Les organisations juives
de Suisse critiquent le discours du Président du pays, Ueli Maurer, lors de la journée de l’Holocauste. Elles lui reprochent d’avoir occulté les «faiblesses et erreurs» de la politique suisse durant la Seconde guerre mondiale.
Le président
de la Confédération helvétique a affirmé que la Suisse avait été une terre de refuge durant la Seconde Guerre mondiale.
Une déclaration qui fait polémique dans le pays. Des documents refont en effet surface, qui démontrent que la Suisse a au contraire expulsé massivement des réfugiés juifs, alors que les autorités connaissaient parfaitement les pratiques du régime hitlérien.
Le message
publié dimanche par Ueli Maurer à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste suscite la controverse. Dans un texte court publié sur le site internet de l’administration fédérale, le Président de la Confédération a tenu a souligner le rôle de «refuge» de la Suisse «durant cette période sombre pour le continent européen».
Le président de la Confédération a certes évoqué avec raison que la Suisse était un «refuge pour un grand nombre de personnes menacées et pourchassées», écrivent lundi la Fédération suisse des communautés israélites, la Plateforme des juifs libéraux de Suisse et la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD). Mais il a oublié de parler des «réfugiés qui ont été repoussés vers une mort certaine» et de ceux qui ont été punis pour avoir aidé les réfugiés.
Les organisations
déplorent qu’Ueli Maurer ait présenté les choses «de manière simpliste et uniquement positive». Il est «regrettable qu’il n’ait pas jugé utile d’approfondir la remise en question critique et indispensable de la Suisse avec son propre passé», alors que l’ancien président de la Confédération Kaspar Villiger avait présenté en 1995 ses excuses pour la politique suisse à l’égard des réfugiés.
Pour Ueli Maurer,
la Suisse «est restée un pays de liberté régi par le droit grâce à l’engagement d’une génération entière de femmes et d’hommes courageux.» Ayant su maintenir son indépendance, «la Suisse ainsi devenue un refuge pour de nombreuses personnes menacées et traquées.»
Des documents
diplomatiques révélés dimanche soir au journal de la chaîne alémanique SRF montrent que le Conseil fédéral avait connaissance en 1942 déjà des crimes nazis. Le gouvernement avait malgré tout décidé, en août 1942, que des renvois en masse de réfugiés étrangers civils devaient avoir lieu, même s’ils pouvaient mettre leur vie en danger.
Source : JSS News