L'homme au sac plastique

Les passagers d’un vol qui revenait d’Angleterre en Israël avant Pessah, ont eu la surprise de voir, sur l’un des sièges passagers, un homme totalement enveloppé dans un sac en plastique.

Sa photo avait fait le buzz dans les médias et les réseaux sociaux. “Je n’ai fait que suivre les conseils de mon rav”, a commenté à dire l’homme. La plupart des commentaires qui ont fleuri à l’appui de la photo évoquaient le fait que l’homme voulait ainsi garder ses distance avec les femmes conformément aux règles strictes de la pratique orthodoxe, et les accusations de “sexiste” et d’ “obscurantiste” n’ont pas manqué. En réalité, l’homme qui préfère garder l’anonymat est un Cohen – un descendant des prêtres juifs qui officiaient dans le Temple de Jérusalem -, un résident de Bnei Brak qui était en visite en Angleterre pour recueillir des fonds pour sa communauté. Rentrant en Israël pour les fêtes de Pessah, il a vu son vol détourné à Chypre en raison de la visite du président américain Barak Obama en Israël. Lorsqu’il a pu reprendre l’avion, il a appris que le plan de route choisi devait passer au-dessus d’un cimetière.

Or selon la loi juive , les Cohanim ne doivent avoir aucun contact avec la mort, il leur est interdit par exemple de se rendre dans les cimetières ni même à proximité. Sur les conseils de son rabbin, lorsque l’avion a survolé le cimetière, il s’est enveloppé dans ce sac.

Le parcours de cet homme est étonnant. Militaire de carrière au sein des Forces de Défense d’Israël, où il a occupé les postes les plus sensibles, il a entamé un processus de “techouva” (retour au respect des pratiques religieuses) et obtenu en 1983 – fait exceptionnel- la “possibilité d’étudier dans une yeshiva” aux frais de l’Armée de l’Air qui lui a versé un salaire pendant deux ans et demi. Encore plus exceptionnel, il est retourné à l’armée pendant plus de dix ans après ce temps d’étude. Il dit avoir étudié avec le mouvement hassidique Belz, “qu’il considère comme une dynastie hassidique humaine et modérée”. D’après lui, quatre autres pilotes de combat y auraient étudié en même temps.

Rabbi Yossef Brook, chef de la Yeshiva Netivot Olam, son “maître”, critique vertement la couverture médiatique qui a été faite de l’incident et les commentaires qui l’ont accompagné, de la part “de personnes, dit-il, qui ne sont pas à même de saisir le niveau de spiritualité” auquel est arrivé ce Cohen haredi, lieutenant-colonel à la retraite, une personnalité exceptionnelle qu’il connait depuis plus de vingt-cinq ans.

“Même si l’avion est un lieu fermé, tente-t-il d’expliquer, l’impureté du cimetière peut l’atteindre et il faut alors se créer pour soi-même un couvercle hermétique mais, ajoute-t-il, c’est comme expliquer à un Indien d’Amazonie les ondes sonores et le rayonnement électromagnétique qui nous permettent de parler dans un téléphone à des gens que nous ne voyons pas. Il nous prendrait pour des fous. Nous n’avons pas la capacité ni les outils pour identifier le système spirituel qui régit l’impureté et la pureté. Nous ne pouvons qu’essayer de faire au mieux.”

Rabbi Yossef Brook demande juste une faveur, “que l’on cesse de diffamer la Torah et les pratiques religieuses qui s’imposent à ceux qui en reconnaissent la Vérité. Les gens ne comprennent pas forcément pourquoi les musulmans ôtent leurs chaussures avant d’entrer dans une mosquée ou les chrétiens qui enlèvent leur couvre-chef en entrant dans l’église mais on ne doit pas les tourner en ridicule. Le judaïsme mérite d’être traité avec un minimum de respect”.

Source : Terre Promise