Parmi eux , la pièce de théâtre d’un célèbre dramaturge juif, Jacob Gordin, datant du XIXe siècle. Bruni par le temps, le manuscrit de quinze pages, en yiddish, transcrit en caractères latins, porte encore le sceau à la cire rouge des censeurs du tsar. « L’œuvre de Gordin, « Mirele Efros », était une pièce en yiddish très populaire. Un théâtre en a envoyé une copie (à la censure tsariste) pour obtenir la permission de la mettre en scène », explique l’historienne lituanienne Lara Lempertiene, penchée sur un tas de documents anciens qui ont survécu miraculeusement aux cataclysmes du XXe siècle.
Grâce à un bibliothécaire courageux, le manuscrit de cette pièce surnommé parfois le Roi Lear juif, a été sauvé de la destruction avec des milliers d’autres documents en yiddish et hébreu, dont le contenu reste encore largement à redécouvrir. Des milliers d’autres documents avaient pu être envoyés aux Etats-Unis avant que l’Holocauste ne décime l’importante communauté juive de Lituanie. Équipés de brosses, gommes et colles, les archivistes lituaniens s’appliquent à rendre ces documents numérisables.
« Dans les années 1920 et 1930, tous ces documents étaient réunis à Vilnius. Ils constituaient un tout, avant d’être dispersés d’abord par les nazis et ensuite par les Soviétiques », a indiqué à l’AFP Jonathan Brent, le directeur exécutif d’YIVO, contacté par téléphone à New York. « Avec l’aide du gouvernement et des institutions lituaniennes nous travaillons à réunir cette collection sous forme numérique », a-t-il précisé.
Le financement du projet, évalué à 4,6 millions d’euros, est assuré par des fondations publiques et privées, des mécènes individuels et gouvernementaux. Fondé à l’origine par des intellectuels de Vilnius en 1925, l’Institut YIVO, qui s’est installé à New York en 1940, se donne pour but de préserver, étudier et faire connaître la patrimoine culturel de la communauté juive en Europe de l’Est, Allemagne et Russie, remontant au XVIIe siècle.
Source : Times of Israel