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Les Quatre captifs | | Samedi 18 Avril 2009 | 21h00 Vue : 4904 fois | | |
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 Stèles juives témoignant
de la présence de grandes communautés en Babylonie
Autour de l'année 4760
(l'an 1000 du calendrier grégorien), les grandes communautés juives de Babylone (l'Irak d'aujourd'hui) ont commencé à décliner au niveau de leur population.
La grande époque
des Guéonim tirait à sa fin et en même temps, le centre d'études juives se déplaçait vers l'ouest, le long des rives de la Méditerranée. Les communautés juives d'Egypte, de Tunisie, d'Espagne et d'Italie commencèrent à se développer très rapidement.
L'essor économique
de ces contrées était dû surtout et en grande partie au talent de négoce des juifs. A cela s'ajoute l'étude de la médecine, astronomie, la grammaire ainsi et surtout la transmission de la sainte Tora par les plus Grands Sages de l'époque.
Avec l'aide
de la providence divine, ces grands centres ont reçu et développer une grande valeur spirituelle des chefs de file parmi les plus grands du peuple juif et cela par une étonnante tournure des événements de l'histoire ...
Un jour,
soit environ en l'an 4760 (en l'an 1000 du calendrier grégorien), quatre grands Rabbanim naviguaient à bord d'un navire sur les eaux bleues de la mer Méditerranée.
Ils étaient
de très bons amis, et se sont réunis dans la ville de Bari en Italie afin de voyager ensemble pour Siponte - un port de mer sur la Méditerranée - où un ami commun marier sa fille.
Ils étaient
quatre Rabbanim parmi les plus grands de leur époque, et leurs noms étaient les suivants : Rabbi Shmariah, le Rav 'Hushiel, et Rabbénou Moché Ben Enoch, qui était accompagné de son épouse et son fils Enoch, appelé d'après son grand-père. Le nom du quatrième Rav ne nous est pas connu exactement.
A cette époque,
la mer était infestée de pirates, dont l'activité principale était de saisir les navires en haute mer et de vendre leurs passagers en esclavage après les avoir dépouillés de tous leurs biens.
Le plus féroces
des pirates, un certain Ibn Rumahis, aborda un jour le navire à bord duquel les quatre grands Rabbanim naviguaient. Après une brève mais violente lutte avec l'équipage, celui-ci se saisi du navire et fit prisonniers tous les passagers.
Toutefois,
il n'a pas manqué de noter la présence des quatre grandes personnalités, et il savait qu'il demanderait un beau prix auprès des grandes communautés juives d'Egypte, de Tunisie, d'Espagne et d'Italie.
 Entrée du port de Fostat avec son fameux phare marin
Ibn Rumahis
se diriga vers Alexandrie, en Égypte, où il offrit le Rav Shmariah à la vente. Il en demanda une rançon énorme et les juifs d'Alexandrie se pressèrent de lui verser la totalité.
Libre à nouveau,
le Rav Shmariah est allé vivre à Fostat (vieux Caire), et quand les Juifs apprirent à qui ils avaient à faire, ils lui demandèrent de diriger en tant que Rav leur communauté. Reconnaissant envers eux, il décide de créer des Yéchivote et resta à Fostat, où il était aimé et respecté par tous.
 Ancien port de Kérouan
Ibn Rumahis
continua son voyage le long de la côte d'Afrique jusqu'à ce qu'il atteigne le grand port de Kairouan en Tunisie.
Là,
il vendit Rabbi 'Hushièl, et la communauté juive locale ne tarda pas à payer la totalité du montant de la rançon exigée.
La ville de Kairouan
était un grand centre pour le judaïsme à cette époque, et le Rav 'Hushièl a toujours voulu y aller, en espérant que, de concert avec son ami le Rav Shmariah ils mettraient en place une grande école talmudique.
A la lueur
de ces événements, il ne pouvait qu'être émerveillé par les détours subtils que la divine Providence lui a fait emprunter.
 Ville de Fostat en 1040
Toutefois,
il était trop modeste pour accepter l'invitation des dirigeants juifs locaux de devenir leur Rav. Kairouan était le lieu de naissance de son ami le Rav Shmariah, et Rav 'Hushièl espéra que celui-ci serait un jour le Grand Rabbin de sa communauté. Il lui écrit de nombreuses lettres à Fostat, le priant de venir à Kairouan et devenir le chef spirituel. Mais, Rav Shmariah hésitait à s'embarquer pour un autre voyage dangereux en mer.
 Fragment d'une lettre de rabbi 'Hushiel
retrouvée dans la Genizah du Caire
Entre temps,
la communauté de Kérouan insista auprès de Rav 'Hushièl pour accepter de devenir leur Rav et l'honorer par la même occasion en tant que grand chef spirituel.
