Les Igbos du Nigeria sont-ils juifs ?

Les Igbos, localisés dans 5 états au sud-Est du Nigeri, font partie des groupes les plus importants qui se revendiquent comme juifs en Afrique Noire.

Dans cette tribune importante, vit une communauté qui se définit elle-même comme juive. D'ailleurs, ils trouveraient des offensants qu'on leur propose de se convertir au judaïsme traditionaliste tant qu'ils le vivent ! Pour eux, ils sont aussi juifs que n'importe quel juif.

D'après certains historiens, les Igbos pratiquaient déjà les rituels tels que de la circoncision huit jours après la naissance, bien avant leur rencontre avec la Bible et les missionnaires.


Igbos de Lagos et Abuja 

Pour la spécialiste nigériane, Catherine Acholonu, la tradition raconte qu'à la suite de conflits survenus dans le royaume d'Israël sous le règne de Nabuchodonosor, les ancêtres des Igbos (appelés aussi Al-Maghribi) pendant fuir et que leur navire les emmena jusqu'en Afrique du Nord (Essaouira et CARTHAGE), où ils durent s'installer. Le scénario le plus probable est que les ancêtres des Igbos se sont composés des clans familiers des Israélites et des Judéens pendant les sièges assyriens et babyloniens.

Israël a de toutes façons rejeté leur demande de citoyenneté – pour ceux qui l'ont demandée. Mais ils n'ont globalement pas d'aspiration à la alyah, ils veulent simplement être reconnus comme juifs, et être en lien avec la nation juive.

 

Le cinéaste juif américain Jeff Lieberman a découvert cette communauté, vivant au milieu d'une population musulmane et chrétienne. Il a été tellement enthousiasmé par la ferveur et la piété de ses membres qu'il a décidé de venir les filmer et d'en faire un documentaire passionnant, qu'il a titré : « Re-Emerging : The Jewish of Nigeria ».
 
Dès l'entrée du camp, on aperçoit une pancarte annonçant, en lettres hébraïques, la synagogue Houqat Israel. Les fidèles portent une kipa sur la tête et sont enveloppés du Talith traditionnel. Mais d'après ce qui ressort du reportage, ce n'est que récemment qu'ils se sont réellement rattachés au judaïsme mondial, grâce aux moyens de communication modernes. Par le passé, ils pratiquaient et respectaient leurs traditions sans savoir qu'ils étaient juifs. Cette communauté a survécu, par miracle, aux massacres entre Musulmans et Chrétiens de la région, continuant à célébrer les fêtes dans la joie et la sérénité.
 
Pour Jeff Lieberman, ils ont été fortement influencés par les forces coloniales et les missionnaires venus en masse dans la région pour convertir au christianisme la population. Et comme ces derniers proposaient une religion « qui rappelait à la leur », ils se laissent facilement convaincre. Et pourtant, les « Ibos » auraient toujours été appelés les « Juifs du Nigeria », de par leurs caractéristiques juives, leur intelligence et leur acharnement au travail. Mais ils ont également été des cibles lors des massacres.  

 

Lieberman explique encore : « Au sein de cette immense tribu, vit ce groupe qui se définit comme juif à tous points de vue, et si sur lui propose par exemple la conversion, il en sera très vexé ». Et de préciser que malgré toutes les vicissitudes qu'ils ont traversées, « ils ont tous une histoire commune, transmise de père en fils, disant qu'ils sont venus d'Israël et qu'ils font partie des « anciens Hébreux ». 
 
Depuis que leur existence a été révélée au grand public, les membres de cette communauté ont décidé de vivre pleinement leur judaïsme en respectant les règles de la Brit Mila, de la Kachroute, ainsi que le Chabbat, les prières, et même l'immersion rituelle. . . . . . . qu'ils pratiquent dans le fleuve attenant. Et ce n'est pas simple : certaines ont été rejetées des familles chrétiennes au sein, d'où elles ont et très souvent, la situation a dégénérée, entraînant des violences.
 
Un recensement informel a été effectué dans la région par l'Association des Juifs Africains de Guershon Nduwa permettant d'évaluer le nombre de « juifs » indigènes résidents au Nigéria. Il existe actuellement plusieurs synagogues de diverses tailles et les estimations tournent autour de 1000.000 Igbos pratiquant une certaine forme de judaïsme.


Absence de reconnaissance officielle 

Le Grand Rabbinat d'Israël n'a pas reconnu les Igbos comme une communauté juive halakhique (selon la loi juive). Il considère que leur lien avec le judaïsme n'est pas formellement établi par une lignée juive maternelle ininterrompue ou une conversion halakhique valide.

Beaucoup d'Igbos affirment être des descendants de l'une des dix tribus perdues d'Israël, mais cette affirmation n'a pas été validée par des recherches historiques ou génétiques acceptées par le rabbinat.

Par conséquent, les Igbos qui souhaitent immigrer en Israël sous la Loi du Retour (qui accorde la citoyenneté aux juifs) doivent passer par une conversion orthodoxe reconnue.

Certaines autorités rabbiniques en Israël et dans la diaspora garantissent la sincérité de nombreux Igbos pratiquant le judaïsme et les encouragent à entreprendre un processus de conversion formelle. Cependant, ce processus doit être supervisé par un tribunal rabbinique orthodoxe reconnu.