La Torah face aux progrès de la science

1. D-ieu, L'homme, la Création  

 

Et si la Tora n'avait pas été donnée ?

Question en forme de boutade que l'on aurait pu juger inutile de se poser, si les Maîtres du Talmud eux-mêmes ne l'avaient soulevée dans le traité ‘Erouvine 100b ! Leur réponse est à priori surprenante.

Rabbi Yo’hanane dit: "Si la Tora n'avait pas été donnée, nous aurions appris la pudeur du chat, le vol de la fourmi (qui ne vole jamais), la conduite reproductrice de la colombe, la façon de se conduire du coq, etc... " La réponse est claire: la nature est suffisamment riche, complexe, intelligente, pour pouvoir susciter en l'homme une réflexion propre à l'amener à y découvrir son Créateur et le plan de sa Création ainsi que son mode d'emploi: la Tora!
2. L'Homme de science face au Progrés  

 

Si notre époque cherche de nouveaux maîtres à penser et de nouvelles certitudes, les intellectuels ont perdu, dans ce domaine, une partie de leur prestige; et il y a longtemps que les religieux de tous bords ne sont plus écoutés qu'avec condescendance.

 

Quant aux scientifiques, "il y a peu de temps, on les voyait encore comme des modèles proches de l'idéal humain: rationnels par excellence, inaccessibles aux passions, aux intérêts personnels, aux préjugés, entièrement voués à l'amour de la vérité au service de l'humanité. Prêtres du progrès, officiant dans les cathédrales de l'ère nouvelle qu'étaient les laboratoires, ils attiraient et méritaient le respect des foules" (R. Chauvin, Des savants). Deux révolutions ont terni ce tableau héroïco-idyllique: la bombe atomique puis la pollution. Nos contemporains ne sont plus du tout persuadés que la science soit la voie obligée du bonheur.
Devant la multiplicité des théories scientifiques de plus en plus vite démodées, les scientifiques adoptent d'eux-mêmes un profil bas.

Ils se défendent bien, d'ailleurs, de vouloir établir, à partir de leurs connaissances, des certitudes ou des vérités touchant au sens de la vie, à l'éthique ou à l'avenir de l'humanité.

Ils conçoivent leur discipline respective comme une simple spécialité et non comme une philosophie de la vie ! 
L'art d'écrire ne pourra jamais nous dire qu'écrire, des leçons de conduite ne nous indiqueront pas plus où aller, et l'habileté à manipuler les atomes, les molécules, n'indiquera pas, enfin, jusqu'à quelle limite exercer ce pouvoir.

"Le discours scientifique n'est pas un discours de vérité, mais une démarche en cours d'élaboration toujours sujette à des changements, si de nouvelles observations l'y obligent...". (H. Reeves)


Charles Darwin
Mais dès que le scientifique sort de son domaine, pour étendre à l'humain ses théories basées sur les animaux par exemple (comme Darwin), tous s'interrogent sur la légitimité de telles extrapolations... qui sont d'ailleurs plus ou moins rapidement réfutées par d'autres scientifiques (Konrad Lorenz, Jacques Monod et d'autres depuis Darwin en ont fait l'expérience.)

Paradoxalement, la deuxième réponse que l'on peut donner à notre question de départ, va sembler contredire notre précédente approche. Que l'on veuille ou non, l'homme de science est écouté, plus que ne le sont les philosophes et les politiciens.
Il est pour le public, celui qui sait vraiment et qui tient l'avenir entre ses mains toutes puissantes.
Malgré 50 années de progrès exceptionnels dans tous les domaines, ou à cause de cela, parmi ces mêmes scientifiques s'élèvent de plus en plus de voix pour exprimer doutes et incertitudes sincères, aussi bien dans l'univers que dans la biologie moléculaire.

