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Evian 1938 - La Conférence de la honte

Samedi 11 Juillet 2015 | 21h18  
 
 
 
 

Il y a 77 ans, le 6 juillet 1938, débutait, à Evian, une conférence qui réunissait vingt-neuf pays, dans le but déclaré de venir en aide aux 650 000 réfugiés juifs allemands et autrichiens fuyant le nazisme. En réalité, cependant, tous les pays participants s’étaient rendus sur les bords du lac Léman avec une toute autre motivation : celle de fermer leurs frontières et d’essayer de diriger les Juifs vers d’autres destinations.

Raphaël Delpard est écrivain, acteur, réalisateur, scénariste et journaliste – à la Mena –. Ses ouvrages historiques, Les Convois de la Honte, une enquête sur la SNCF et la déportation, Aux ordres de Vichy, enquête sur la Police française et la déportation, Les Justes de l’ombre 1940-1944, L’Armée juive clandestine en France 1940-1945, La Résistance de la jeunesse française 1940-1944, Les Enfants cachés et L’Enfant sans étoile (roman), traitent principalement de la période de la Seconde Guerre Mondiale en France. Delpard y a révélé, souvent pour la première fois, les lâchetés, le collaborationnisme et l’antisémitisme de Vichy, qui touchaient pratiquement tous les domaines de la vie publique.


Des délégués à la conférence
Dans son nouvel essai, la Conférence de la Honte1, il se penche sur la Conférence d’Evian et décrypte l’irresponsabilité incommensurable des responsables de la planète, qui y ont simplement abandonné les Juifs aux mains de leurs bourreaux allemands.

Cette fois, il n’enquête pas sur un sujet qui implique spécifiquement la France, mais nous relate ce qu’il s’est réellement passé lors de la Conférence d’Evian.

En 1938, alors qu’Hitler détient les pleins pouvoirs à Berlin, que l’Autriche a été annexée depuis quatre mois lors de l’Anschluss, que les lois de Nuremberg ayant été adoptées dès 1935, les Juifs ne peuvent plus prétendre à une vie quotidienne normale, cela génère une augmentation massive de leurs tentatives d’immigration. Dans le même temps, la Société des Nations, l’ancêtre de l’ONU, mise en place afin de prévenir l’éclatement d’un second conflit mondial, échoue dans son rôle.

Des organismes protestants et juifs font pression sur le gouvernement américain pour trouver une solution au problème juif, et permettre à ce peuple de quitter des pays où il est désormais menacé d’extermination. C’est Franklin Delano Roosevelt, le président américain à l’époque, qui, face à la pression du public, se voit contraint d’organiser une conférence internationale en vue de trouver une solution pour ces réfugiés.

Celle-ci aura lieu à Evian – elle devait initialement se dérouler à Genève, où se trouvait le siège de la SDN, mais la Suisse, prétextant de sa neutralité, soucieuse d’éviter un éventuel afflux de Juifs refusera de l’accueillir – et durera 10 jours.

La Confédération Helvétique estimait avoir déjà fait le plein de réfugiés ; c’est en outre Berne qui prit l’initiative de demander à l’Allemagne hitlérienne de tamponner la lettre J sur les passeports de ses ressortissants juifs afin de pouvoir plus facilement les identifier et les refouler à sa frontière.

Trente-trois pays sont conviés, quatre se sont désistés ; afin de sauver les 650 000 âmes en danger, chaque participant est prié d’annoncer ses capacités d’absorption.

L’initiative de Roosevelt est bien accueillie par son opinion publique, qui la juge très courageuse dans un environnement d’indifférence et d’inaction. Au Congrès, toutefois, les députés et les sénateurs sont inquiets du déferlement des demandes de visas, qui affluent depuis 1933.

A travers un témoignage exceptionnel, Raphaël Delpard nous raconte l’envers du décor ; il raconte comment toutes les nations du globe sont parvenues à se débarrasser du problème juif sans pour autant se voir accusées de collaborer avec Hitler.

L’auteur nous apprend ainsi que le Secrétaire Général U.S., Cordell Hull, fut secrètement chargé par Roosevelt de prévenir les ambassadeurs américains dans les capitales du monde et de les rassurer sur les objectifs réels de la Conférence d’Evian : anéantir les initiatives humanitaires. A leur tour, lesdits ambassadeurs s’adressèrent aux dirigeants des pays où ils étaient en poste, et leur expliquèrent que cette réunion avait pour seul but de calmer la population étatsunienne ainsi que les lobbys juif et protestant.

Le délégué de la Couronne britannique à Evian demandera quant à lui à ses collègues d’éviter d’associer les mots Juif et Palestine, afin de ne pas donner l’impression que l’immigration des réfugiés vers le foyer national juif pourrait constituer une solution au problème. D’ailleurs, durant toute la conférence on n’utilisa pratiquement jamais le terme juifs, lui préférant celui des "réfugiés".

L’auteur atteste que les représentants de tous les pays arrivèrent à Evian avec des prétextes en poche pour ne pas avoir à offrir l’asile aux 650 000 êtres humains en danger. D’aucuns, comme la France, prétextèrent des problèmes économiques, d’autres, de probables difficultés d’assimilation, et d’autres, encore, leur indisponibilité à accueillir une population démunie, les nazis empêchant les immigrants de quitter l’Allemagne et l’Autriche avec le moindre pécule. Toutes les excuses étaient bonnes pour ne pas accueillir les Juifs.

