Univers Torah - Vivre la Torah | Infos : Les Rabbins européens contre la Cour Suprême

La Cour Suprême d'Israël

De la même manière que nul ne comprend qu’Israël soit le seul pays qui interdise aux Juifs d’habiter à certains endroits, le Grand Rabbin d’Israël ainsi que le Conseil Rabbinique Européen s’insurgent contre l’immixtion de la Cour Suprême dans les affaires religieuses de l’Etat et s’arroge le droit de légiférer en matière de halakh’a. « Cela n’aurait jamais pu avoir lieu en Europe, et il est triste de voir que dans l’Etat des Juifs, il y a des obstacles de la part de certaines instances à la pratique du Judaïsme selon les règles », s’indigent les Rabbins européens.

De quoi s’agit-il ? La Cour Suprême vient de rendre un arrêt obligeant le Grand Rabbin d’Ashdod à renouveler le certificat de « Casherout » à un établissement tenu par des « Juifs Messianiques », après que ce certificat lui ait été retiré. Il faut rappeler que mouvement des « Juifs Messianiques » est composé principalement de Juifs mais qui ont adopté la croyance en Jésus, et qui s’adonnent à un activisme missionnaire très poussé, notamment auprès des populations modestes et fragiles.

Le certificat de Casherout avait été retiré de l’établissement appartenant à Mme Penina Conforti, Juive Messianique notoire, et elle a réussi à monter jusqu’à la Cour Suprême, qui exige du Rav Yossef Scheinin, Grand Rabbin d’Ashdod, de lui accorder une nouvelle fois ce certificat. La plaignante arguait de sa bonne foi (!!) et que « la décision du Rav Scheinin avait été prise sur des motifs n’ayant rien à voir avec la Casherout ».

De son côté, le Rabbinat d’Ashdod estimait « qu’il n’avait pas refusé d’accorder ce certificat par principe, mais que Mme Conforti ne s’était pas conformée aux exigences fournies par le Rabbinat pour l’obtention d’un tel certificat ». « Par ailleurs », rajoute le Rav Scheinin, « de par sa foi, Mme Conforti peut être comparée à une convertie, et ne peut donc bénéficier de la confiance requise des autorités rabbiniques en pareil cas ».

La Cour Suprême a donné raison à Mme Conforti, au motif « que le Rabbinat avait agi de manière légère, au bas mot, et que son attitude donnait le sentiment que si cela dépendait uniquement de lui, seuls des Juifs pourraient obtenir le label de Casherout, ce qui est inadmissible » !!

Le Grand Rabbin d’Israël, Rav Shlomo Amar, avait dans un premier temps demandé aux Juges de la Cour Suprême de rediscuter la question, ce qu’ils ont catégoriquement refusé. Il a alors décidé d’écrire une « lettre ouverte » à tous les députés de la Knesset, leur présentant la problématique et leur demandant de voter une loi « qui empêcherait dorénavant la Cour Suprême de s’ériger en décisionnaire de la halakh’a à la place des Rabbins ». « Exiger d’un Rav qu’il accorde un certificat de Casherout contre sa conscience est une chose terrible », souligne le Rav Amar.

Cette affaire a dépassé les frontières du pays, et le Conseil Rabbinique Européen, par la voix de son Président, le Rav Abba Dunner, « s’indigne du faut que ce genre de choses arrive en Israël, alors qu’aucune instance ne songerait à imposer de telles choses à un Rabbin sur le continent européen ». Et de lancer un appel paradoxal « à la liberté religieuse pour les Juifs… en Israël !! ».

Le Rav Dunner souligne le fait que « ce genre de décision de la Cour Suprême porte atteinte au statut et à l’autorité du Rav au sein de sa communauté, notamment en matière de fixation de la Casherout, alors que ce modèle a perduré durant de nombreux siècles dans toutes les communautés juives du monde ». « Il est triste de constater », conclut le Rav Dunner, « que c’est précisément en Israël, qui devrait être un phare pour le Judaïsme mondial, que de telles choses se passent ».

Source : Israël actualités