J'étais le voisin d'Hitler
Ce souvenir
vivace est le point d’orgue de son livre « Hitler, mon voisin », dont Edgar Feuchtwanger va bientôt commencer la promotion en Allemagne, en débutant évidemment à Munich.
Âgé de huit ans,
Feuchtwanger sortait se promener avec sa nourrice, quand il s’est heurté au leader national-socialiste, devenu peu avant l’homme le plus puissant d’Allemagne.
Hitler avait conservé un vaste appartement dans un quartier huppé de la capitale bavaroise, à côté de celui des Feuchtwanger.
« Juste au moment où nous passions devant sa porte, il est sorti.
Il portait
un imperméable de couleur claire », a raconté l’auteur à l’AFP.
« Nous étions sur son chemin. Il m’a regardé et il y avait quelques passants dans la rue — il était environ 8h30 et bien sûr ils criaient tous ‘Heil Hitler!’.
Il a juste levé un peu son chapeau, comme n’importe quel homme politique démocrate — il n’a pas fait le salut (nazi, bras tendu) — et il est monté dans sa voiture ».
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Feuchtwanger
se souvient qu’Hitler lui a jeté un « regard plutôt bienveillant ».
« Je dois souligner que s’il avait su qui j’étais, je ne serais plus là » pour le raconter, précise-t-il.
« Rien que mon nom
l’aurait mis en rage ».
Feuchtwanger ne dit pas cela simplement parce qu’il est juif, mais aussi en raison de son oncle, Lion Feuchtwanger, célèbre écrivain allemand de l’époque, proche des communistes.
Ce dernier avait notamment écrit « Succès » (« Erfolg », en allemand), une satire sur l’ascension du parti nazi qui concurrençait Mein Kampf dans les meilleures ventes en librairies.
A l’époque, Hitler « se déplaçait dans toute l’Allemagne et revenait généralement à Munich le week-end (…) puis dans sa retraite dans les montagnes, à Berchtesgaden », explique Feuchtwanger.
« Après 1935-36
, on ne pouvait plus passer devant sa porte. On vous obligeait à passer de l’autre côté de la rue mais on voyait ses voitures garées là, donc on savait qu’il était là sans même avoir besoin de sortir », ajoute-t-il.
Aujourd’hui
âgé de 89 ans, Edgar Feuchtwanger vit en Grande-Bretagne grâce à ses parents qui ont pu acheter des visas pour quitter l’Allemagne en 1938, alors que l’étau se resserrait sur les juifs.
Sa famille n’a pas tout de suite pleinement réalisé la menace que représentaient les nazis et leur célèbre voisin en particulier.
« Nous savions probablement dès 1932 qu’il y avait un danger. Mais évidemment, on ne réalisait pas sa gravité, et comme il allait se révéler mortel », se souvient-il dans un anglais encore teinté d’un léger accent allemand.
Tout a changé
après le pogrom de la Nuit de cristal, en novembre 1938, au cours duquel le père d’Edgar, Ludwig, salarié d’une maison d’édition, avant que son emploi lui soit retiré, a été raflé au cours d’arrestations massives.
Source : Times Of Israel