Les idées développées par Hubert Reeves, Edgar Morin, Rémy Chauvin, Freeman Dyson vont vers une unification de la création ou tout au moins une évocation de l'idée d'un Grand Ingénieur derrière tout cela !
Quant à ceux qui ne l'expriment pas aussi clairement, nous aurions presque envie de le leur souffler tant leurs théories sont ou trop convaincantes ou pas assez.
3. L’homme de science s’émerveille  
La Terre ou Gaïa selon Lovelock, c'est-à-dire la géo physiologie planétaire, n'est qu'un hymne à l'ingéniosité d'un ensemble, fonctionnant à la manière d'un immense corps humain, un gigantesque système auto-organisé, où la stabilité règne en une homéostasie parfaite, tant que l'homme n'intervient pas trop fortement.

Que d'émerveillement devant l'eau, considérée comme le sang de la Terre. L'ensemble de l'eau contenue dans tous les êtres qui vivent à un moment donné représente un volume supérieur à tous les lacs, tous les fleuves et toutes les rivières de la terre ! La vie, c'est de l'eau organisée.

La constance de la salinité de l'eau de mer reste incompréhensible en pure physique. La mer garde pourtant toujours la même densité en éléments dissous comme notre sang dont les hormones sont en permanence dosées par toutes nos glandes. L'eau est aussi la seule substance liquide qui se dilate en se solidifiant.
Le fait que la glace flotte est une anomalie à laquelle la Terre doit sans doute l'existence. Si la glace avait coulé, la Terre serait devenue une boule de glace. L'eau dissout presque tout, elle est d'une stabilité quasi parfaite.
"L'eau est le plus grand secret de la Terre", s'exclame Lovelock, et il ajoute: "Des cycles disciplinent les eaux, l'atmosphère, les climats. Ceci nous oblige à penser comme un tout les interactions entre les hommes, les végétaux, les animaux et la vie bactérienne.

Par exemple, la termite, qui grignote le bois, contient, entre autres, des milliers de microbes capables de digérer et recycler la cellulose".

Considérons une forêt de séquoias ou un récif de corail. Pour prospérer, chaque arbre développe une communication intense avec les arbres alentours et crée bientôt avec eux une situation d'équilibre afin de capter le soleil, développer ses branches, etc...

Certains scientifiques parlent très sérieusement de communication entre les esprits des arbres pour former un écosystème, une forêt, et éviter l'auto-destruction (Bateson, Vers une écologie de l'esprit). Ce qui fait dire à l'auteur : l'homme devrait penser comme un séquoia, ayant au moins le mérite d'ouvrir un débat entre la nature et la pensée.

 

Edelman, biologiste éminent, spécialiste du cerveau humain, démontre que les centres de l'odorat, du goût changent de place au cours de la vie d'un individu. Le cerveau ne cesse de se transformer, de générer ses propres règles. Le cerveau humain peut s'adapter à des situations inouïes, jamais affrontées auparavant.

A chaque fois, le cerveau répond, s'adapte, innove. Il se transforme, il évolue, il invente les réponses les plus fines pour nous permettre de progresser. Le cerveau fonctionne comme une totalité, et pourtant chaque population de neurones a sa manière propre de résoudre chaque problème, une jungle, un grouillement de réseaux et d'arrangements toujours fluides et mouvants où les plus opérationnels l'emportent.

La mémoire n'est pas la réplique exacte d'une image retenue, mais un travail d'abstraction et d'apprentissage, d'association et de cartographie neuronale. C'est une création permanente. (Edelman). On ne peut s'empêcher de penser que ces théories sont plutôt du domaine de la création divine que de la simple neurobiologie, tant elles sont magiques...

