Le point sur l'antisémitisme en France

Les actes antisémites ont augmenté de 58 % en France en 2012 , indique le rapport annuel du Service de protection de la communauté juive (SPCJ).

Le SPCJ souligne que 55 % des violences racistes commises en France l'an dernier visaient la communauté juive. « Selon les services du ministère de l'Intérieur, 175 faits de violence physique a caractère raciste ont été enregistrés : 96 faits à caractère antisémite, 70 faits à caractère raciste et xénophobe et 9 faits à caractère antimusulman ».

Le SPCJ affirme que le nombre d'attaques contre les juifs en 2012 est supérieur à l'estimation du ministère de l'Intérieur.

Deux évènements majeurs ont contribué à ce pic de violences antisémites : l'assassinat de quatre juifs devant l’école Ozer Hatora le 19 mars à Toulouse et l'attaque contre un supermarché cacher à Sarcelles, le 6 octobre, en banlieue de Paris.

« Loin de susciter une prise de conscience, les attentats de Toulouse et de Sarcelles ont été suivis d'une augmentation très marquée des actes antisémites », écrit le SPCJ dans son rapport, qui a été remis mercredi au Premier ministre français Jean-Marc Ayrault.

Le SPCJ dénombre 90 actes antisémites en 10 jours après les meurtres de Toulouse. Vingt-huit incidents semblables sont survenus dans la semaine suivant l'attaque de Sarcelles. Au total, l'organisme note 614 actes antisémites en 2012, contre 389 en 2011.

Les agressions physiques et verbales ont augmenté de 82% par rapport à 2011 (315 en 2012 contre 171 en 2011). Un quart des agressions physiques est commis au moyen d'une arme, selon le rapport.

Auparavant, les violences antisémites en France étaient particulièrement liées à des enjeux de l'actualité internationale. Ainsi, 832 actes antisémites ont été enregistrés en 2009, après l'opération israélienne de décembre 2008 dans la bande de Gaza.

Le Service de protection de la communauté juive a été créé en 1980 après l'attentat contre une synagogue de la rue Copernic, à Paris, qui a fait 4 morts et 46 blessés.

Selon certaines informations, cette montée de l’antisémitisme a conduit à un exode des juifs français vers la Grande-Bretagne. La synagogue de St John’s Wood à Londres fournit des services de Chabbat en français pour répondre à la demande croissante.

Le Grand rabbin du Royaume-Uni, Sir Jonathan Sacks, qui prend sa retraite cette année, a exprimé son inquiétude quant à savoir si il y a encore de la place pour les Juifs en Europe après les récentes attaques contre les pratiques religieuses juives comme l’abattage rituel des animaux et la circoncision.

"La situation nous semble suffisamment alarmante pour partager nos constats et analyses avec le gouvernement et en attendre des mesures ambitieuses et concrètes tournées vers des actions de sécurité, mais surtout des actions de prévention et d'éducation sans lesquelles l'antisémitisme ne pourra être combattu de façon efficace et pérenne", souligne le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).

Pour Richard Prasquier, président du CRIF, cette forte hausse "dégrade l'image de la France, terre de protection des minorités. Depuis 13 ans les actes antisémites ont explosé: des Français, parce qu'ils sont juifs, doivent être gardés quand ils vont étudier, se rassembler ou prier."

"Pour certains d'entre eux, les enfants en particulier, entrer dans un magasin, une école ou une rame de métro peut être une source d'angoisse et de traumatisme psychologique durable", explique-t-il .

« Cette hausse de l'antisémitisme doit être au coeur du débat politique national," ajoute-t-il.

Source : ejpress.org