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Le mot « Shoah » remis en question dans l'enseignement français

Vendredi 2 Septembre 2011 | 12h50  
 
 
 
 

Suite à la publication d’une tribune de l’écrivain et cinéaste Claude Lanzmann dans Le Monde, datée du mardi 30 août 2011, le monde d’internet se déchaîne. Et le ministre de l’Education nationale Claude Chatel s’exprime publiquement sur le sujet : le terme « Shoah » n’a pas disparu des manuels scolaires. Retour sur une polémique.

Cette polémique n’est pas nouvelle, et le journaliste et écrivain Guy Konopnicki le rappelait en juin dernier dans un excellent article intitulé « Le nouvel enseignement du mépris » (Marianne 2). Il y évoquait la question de certaines pages de prototypes de manuels scolaires présentés aux enseignants par les éditions Hachette et la suspension disciplinaire d’une enseignante de Nancy, Catherine Pederzoli, pour « emploi systématique et donc abusif du mot Shoah, et ce, dans un rapport à charge rédigé par les inspecteurs généraux d’histoire », avant qu’elle ne soit finalement réintégrée après de longs mois d’actions juridique et militante.

« L’inspection générale de l’Education nationale rejette un terme, au motif qu’il ne vient pas des historiens, mais du travail d’un cinéaste, Claude Lanzmann », expliquait alors le journaliste. L’argument opposé à l’emploi du terme Shoah relevait à l’époque de son inscription dans le récit historique via le travail, historique !, du cinéaste, qui l’avait « popularisé ».

M. Lanzmann n’était d’ailleurs pas intervenu à ce moment. Les mauvaises langues ne voyant dans sa tribune du Monde qu’une manifestation d’égocentrisme devraient en tenir compte. Car ce qui préoccupe bel et bien Claude Lanzmann, et il s’en explique de manière tout à fait limpide, ce n’est pas une amputation de paternité sémantique, mais bel et bien une tentation de nier la spécificité de la Shoah.

En exprimant cette crainte, Claude Lanzmann a pu faire l’erreur d’évoquer une circulaire parue dans le « Bulletin officiel n° 7 de septembre 2010 » qui, ainsi que le remarque notre consoeur du Point Marion Coquet, n’existe pas ni n’insiste, en conséquence, « sur la nécessité de supprimer le terme Shoah des manuels scolaires ».

Mais Claude Lanzmann n’est ni journaliste ni juriste, et l’expression d’une opinion dans une rubrique consacrée à celles-ci n’est pas tenue à la rigueur professionnelle de l’un ni de l’autre. En conséquence de quoi, les commentaires se focalisant sur une erreur d’appréciation ne disent au fond pas de quoi relève le problème. Et induisent qu’en corrigeant cette erreur, il disparaît.

« Jamais je ne me suis opposé à l’utilisation du mot ‘Shoah’ dans les programmes, ni dans les manuels », déclare le ministre, insistant sur le fait que « le mot Shoah figure de manière explicite dans les manuels » d’histoire de première de cette rentrée.

L’on conçoit aisément que le ministre insiste sur l’attention portée par la présent gouvernement à l’enseignement de la Shoah, attention qui avait d’ailleurs connu un épisode zélé peu à même d’aider à sa compréhension en cours d’histoire, lorsque le président Nicolas Sarkozy avait suggéré que chaque enfant des classes de CM2 porte en mémoire une petite victime de l’extermination des Juifs.

Ce à quoi s’étaient opposés, à juste titre, nombre d’intellectuels. Pour ce qui concerne les manuels scolaires, la question, en effet, ne se pose pas dans les termes d’une disparition du mot Shoah qui relèverait d’une décision prise en haut lieu. Au ministère, en effet, on est très attaché à cet enseignement. Et si ce « bulletin officiel » évoqué par M. Lanzman n’existe pas, deux décrets existent qui n’emploient ni le signifiant, ni tout à fait, en conséquence, le signifié, promulgués en 2010.

Dans l’arrêté du 8-1-2010 – J.O. du 2-2-2010 relatif aux nouveaux programmes d’enseignement d’histoire-géographie-éducation civique des classes préparatoires au certificat d’aptitude professionnelle (CAP), le libellé exact concernant la Shoah est le suivant : « Le génocide juif : un crime contre l’humanité ». Il est précisé que « les notions de génocide et de crime contre l’humanité sont élaborées et reprises par le droit international ».

Le fonctionnaire ayant rédigé ces lignes n’emploie de fait pas le terme de Shoah, mais celui de « génocide juif », en tant que la tentative d’extermination du peuple juif a donné naissance à deux notions clés du droit international. L’article 2 de cet arrêté prévoit que ses dispositions « entrent en application à la rentrée de l’année scolaire 2010-2011 pour la première année de formation, à la rentrée de l’année scolaire 2011-2012 pour la deuxième année de formation ».

Quelques mois après, l’arrêté du 21-7-2010 – J.O. du 28-8-2010 relatif au programme d’enseignement commun d’histoire-géographie des classes de première générale, indique au programme l’enseignement de « la Seconde Guerre mondiale : guerre d’anéantissement et génocide des Juifs et des Tziganes ». L’article 2 de cet arrêté prévoit que ses dispositions « entrent en application à la rentrée de l’année scolaire 2011-2012 ».