C'est d'ailleurs l'opinion de Hubert Reeves: "La connaissance scientifique permet de comprendre le monde. La démarche artistique permet d'améliorer le monde, par la création. Les religions et leurs histoires saintes sont autant de façon de repenser la réalité. Ces trois démarches sont complémentaires. "Seul l'esprit tout entier peut atteindre la lumière".
De nombreuses équipes de chercheurs de par le monde se sont fixées un programme commun: essayer de comprendre les mécanismes de la vie à travers un animal: le Cœrnorhabditis Elegans ou C. Elegans. C'est un ver d'un millimètre de long, à l'âge adulte. Il est en train de devenir la star des laboratoires.
Il possède en tout et pour tout 959 cellules. Allemands, Anglais et Américains se sont répartis ces cellules pour essayer de boucler, dans les prochaines décennies, leur projet. Il faudra plusieurs années pour étudier, par exemple, les 302 neurones contenus dans son cerveau, et les 8000 connexions attenantes. D'autres étudient l'ADN de ses cellules.
A titre de comparaison, lorsque l'on multiplie le nombre total de neurones du cerveau humain par le nombre de connexions que chacun d'entre eux peut nouer avec ses voisins, on obtient un chiffre de l'ordre du million de milliards de synapses!

La tâche sera longue et difficile avant d'arriver à cerner le fonctionnement de l’être humain.
4. La place de l'homme dans la nature  
L'homme a toujours éprouvé et éprouve toujours le besoin de comprendre la complexité du monde qui l'entoure, d'essayer de tout unifier ou tout au moins de se placer dans ce qu'il saisit des processus naturels, zoologiques ou biologiques, par exemple, découverts dans son environnement.

La question qui obsède le scientifique reste toujours: quels sont le rôle et le statut de notre espèce, l'homosapiens, dans la nature et dans le cosmos ?

Deux stratégies se retrouvent dans les systèmes élaborés :

1) la première imagine un ordre généralisé pour le reste de la nature mais isole l'homme, qu'elle qualifie de supérieur (Stephen Jay Gould).
2) La seconde stratégie part d'une tactique inverse pour atteindre le même objectif, à savoir trouver une place pour l'homme dans la nature qui donnera un sens à notre vie, sans noter de démarcation entre l'homme et la nature.

La première est dite zoocentrique, élabore des principes généraux à partir du comportement des autres animaux, l'homme étant comparé pour mieux être dissocié. La seconde est dite anthropocentrique, envisage ce qu'il y a de naturel en nous, en considérant que, d'emblée, dans nos particularités, réside le but de la vie.

La sociobiologie actuelle voit, en effet, dans l'homme, un être construit morceau par morceau, par l'architecte tout puissant nommé sélection naturelle. Chaque trait, chaque comportement est vu comme une adaptation mise en place par la sélection naturelle, théorie élaborée par Darwin mais adaptée en une théorie des transformations génétiques.

Les comportements humains spécifiques seraient basés sur des fondements adaptatifs et génétiques difficile à démontrer... A supposer que les animaux soient le résultat génétique de la sélection naturelle, l'homme, par son cerveau unique et démesuré est bien capable de faire preuve d'adaptation simplement par son intelligence et sa souplesse.
2. Le grand ingénieur  

Langevin et Einstein

Le scientifique découvre en fait que la science contemporaine ne peut se comprendre qu'en terme d'harmonie fondamentale entre l'esprit humain et la Création, une harmonie permettant d'affirmer que l'Univers est intelligible et unitaire.

Einstein ne faisait-il pas remarquer, souvent, qu'il était amusant de constater que l'Univers exhibait des qualités que, précisément, notre esprit pouvait appréhender.

Le travail du scientifique se trouve donc être de plus en plus dirigé vers la découverte de cette sorte d'harmonie préétablie. Quelle n'est pas sa surprise de réaliser alors, au-delà même de toutes ses espérances, à quel point celle-ci est réelle. Il ne manque pas alors de se demander si finalement, à l'unicité de la Création, ne correspondrait pas l'unicité d'un Créateur.

" Nous nous trouvons en présence de trois infinis (et non deux), l'infiniment grand, l'infiniment petit et l'infiniment complexe. L'homme ne serait pas le résultat hasardeux de quelque évolution démente ou tout au moins aveugle, mais l'acteur essentiel de la création".

