Conférence d'Evian
Un nouvel article
de Marc-André Chargueraud, extrait d’une nouvelle série de « 50 autres idées reçues sur la Shoah », nous rappelle comment les juifs d’Europe ont été refoulés par les nations, les livrant ainsi aux persécutions des Nazis.
A la suite
de l’occupation de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie, et de la nuit de cristal, l’immense pogrom dévastateur et meurtrier organisé par le régime nazi, les persécutions contre les Juifs dans le Reich s’intensifient dramatiquement. L’exode des Juifs à la recherche d’un refuge à l’étranger atteint un niveau encore jamais vue. Pleinement conscient de l’urgence d’intervenir dans ce drame juif, Roosevelt organise en juillet 1938 une conférence à Evian destinée à faciliter l’émigration d’Allemagne et d’Autriche. 32 nations y participent.
La nuit de Cristal
La conférence est un fiasco.
Un journaliste de Newsweek, présent à la Conférence, rapporte : « Le président Myron Taylor, ambassadeur représentant les Etats-Unis, ouvrit la conférence. Le moment est venu où les gouvernements (…) doivent agir rapidement.
La plupart
des gouvernements agirent rapidement en claquant la porte aux réfugiés juifs. »[1] Tous les chefs de gouvernements des démocraties occidentales, passivement ou activement, vont refouler des Juifs d’Europe centrale aux abois qui frappent à leur porte.
Les pays frontaliers
du Reich sont en première ligne. Ils ont tous procédé à des refoulements, difficiles à quantifier mais toujours dramatiques. La Belgique et la Suisse adoptent la même politique. Ils refoulent les réfugiés qui arrivent sans visa tout en prononçant à plusieurs reprises une amnistie pour ceux qui ont réussi à pénétrer dans le pays. « Depuis le mois de mars 1938 il est entré en Belgique 12.000 Juifs du Reich (…) pour enrayer ce mouvement la sûreté publique a renforcé la gendarmerie à la frontière et décide le refoulement de ceux qui entreront après le 28 août 1938 (…) »[2]
En Suisse,
une circulaire du 7 septembre 1938 précise, univoque, que seront refoulés « tous les porteurs de ces passeports qui sont juifs ou très probablement juifs ».[3] Plus ambigu Rothmund, le chef de la police fédérale, écrit le 7 novembre 1939 : « Personne ne sera reconduit à la frontière s’il y va de sa vie, mais il faut mettre fin définitivement aux entrées illégales.»[4] Malgré cette politique insoutenable, la Belgique et la Suisse sont les deux pays qui proportionnellement à la taille de leur population ont de loin accueilli le plus grand nombre de réfugiés juifs.[5]
Source : Europe Israel