À l’occasion de la fête de Hanouka, deux découvertes archéologiques majeures, mises au jour à Jérusalem et dans ses environs immédiats, viennent rappeler avec force la profondeur historique et la continuité de la présence juive dans la région. Séparés par près d’un millénaire, une lampe hasmonéenne datant de l’époque du Second Temple et un pendentif byzantin orné d’une Ménorah témoignent, chacun à leur manière, d’une vie juive enracinée, persistante et parfois clandestine.

Une lampe hasmonéenne près de Jérusalem : la vie juive il y a 2 000 ans
Au nord-ouest de Jérusalem, sur le site stratégique de Nabi Samuel, les archéologues de l’unité du conseiller archéologique de l’Administration civile (KAMAT) ont récemment mis au jour une lampe en terre cuite exceptionnelle, datée entre le deuxième et le premier siècle avant notre ère. Cette période correspond à l’époque hasmonéenne, marquée par la souveraineté juive et par les événements commémorés lors de Hanouka.
L’objet, rare et remarquablement conservé, constitue une preuve tangible de l’existence d’un peuplement juif actif dans la région de Jérusalem à l’époque du Second Temple. À proximité immédiate de la lampe, les chercheurs ont également découvert un instrument d’écriture destiné à graver des textes sur des tablettes de cire, lui aussi attribué à la période hasmonéenne. Ensemble, ces artefacts esquissent le portrait d’une communauté organisée, lettrée et solidement implantée.
Le site de Nabi Samuel, culminant à environ 885 mètres d’altitude, occupait une position stratégique majeure, permettant de contrôler les principales voies d’accès à Jérusalem. Les fouilles y ont mis en évidence une stratification continue, des périodes israélite et perse jusqu’aux époques hasmonéenne, croisée et ottomane, avec notamment les vestiges d’une forteresse croisée et d’un complexe religieux associé à la tradition du tombeau du prophète Samuel.
Pour Benjamin Har‑Even, responsable de l’unité archéologique de l’Administration civile, la portée symbolique de cette découverte est évidente : allumer les bougies de Hanouka tout en exhumant des objets issus de la dynastie hasmonéenne illustre, selon lui, le lien ininterrompu entre la fête, la terre et l’histoire juive. Ces trouvailles, souligne-t-il, renforcent l’importance de l’archéologie comme outil de transmission de la mémoire collective.

Un pendentif à la Ménorah : identité juive à Jérusalem sous l’Empire byzantin
Plus au cœur de Jérusalem, dans le parc archéologique Davidson, une autre découverte vient éclairer une période bien plus tardive et autrement plus sombre pour les Juifs de la ville. Lors de fouilles dirigées par l’Autorité des antiquités d’Israël, un pendentif en plomb pur, orné d’une Ménorah à sept branches, a été mis au jour dans une couche de remblai datant du septième siècle. Une trouvaille qui a été annoncée le 15 décembre 2025.
Retrouvé fortuitement sous environ huit mètres de remblais servant de fondation à des bâtiments monumentaux de l’époque omeyyade, l’objet recouvrait des vestiges de la fin de la période byzantine. Le pendentif, en forme de disque muni d’un anneau de suspension, présente sur ses deux faces une représentation identique de la Ménorah, soigneusement encadrée. Une analyse par fluorescence X a confirmé une composition exceptionnelle d’environ 99 % de plomb pur.
Selon les chercheurs, il s’agit du second exemplaire connu au monde d’un pendentif à la Ménorah réalisé en plomb. Le seul autre objet comparable est conservé au Walters Art Museum de Baltimore, sans provenance archéologique précise, ce qui confère à la découverte de Jérusalem une valeur scientifique et historique considérable.
Au-delà de son caractère unique, le pendentif revêt une signification symbolique forte. Durant la période byzantine, les Juifs étaient officiellement interdits de résidence et même d’entrée à Jérusalem. La présence d’un tel objet soulève donc la question de son propriétaire : marchand, émissaire administratif ou pèlerin clandestin. Quoi qu’il en soit, le port ostensible de la Ménorah, gravée sur les deux faces du disque, témoigne d’un attachement profond à l’identité juive et à la mémoire du Temple détruit.
Le Dr Yuval Baruch, directeur des fouilles du secteur depuis près d’un quart de siècle, souligne que ce pendentif dépasse le simple statut d’ornement. Il s’agirait d’un sceau personnel, voire d’une amulette protectrice. Le choix du plomb, matériau peu utilisé en joaillerie mais réputé à l’époque pour ses vertus apotropaïques, renforce l’hypothèse d’un objet porté pour protéger autant que pour affirmer une identité.
Une continuité à travers les siècles
De la lampe hasmonéenne associée à la souveraineté juive retrouvée aux abords de Jérusalem, au pendentif byzantin porté à une époque d’interdictions et d’exil, ces deux découvertes dessinent une même trajectoire historique. Elles témoignent d’une présence juive continue, parfois visible et institutionnelle, parfois discrète et résistante, mais jamais rompue.
À l’heure où Hanouka célèbre la victoire de la lumière sur l’obscurité et la fidélité à l’identité juive, ces objets archéologiques prennent une résonance particulière. Enfouis pendant des siècles, ils ressurgissent aujourd’hui comme des témoins silencieux mais éloquents d’un lien ancien et durable entre le peuple juif et Jérusalem.