Une des usines
de l’industriel allemand et Juste parmi les Nations, Oskar Schindler, est à vendre. En ruine, l’usine d’émail de Bruennlitz (Brnenec), en République tchèque, cherche désespérément un futur acquéreur.
Blahoslav Kaspar,
le maire de ce petit village de 1300 âmes, suggère que ce lieu chargé de mémoire abrite un musée de la Shoah.
En octobre 1944, Schindler est autorisé à déplacer son ancienne fabrique d’objets émaillés de Cracovie, en Pologne, à Bruennlitz, en Tchécoslovaquie, non loin de son village natal, mais cette fois en tant qu’usine d’armement, et à prendre avec lui des ouvriers juifs de Zablocie. Il réussit à transférer à Bruennlitz environ 800 hommes juifs du camp de Gross-Rosen et 300 femmes juives d’Auschwitz, leur assurant ainsi un traitement humain et leur sauvant la vie.
Soixante-dix ans
plus tard, le complexe, qui comprend entre autre la maison de Schindler, est dans un état de délabrement avancé. “Il ressemble à Dresde après le bombardement “, confie le maire.
Déclarée en faillite au début des années 2000, l’usine a depuis fait l’objet de plusieurs longues procédures judiciaires. En novembre dernier, un tribunal de Prague a rendu un jugement ouvrant la voie à la revente du complexe, cependant le maire attend au printemps une décision définitive.
Des travaux d’assainissements des sols, imbibés de produits chimiques, seront nécessaires. Un coût évalué à près de deux millions de dollars par la municipalité.
“C’est une tragédie
pour la ville et pour l’ensemble de la région”, affirme le maire. “Il est devenu un énorme fardeau pour nous. Il faut un investisseur pour faire les travaux et créer des emplois pour la population locale.”, ajoute-t-il.
“Brnenec
est le bon endroit pour se souvenir”, déclare Monika Bednarek, la conservatrice du Musée de Schindler à Cracovie. “La partie la plus importante de l’histoire s’est passé là-bas, pas ici à Cracovie.”, précise-t-elle.
En transférant ses salariés en grand nombre vers cette usine, Oskar Schindler leur a permis d’échapper aux chambres à gaz.
Il a sauvé la vie de plus d’un millier de juifs durant la Seconde Guerre mondiale en les inscrivant sur une liste de personnels effectuant des travaux indispensables pour l’armée allemande.
Mort en 1974
dans l’anonymat, il a été honoré à titre posthume du titre de Juste parmi les nations.
Son histoire a fait l’objet d’un film à succès réalisé par Steven Spielberg en 1993.
Fin juillet, la vraie “Liste de Schindler”, soit 14 pages portant les noms de 801 Juifs sauvés par l’industriel allemand, n’avait pas trouvé preneur sur eBay, où elle était mise à prix pour trois millions de dollars.
Source : Le Monde Juif