Cette constatation étonnante émane du Professeur Rémy Chauvin, auteur de trente-trois ouvrages, scientifique et biologiste réputé, notamment pour ses travaux sur les fourmis... Et c'est en se penchant sur la société des fourmis, et à un degré moindre, celle des abeilles, que Rémy Chauvin est parvenu à la conclusion définitive que "la vie poursuit sûrement un but sur la Terre, et sans doute ailleurs, en tournant tous les obstacles et en utilisant le hasard avec virtuosité".

Toutes les prodigieuses avancées technologiques, et ce dans tous les domaines, ont permis d'aller plus loin dans la connaissance, L'univers a changé sous le regard des scientifiques, rapidement, monstrueusement.

Et pourtant "depuis que nous la connaissons mieux, il nous semble parfois apercevoir derrière ces rouages quelque immense et subtil Ingénieur... Quant à l'homme, n'est-il vraiment qu’un roseau pensant ?


Pour celui qui, scientifique, étudie par ailleurs la Tora, ces paroles semblent d'une banale évidence... Mais que les savants de notre siècle, admettent éprouvettes et télescopes à l'appui, ce que nos textes ont établi comme bases de notre croyance en D., ne manquera sûrement pas de nous surprendre tout de même.
La cellule vivante apparaît au microscope comme un grouillement à l'aspect désordonné, les constituants cellulaires se faisant et se défaisant sans cesse, apparemment au hasard et en même temps de façon organisée.

Et Henri Atlan ajoute que cette association de hasard et d'organisé ne pouvait l'empêcher de penser à une fourmilière... Et nous voilà revenus à nos chères fourmis, que Rémy Chauvin observa durant quarante années...
5. La preuve par la fourmi  

Fourmi rousse

"Le travail des fourmis est dispendieux, il dilapide, selon nos critères humains, tout au moins, des sommes incroyables d'énergie. Pourtant ce travail est souverainement efficace, il surmonte tous les obstacles... On n'arrête pas la machine fourmilière à moins de la détruire toute entière ... Encore un pas et je me mettrais à penser que la nature entière fonctionne comme cela". Les fourmis rousses construisent des dômes de brindilles qui peuvent atteindre un mètre cube et un âge avancé, près d'une centaine d'années.

Elles peuvent abriter plus d'un million d'ouvrières affairées... Or, n'importe laquelle des ouvrières fait n'importe quoi, et ces dômes respectent pourtant une architecture immuable. Toute tentative de déformation du dôme entraîne une correction immédiate par un travail désordonné mais efficace au plan du résultat, chaque fourmi donnant l'impression de n'avoir qu'un seul modèle architectural en tête. De plus, nulle communication n'est nécessaire pour construire ce dôme: chacune ignore ce que les autres font, voire ce qu'elles sont elles-mêmes en train de faire...." Le hasard aveugle n'existe pas. La matière s'assemble, les êtres vivants agissent et prospèrent semble-t-il au hasard, mais toujours dans la direction de la vie.

Le hasard est cet arbre qui nous cache la forêt..." Il semble qu'on ne puisse échapper à la finalité, c'est-à-dire à la conviction que la nature est orientée vers un but. Comment nier qu'un programme véritable soit à l'oeuvre dans la nature : celui du Grand Ingénieur des choses".

4. D-ieu se retrouve dans la Création  
Le Professeur Chauvin a observé la nature durant plus de quarante ans, et sa conclusion a été: il y a quelqu'un derrière tout cela!

Nos Sages nous affirment que la Création entière est Sougya A’hate (un seul et même sujet), et que la finalité du monde est de retrouver le doigt de D. dans sa Création.

Retrouver dans chaque créature, dans chaque geste, dans chaque plante, la main de D., voilà le but de la Création.