Après une longue
et mûre réflexion, il accepta de devenir le Mara Déatra (Grand Rabbin) de Kairouan, où il était aimé et respecté par tous. Il fonda une grande Yéchiva et il eu de nombreux disciples, dont les plus importants furent ses fils, Rabbénou 'Hannanèl et Rabbénou Nissim qui par la suite devinrent les plus grands Talmudistes de la génération suivante.
Le pirate
Ibn Rumahis continua son périple en Espagne où il vendit Rabbi Moché, avec sa femme et son fils Enoch.
Rabbi Moché était à peine remis de son expérience atroce, qu'il perdit son épouse bien-aimée. Celle-ci était une femme juste et pieuse ; sa beauté n'avait d'égal que sa modestie.
Ibn Rumahis
voulu la prendre pour femme et lui offrit toutes les richesses et son butin et lui promis qu'elle deviendrait la reine des mers. Alors que Ibn Rumahis lui décrivait son "glorieux avenir", elle demanda à son mari en hébreu si elle aurait une place dans le monde à venir si elle se suicidait pour échapper à la brute. Rabbi Moché lui répondit sans hésiter, en citant les paroles des Téhillim (68:23) "D.ieu dit ... Je vais ramener des profondeurs de la mer ... " Immédiatement, elle sauta par-dessus bord et se noya.
Cette tragédie
porta un terrible coup rendant maintenant le Rav et son fils orphelins. Toutefois ils étaient fiers d'elle, et elle leur a donné le courage de supporter leurs difficultés.
 Ville de Cordoue en Espagne
Après plusieurs
jours en mer, le navire jeta l'ancre à Cordoue, en Espagne et Rabbi Moché et son fils furent rapidement rachetés et libérés par les Juifs auxquels ils divulguèrent pas leur vraie identité de grands savants et cela par simple modestie.
Ils assistaient
aux conférences talmudiques dans la grande Yéchiva de Cordoue, mais n'ont jamais participé aux discours et débats de peur d'être reconnus comme de grands savants et non pas des ignorants comme ils semblaient l'être. Ils voulaient pour le moment maintenir cet état de fait pour ne pas être importuné dans leurs études.
Un jour cependant,
que Rabbi Moché était assis dans l'académie à l'écoute d'un cours donné par le Dayane Rav Nathan de Cordoue, il l'a entendu faire une erreur sur un point de la loi juive.
Après la conférence,
Rabbi Moché, qui était simplement connu dans la communauté comme le captif, s'adressa au Rav Nathan et très modestement fit remarquer son erreur en lui expliquant toute l'affaire si brillamment que Rabbi Nathan en fut bouleversé. Il reconnu en lui un savant et Talmudiste remarquable et se précipita vers ses collègues en s'exclamant : "je ne peux plus être votre Dayane, ce captif est un érudit exceptionnel. Il est mon maître, et je considère comme un privilège d'être son disciple. Il devrait être le Dayane de notre communauté ! "
 Vestige d'une des Yéchivote à Cordoue
et financée par le fameux Ibn Chaprout
Et dès lors,
Rabbi Moché devient célèbre non seulement à Cordoue, mais aussi dans les communautés juives d'Espagne et bien au-delà.
Les plus grands Rabbanim
et universitaires lui envoyaient leurs questions à des problèmes concernant le Talmud et la loi juive, et cela de trés lointaines contrées.
Beaucoup de jeunes hommes
de talent venaient à Cordoue voir Rabbi Moché et rejoindre son Académie. Cordoue devint rapidement un centre juif en plein essor, où des Rabbanim comme Rabbi Moché ibn Ezra, Yossèf ibn Migach, Yéhouda Halevi et Maïmonide ont été formé.
 Le Calife Abdarrahman
 Hasdaï Ibn Shaprout
Le célèbre ministre juif
du Calife Abdarrahman, Hasdaï Ibn Shaprout, était un ami personnel de Rabbi Moché, et le calife lui-même était très fier du fait que Cordoue soit devenu célèbre pour sa grande école juive.
De tout temps,
les juifs vivants sous la tutelle des non juifs ont toujours à déployer d'immenses efforts pour parvenir à améliorer leur situation financière ou surtout sécuritaire. Leur volonté de servir leur créateur malgré leurs immenses souffrances dans ces pays n'a fait qu'exacerber la volonté de leur nuire de la part de leur ennemi et détracteurs.
A travers cette histoire l'on peut déceler les méandres incompréhensibles à première vue de la providence divine.
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