Une journée de fête pour la Gueniza parisienne

Le rav Dov Lellouche a peut-être trouvé la solution au problème qui « empoisonne » la vie des responsables communautaires parisiens : le stockage de la gueniza ! Pour cela, le rabbin de la communauté Shivtei Israël dans le 12e arrondissement de Paris a conjugué initiative et tradition en imaginant un " Yom Hagueniza " qui a eu lieu le 18 avril dernier. « Il n’existe en effet aucun service qui prenne en charge le traitement des livres, fascicules et autres calendriers hors d’usage. D’autant plus que nous en recevons de plus en plus, explique ainsi le rabbin Lellouche. C’est bien simple : dans notre seule communauté, en six ans, nous en avons accumulé plusieurs mètres cubes ».

La Hala'ha oblige en effet à traiter avec respect les objets usagers porteurs de kédoucha qui doivent être mis en terre afin de les conserver le plus longtemps possible. Si évidemment personne ne pense à jeter des téfilin, une mézouza ou un séfer Torah, on a également pris l’habitude de déposer dans un endroit spécial tous les textes comportant des paroles de Torah ou sur lesquels est écrit le Nom divin. Une tâche qui devrait normalement incomber au Consistoire de Paris, mais il s'avère dans les faits que celui-ci est - dans ce domaine précis - aux " abonnés absents " depuis belle lurette…

Ce casse-tête, le rav Dov Lellouche l’a résolu grâce à un ancien minhag algérien redécouvert au gré de ses lectures : « Là-bas, dans chaque communauté de l'époque, le Roch 'hodech du mois de Iyar était l’occasion de transporter solennellement toute la gueniza de l’année au cimetière où elle était enterrée. C’était une vraie fête suivie d’une séouda, explique-t-il. Or il se trouve que c’est également une ségoula qui permet de hâter la Délivrance et d’arrêter les mauvaises pluies ».

Le principe arrêté, restait à trouver un terrain d’accueil. Réponse négative de la Mairie de Paris qui n’imagine pas ouvrir ses cimetières pour des « vieux papiers ». La solution viendra finalement de David Hassouny, qui offrira non seulement d’accueillir le premier Yom Hagueniza dans son château de Chaumont en région parisienne, mais qui proposera également de creuser la fosse nécessaire à l’enfouissement de la gueniza.

L’événement s’est donc tenu quelques jours après le début du mois de Iyar : en ce dimanche champêtre et festif, il a réuni une soixantaine de personnes représentant quatre communautés parisiennes. Et une fois la fosse rebouchée, un pommier a été planté sur cet emplacement : « De cette mise en terre, pousseront des fruits durant plusieurs générations. Car la Torah, c’est la transmission perpétuelle et c’est exactement le sens de ce Yom Hagueniza », s'est réjouit le rav Lellouche qui espère bien reconduire l’opération l’an prochain, en y associant davantage de communautés.

En attendant, ce rabbin de 41 ans, père de six enfants, s’apprête à réaliser un autre défi : le lancement d’une école rattachée à la communauté de Shivtei Israël. Appelé " Rechit 'Ho’hma ", cet établissement ouvrira ses portes à la prochaine rentrée de septembre avec des classes de crèche et de gan. Une nécessité dans ce coin tranquille de la capitale encore largement dépourvu d’infrastructures communautaires, bien qu’il attire de plus en plus de familles juives avec des jeunes enfants.

Source : Hamodia