La voix parle, mais c’est l’âme qui s’exprime avec Shuli Rand.
Quelle magie a rendu possible cette transformation : un grand acteur devenu un grand chanteur ? Sur la scène de son nouveau concert, Shuli Rand donne une réponse musicale de toute beauté.
“Toute âme est une mélodie qu’il s’agit de renouer” (Mallarmé)
Shuli Rand a sorti un disque miraculeux l’année dernière. Sans jeux de mots, celui qui parvenait jusqu’à présent à exprimer des émotions par le jeu de comédien, est parvenu à chanter ces émotions. Seulement voilà : Shuli Rand est un Hassid, en quête de vérité et de spiritualité : ses nouvelles émotions. Alors, Shuli Rand a souhaité les exprimer avec sa voix, dont la Tradition hassidique rappelle la grande élévation.
Ainsi donc, Shuli Rand homme juif de son temps, rencontre en un accord majeur, un illustre poète : Charles Baudelaire, en ce qu’il croit au pouvoir de la musique : celui “de creuser le Ciel”.
Sur les fauteuils des salles où il se produit, le public est à majorité composé de Juifs à Kipot Srougot (kipot tressées) mais aussi de certains Harédim (orthodoxes).
Lorsque Shuli Rand se met à chanter,
de sa voix chaude et éraillée par les aléas du temps, il ressemble à un Hazan (officiant) debout en train de prier : même concentration et même émotion. Même rôle sacré accordé aux paroles qu’il prononce, et à la jolie musique qui l’accompagne.
Car lorsque Shuli Rand se met à chanter, l’impression d’entendre son âme chanter est très forte.
Il n’y a pas une chanson qui ne soit reprise par le public. Les chansons du dernier album de l’artiste, intitulé “Nékouda Tova”, en référence à un principe hassidique essentiel : celui de ne voir que les bons côtés de chacun, est approprié, et a été adopté par bon nombre d’Israéliens. Certains font partie du public de Rand, les autres traversent les rues, anonymes. Et ils sont nombreux …
La magie opère tôt au long des concerts de l’artiste, ponctués de récits de la Tradition juive, de proverbes ou de sages sentences. Rand nous rappelle qu’il sait investir une scène, habitué à celles du théâtre ou au cinéma. Ce que l’on appelle une présence palpable.
La sienne, mais peut-être aussi une autre, bien plus indicible et forte, que l’on ressent sans savoir pourquoi …
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