"Combien sont multiples Tes oeuvres, ô D., tout a été fait avec sagesse": ceci est dit à propos de la nature, car il y est contenu une grande sagesse". (Tomer Deborah, III)

 

6. L’homme de science face à l'homme de religion  
L'approche de ces deux hommes, face au monde de D., est fondamentalement différente.

Le savant, en scrutant l'univers, désire connaître afin de comprendre et de réussir, d'éclaircir et de préciser pour trouver des solutions. Il veut résoudre les problèmes de la connaissance de la réalité.

Il désire établir des règles, formuler des lois et des principes, supprimer l'imprévisible et l'incompris, la surprise et le miracle dans l'univers. Le savant établit un ordre déterminé et rigoureux. L'accidentel, l'inordonné n'ont pas droit de cité.

L'essence de la connaissance du savant réside dans cette découverte du secret et de la solution des énigmes cachées de la réalité, grâce à la mise à jour de l'ordre naturel du monde. L'acte du savant c'est l'invention et la découverte.

Pour l'homme de religion, c'est le déterminisme même, premier et dernier mot de l'existence, qui constitue pour lui l'énigme la plus secrète et le plus profond mystère.

Il cherchera à obtenir la connaissance mais pour aboutir à la compréhension des rapports fonctionnels entre les phénomènes de ce monde.

Le Talmid 'Hakham désire, au plus profond de son âme, obtenir la vérité sinaïtique tout en n'éludant pas la vérité scientifique.

Le savant se sent attiré par une nature simple et franche. Il ne se consacre pas à ce qui est caché, mais à ce qui est apparent dans l'univers.

Pour le Talmid 'Hakham, "savoir et merveille, connaissance et mystère, compréhension et secret, ordre et inconnu" constituent un seul et même phénomène. (Rav Soloveitchik, L'homme de la Halakha)

S'intéresser aux sciences de la nature, c'est aboutir à la science divine et ensuite à la connaissance de D-ieu.

Lorsque le savant contemple l'univers de D. et tente de le comprendre, il est amené à prendre deux décisions différentes:

a) de pénétrer la réalité, d'observer et de scruter sa physionomie afin de saisir son essence et sa structure. Il avance à l'aveuglette, s'étonnant de la multiplicité des phénomènes et du "désordre" qui semble régner dans la nature; et c'est en butant sur la répétition régulière de certains faits qu'il parvient à l'établissement de principes et à la fixation de lois qui éclairent son chemin dans l'existence.

b) afin de vaincre le mystère de la réalité, il se construit un monde idéal, ordonné et stable, précis et parfaitement clair, il se forge une création idéale, à priori, dont son esprit se satisfait. Il la comprend parfaitement et en jouit pleinement.


Son appréhension de la réalité n'a d'autre but que l'établissement d'un rapport entre sa création idéale et, à priori, la réalité immédiate.

L'homme de religion s'approche de la nature et de la réalité avec la Tora transmise au Mont Sinaï. Il se rattache au monde par des lois fixes et des principes fermes. Une somme de règles et de préceptes lui indique la voie qui le conduit dans l'univers.

Son approche est une approche qui débute par une création idéale et aboutit à une création réaliste. Tout phénomène, produit ou création sont approchés avec des critères idéaux car établis dans un texte d'émanation divine où tout est prévu, rien n'est laissé au hasard. L'espace, la nature, la biologie ou physiologie du corps, le commerce, etc..., tout est examiné, apprécié, selon les critères de la Tora. Alors, la nature prend une autre dimension.

L'homme de religion s'approche de la nature et de la réalité avec la Tora transmise au Mont Sinaï. Il se rattache au monde par des lois fixes et des principes fermes. Une somme de règles et de préceptes lui indique la voie qui le conduit dans l'univers.

Son approche est une approche qui débute par une création idéale et aboutit à une création réaliste. Tout phénomène, produit ou création sont approchés avec des critères idéaux car établis dans un texte d'émanation divine où tout est prévu, rien n'est laissé au hasard. L'espace, la nature, la biologie ou physiologie du corps, le commerce, etc..., tout est examiné, apprécié, selon les critères de la Tora. Alors, la nature prend une autre dimension.

