plus bien les paroles, mais je me souviens de leur joie lorsqu'ils la chantaient."

Xu Zhaodi : les Juifs, nos charmants voisins. C'est presque un "frère" qu'a connu Xu lorsqu'elle vivait dans le même immeuble qu'un réfugié juif de Shanghai. "Quitte à être à Shanghai, autant faire comme les Chinois" : telle était la devise du voisin de Xu, un Juif d'une quarantaine d'année qui appelait les anciennes "nainai" et les anciens "yeye", une marque de respect selon la coutume chinoise. Quant à la petite fille, il l'appelait "meïmeï", "ma sœur" en chinois. Lorsqu'il la croisait dans la rue il lui lançait : "Meïmeï, tu vas à l'école, dis ?" D'après Xu, sa famille aimait beaucoup ce voisin étranger : "En fait, ni ma famille, ni aucune famille n'a jamais eu de problèmes avec les Juifs du quartier. Tout le monde appréciait leur courtoisie", précise-t-elle.

Courtois, mais surtout bienveillants, les Juifs s'occupaient souvent des enfants du quartier. "Ils nous offraient des friandises. Jamais mes voisins chinois n'auraient fait ça !", se souvient Xu. "J'étais triste lorsqu'ils sont partis", regrette Xu qui a maintenant

76 ans et plus aucun contact avec les anciens réfugiés juifs. Elle aimerait savoir ce qu'est devenu son "frère" juif. "A l'époque, nous n'avions rien, mais maintenant nous avons des retraites et des pensions", poursuit-elle. "Les Juifs ont aussi vécu des moments difficiles, j'espère que maintenant tout va bien pour eux, et même mieux encore que pour nous."

Coco Liu, mariée à un Israélien, est journaliste à Shanghai. cliu.info@gmail.com

Source : JERUSALEM POST
   


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