Parcours de vie
peu commun que celui de Pavel Bromson. Né et élevé en Pologne, Pavel avait été attiré dans sa jeunesse par l’idéologie nazie et se promenait à Varsovie le crâne rasé avec des amis, insultant et agressant quiconque faisait partie d’une minorité. Parmi ses « hauts-faits », Pavel raconte « qu’il se rendait en groupe au camp d’Auschwitz-Birkenau pour pratiquer du vandalisme, insulter les employés, importuner les visiteurs et crier ‘que le génocide aurait dû être achevé’ ». Son antisémitisme ne connaissait pas de limites et il accusait les juifs d’être à l’origine de toutes les difficultés de la Pologne.
Mais tout bascula il y 14 ans. Agé de 22 ans, Pavel allait se marier avec Alexandra, son amie depuis plusieurs années. Le jour de la cérémonie, Alexandra annonça à son fiancé « qu’il allait prendre pour épouse une femme juive » et avoua à Pavel ses origines. Déchiré entre sa haine des juifs et l’amour qu’il éprouvait pour la jeune fille, Pavel eut une réaction insolite : il dit à sa future belle-mère « qu’au même titre que des gens entretiennent chez eux des animaux domestiques, comme des chiens, chats, poissons ou oiseaux, lui garderait une juive chez lui » !
Peu après le mariage, Alexandra devenue Madame Bromson décida un jour de se rendre à l’Institut d’Histoire juive de Varsovie afin d’en savoir plus sur son arbre généalogique. Lors des recherches dans la nombreuse documentation, l’idée lui prit de jeter un coup d’œil sur les origines de son mari. La découverte qu’elle fit la laissa sans voix : les grands-parents de Pavel étaient juifs des deux côtés!
Pavel raconte
« que ce jour-là, son épouse était rentrée à la maison avec un sourire étrange sur les lèvres et une pile de papiers dans ses bras ». Sonné par cette nouvelle, Pavel se précipita auprès de ses parents pour savoir la vérité, qu’ils lui confirmèrent : il était bel et bien juif mais ils lui avaient caché cela à cause de ce qu’avait vécu la famille durant la Shoa. L’homme ressentit cela comme une catastrophe et crut que sa vie s’était arrêtée ce jour-là.
Mais peu à peu, Pavel s’habituait à l’idée et voulut un jour en savoir davantage sur ce peuple et cette religion qu’il haïssait encore de toutes ses fibres quelques mois auparavant. Il se rendit à la Synagogue de Varsovie et commença à fréquenter le Rabbin de la communauté et avoir des profondes discussions avec lui. Son épouse Alexandra le poussa à se rendre aux offices du vendredi soir et il passa ensuite à la phase suivante : ouvrir des livres sur le judaïsme.
Lors de l’un de ses passages à la synagogue, il fit la rencontre d’un vieux juif h’assidique, survivant des camps, qui marqua profondément son identité. Il décida non seulement d’étudier plus à fond, mais carrément de « faire Techouva » et devenir h’assid. Et lorsqu’on l’interroge aujourd’hui sur son passé néonazi, Pavel répond invariablement « qu’il ne souhaite pas en parler car il veut oublier cette période sombre de sa vie même s’il a du mal».
Pavel rappelle aussi un phénomène intéressant qui touche son pays : « La Pologne a beaucoup changé durant ces dernières décennies et de nombreux Polonais ont découvert leur judaïsme qui leur avait été caché par leur parents ». Aujourd’hui, Pavel se promène fièrement dans les rues de Varsovie avec son cafetan, son chapeau noir et sa barbe, même s’il dit « percevoir dans certains regards l’incrédulité ou l’hostilité que lui-même ressentait lorsqu’il était jeune »…
Source : Arouts7