 

7. L’apport du judaïsme pour le scientifique  

Le Gaon de Vilna

Le Rav Hillel de Sklov (Kol Hatora II, V) disait: "Il est connu que le Gaone de Vilna s'occupait aussi de recherches sur la nature... pour atteindre la connaissance de la Tora et pour sanctifier le nom de D. aux yeux des nations... en accord avec le verset "car voici ta sagesse et ta connaissance aux yeux des nations".

Et il nous disait souvent personnellement "que font nos étudiants de la Tora pour la sanctification de D., comme les Sages d'Israël dont beaucoup sanctifièrent le Nom par leur savoir étendu et leurs recherches des secrets de la nature, les merveilles du Créateur".

Acquérir des connaissances scientifiques, comprendre, oui, mais, pour découvrir la sagesse divine, mieux utiliser le monde et ce qu'il peut apporter à l'homme dans la voie tracée par le judaïsme. Ce n'est pas par hasard que 735 pages dans la Bible traitent de sujets médicaux, alors que l'on trouve 2000 citations médicales dans le Talmud. Preuve supplémentaire, s'il en était besoin, de l'étendue des sujets traités dans la Tora, celle-ci embrassant la connaissance de tous les mondes matériels et spirituels.

Le Gaone de Vilna appuie cette idée par une analyse remarquable d'un verset de la Tora (Kol Eliyahou sur Haazinou). Dans la section "Haazinou", il est dit (verset 6): "Am naval vé lo hakham": "Peuple insensé et sans sagesse", et le Targoum Onkelos traduit: "Da Ama Dékabilou Oraïta vela Hachimou": "un peuple qui a reçu la Tora et qui ne l'avait pas comprise".

Le Gaone demande: Mais où est le manque d'intelligence dans la "Kabalate Hatora" (dans la réception de la Tora) ? Y a-t-il une plus grande sagesse que cela? En d'autres termes, la Tora est innée dans la nature.

Cette même idée se retrouve à propos d'Abraham dont on dit qu'il "déduisit les dix commandements de ses deux reins!" Les reins étant, dans la Bible et le Talmud, le lieu du plaisir, cela signifie que si l'homme maîtrise les plaisirs, alors chaque chose retrouve sa place dans et en dehors de lui, et il pourrait alors découvrir ce que D. attend de lui.

Les lois de la Tora sont donc des lois naturelles. Et c'est simplement cela que le Gaone de Vilna avait compris de la traduction d'Onkelos; la petitesse de l'homme, sa corruption spirituelle, l'avaient empêché de déduire la Tora du monde animal, végétal et minéral où elle est inscrite dès leur création.

Ainsi D. dut se résoudre à ce don de la Tora, devant l'impuissance de l'être humain à la découvrir par lui-même.

Le moins que l'on puisse dire est que la nature inspirait profondément nos Sages.

 

8. CONCLUSION  
La croissance et la diffusion du matériel de la connaissance a placé l'homme juif dans un état de besoin encore plus grand vis-à-vis de la Tora (mot qui veut moins dire instruction que direction).

La raison principale principale réside dans le fait que les progrès scientifiques ont engendré, en même temps, un sens profond de l'humilité. Plus la connaissance s'approfondit, plus le mystère grandit et plus les questions surgissent.

L'homme juif découvre alors, que contrairement au scientifique qui admet que ses connaissances et sa compréhension de l'univers sont très incomplètes, celui qui étudie la Tora sait que tout s'y trouve. Et s'il n'a pas su découvrir le texte sacré dans la Nature, il ne tient qu'à lui de découvrir la Nature à partir de ce même texte pour mieux comprendre ce verset tiré de Béréchite Rabba (10, 7): "Il n'y a pas en ce monde un seul brin d'herbe qui n'ait son préposé dans les cieux pour le frapper et lui dire: "Pousse!".