Une seule offre tangible fut énoncée. Elle émanait de la République Dominicaine, qui proposait d’accueillir 100 000 Juifs en échange d’une subvention de la part des Etats-Unis. Mais le président dominicain de l’époque, Rafael Leonidas Trujillo Molina, qui venait de massacrer des milliers d’Haïtiens, fut soupçonné par Washington de vouloir remplacer sa population noire par des blancs et refusa cette proposition.

Le résultat de la Conférence d’Evian fut qu’aucun pays n’accepta de Juifs sur son territoire ; ils furent ainsi privés de terre de salut, et condamnés à attendre la solution finale. L’échec d’Evian réjouit la presse nazie qui titra : "Juifs à vendre – même à bas prix personne n’en veut". Hitler se vit ainsi conforté dans sa politique antisémite et n’hésitait plus à envisager l’extermination de tous les Juifs d’Europe. Il se fendit d’un commentaire personnel dans lequel il tourna en dérision les démocraties de la planète : "C’était honteux de voir les démocraties dégouliner de pitié pour le Peuple juif et rester de marbre quand il s’agit vraiment d’aider les Juifs !".

Quatre mois après la clôture de la réunion sur la rive du Léman se déroula la terrible Nuit de Cristal, qui signifia le début de la fin pour 6 millions d’Israélites européens.

Raphaël Delpard décrit les événements avec précision et dans un style enlevé, digne des plus grands romans policiers. Le lecteur apprend ainsi comment les dirigeants de tous les pays du globe, y compris ceux qui se prétendaient démocrates et civilisés, ont agi dans la pire des lâchetés, participant de la sorte à l’assassinat de millions d’êtres humains.


Juifs à vendre – même à bas prix personne n’en veut
Contrairement à ce qu’ils voulurent faire croire lors de la découverte des camps d’extermination, ils connaissaient leur existence, pour avoir indirectement participé à la Shoah. La responsabilité des Etats est terriblement lourde, car, à l’été 1938, au moment où s’est ouverte la conférence, les nazis étaient disposés à laisser partir "leurs" Juifs ; cela aurait privé de sens la solution finale, puisqu’il n’aurait plus été possible d’exterminer tous les Juifs d’Europe. Et si le monde avait fait preuve d’un minimum d’humanité, ce sont au moins 650 000 personnes qui auraient eu la vie sauve.

Raphaël Delpard soutient, de plus, que si, en 1938, les chefs d’Etats du monde avaient, au contraire de ce qu’ils ont fait, dénoncé tous les accords qui les liaient à l’Allemagne, s’ils avaient cessé les échanges commerciaux avec elle, s’ils avaient pris la peine de s’opposer aux lois raciales, aux violences et aux actes de cruauté, s’ils avaient seulement même pris la peine de lire Mein Kampf, si chacun avait accueilli en moyenne le nombre modique de 22 413 personnes, s’ils avaient, pour ainsi dire, été sensibles au sort des autres, cela aurait évité un véritable massacre et sauvé des millions de vies.

Mais l’indifférence des politiques est le plus souvent abjecte. Comme on peut le constater 77 ans plus tard, rien n’a vraiment changé sur le plan humanitaire, et les réfugiés des pays en guerre viennent se noyer à quelques dizaines de kilomètres des côtes de l’Europe.

En observant l’inaction des dirigeants politiques d’aujourd’hui quant à leur soi-disant intervention dans La Guerre Civile Syrienne, contre la nucléarisation de l’Iran, l’Etat Islamique, dans la chienlit libyenne, qu’ils ont crée de leurs propres mains, on distingue clairement qu’ils n’ont pas appris les leçons du passé.


Franklin Roosevelt
En 1942, lorsque fut rendue publique, aux Etats-Unis, l’extermination des Juifs par les nazis, Franklin Roosevelt mit 14 mois à réagir officiellement ; et jusqu’à la fin du conflit, les Alliés n’entreprirent aucune action pour mettre fin à la Shoah. Nombreux sont les historiens à se demander pourquoi ils n’ont pas bombardé l’industrie allemande de l’extermination, de même que les voies de chemin de fer qui acheminaient les suppliciés vers les camps d’extermination. Or l’on sait désormais, photographies à l’appui, que l’état-major allié connaissait l’emplacement de ces camps, et savait pertinemment ce qu’on y faisait.

Tous les grands hommes du monde n’étaient pas des monstres, et l’écrivain, soucieux d’avoir la plume équitable, applaudit dans son ouvrage certains d’entre eux, tel Nicholas Winton, qui, en 1939, a permis à des enfants juifs de trouver refuge au Royaume-Uni, ainsi que James Grover Macdonald, Haut-Commissaire de la SDN aux Réfugiés de 1933 à 1935, dont Delpard salue la clairvoyance et le courage. MacDonald sera d’ailleurs le premier ambassadeur U.S. en Israël de 1949 à 1964.

Delpard, dans La Conférence de la Honte, expose l’horreur du "silence des nations" et nous met en garde contre la tendance qu’à l’histoire à se répéter. Les dirigeants politiques d’avant acceptèrent d’interagir avec un dictateur fou, qui, en plus d’éradiquer 6 000 000 de Juifs, fut la cause principale de la mort de plus de 60 000 000 d’hommes, civils et militaires confondus, lors de la Seconde Guerre Mondiale, soit environ 3% de la population planétaire de 1940.

Par Hevi Pekoz pour : menapress.org

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