Le rédacteur a ajouté à la première occurrence (celle de l’arrêté de janvier) la proposition nominale « guerre d’anéantissement », ce qui laisse pour le moins songeur puisque les suppliciés du nazisme n’étaient pas une nation en guerre contre une autre. De même, la référence au martyre tzigane posée comme une équivalence avec celle des Juifs ne se justifie pas. C’est l’avis de Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), corroboré par Eugène Daumas, président de l’Union française des associations tziganes (UFAT) :

« Actuellement, on ne sait pas combien de Tziganes ont disparu pendant la seconde guerre mondiale, les nazis faisaient des distinctions absurdes et horribles. La situation est complexe, et c’est l’une des raisons pour lesquelles on utilise le mot Shoah. Car les nazis ne faisaient pas de distinction entre les Juifs : ils étaient comme des bactéries à éliminer », indique M. Prasquier. « Les chiffres avancés sont de l’ordre de 500 000, sachant qu’on a exterminé la majeure partie de la population en Europe de l’Est, où nous étions 2 millions ; nous n’avons pas d’archives, et chez nous c’est un sujet tabou », déclare M. Daumas.

« Nous savons qu’il y a eu quelques déportations vers les camps de la mort dans le Nord de la France, mais sous autorité belge et allemande. Il n’y a pas eu de déportations de Tziganes par Vichy, mais des camps d’internement » où les familles entières étaient enfermées suite à un arrêté promulgué en 1940 qui leur interdisait de circuler, car ils pratiquaient le nomadisme, explique-t-il.

Les Tziganes et les Juifs n’ont pas vécu le même martyr. Et si les Tziganes sont morts de mort horrible dans les camps d’internement, l n’y a pas eu d’équivalent d’envoi de convois vers Drancy ni de rafle du Vél d’Hiv et de déportations vers les camps de la mort appliquées sur consignes nazies, « sans oublier les enfants » du fonctionnaire français. L’absence actuelle d’histoire de la souffrance tzigane ne peut donc être utilisée comme sombre prétexte à une équivalence qui, historiquement, est injustifiée. Mais ce n’est pas l’unique argument qui prévaut en la matière, puisque l’ordonnateur principal de ce choix lexical, Dominique Borne, ancien inspecteur général de l’Education nationale, s’en justifie au plan historiographique et laïc. Shoah est « un mot religieux qui renvoie à une parenthèse morale. (…) Le terme extermination permet de désacraliser l’événement et de l’historiciser (…) », explique-t-il, prenant pour prémices que « l’événement » ainsi nommé est sacralisé et non historicisé.

L’absence d’historicisation est l’un des leitmotiv utilisés par d’éminents spécialises désireux de disqualifier le terme Shoah au motif qu’il serait de l’ordre de l’émotion. Curieuse projection mécanique que d’attribuer au terme Shoah, qui qualifie l’inqualifiable advenu au peuple juif, une connotation émotive lorsqu’aucun terme de la langue n’en porte en soi, si ce n’est au travers de l’usage qu’en fait un interlocuteur X ou Y.

Mais M. Borne a autre argument, celui de la laïcité. M. Borne se dit « convaincu qu’il faut traiter de ces événements en raison, et de manière laïque. Soit en débattant des mots et de leur sens, ce qui revient, aussi, à évoquer l’historiographie du génocide juif ; et en n’omettant pas d’expliquer, le cas échéant, que le mot ‘Shoah’ vient de la Bible, et porte à ce titre une connotation religieuse. »

« Le terme d’holocauste (souvent préféré à celui de Shoah puisque jugé d’origine française) est un terme faux parce justement il est un terme religieux », rappelle Richard Prasquier. En effet, l’holocauste réfère à un sacrifice propitiatoire, à une immolation de la victime par le feu. « Et justement le terme de Shoah le déjuge car il est utilisé par exemple pour le Déluge, le désastre » dans la Bible.

« Shoah n’a pas de signification religieuse, M. Borne est incompétent en matière de langue hébraïque et devrait éviter de donner cette explication qui est absurde », précise le président du CRIF. Il a d’ailleurs rendez-vous demain 2 septembre avec le ministre.

« Je vais lui dire que ne pas utiliser le mot Shoah est une absurdité totale, le mot ‘bolchévique’ aussi est d’origine étrangère aussi, tout comme le mot nazi », rappelle-t-il, évoquant les réticences à employer le mot Shoah au motif qu’il est un mot hébreu. Quant aux manuels scolaires, tous ne présentent pas de problème. Et « il n’a jamais été écrit qu’il ne fallait pas utiliser le mot Shoah, mais on sait que les inspecteurs n’en veulent pas », explique M. Prasquier.

Parce que, en miroir de cette difficulté à dire Shoah, le mot arabe de Naqba employé pour narrer la fuite arabe au moment de la création de l’Etat d’Israël et de la guerre d’indépendance menée contre lui, est apparu dans l’enseignement. « C’est la haine d’Israël dans les écoles, le vrai problème » et la question qui se joue par-delà ce choix lexical. « Les professeurs sont des militants et ils endoctrinent leurs élèves, les ministres n’ont pas de solution à ce problème majeur », conclut-il.

Source : israelvalley.com d'après Isabelle Kersimon (Guysen)
   


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