Ils désignent des hostilités inter-tribales entre les communautés arabes et berbères d’Afrique du Nord qui viennent de conquérir le sud de l’Espagne et dont, semble-t-il, les Juifs ont fait les frais. Mais il y a aussi la jalousie et le ressentiment que l’ascension d’un homme a pu aiguiser. Joseph Ibn Naghrela est le fils du légendaire Hanagid Shmuel (993 – 1056), marchand d’épices, rabbin, poète, grammairien et homme politique avisé.
A son tour, Shmuel meurt et sa place de vizir revient tout naturellement à son fils Joseph qui lui succède également en tant que rabbin. On prête à Joseph d’avoir été le disciple de Nissim Gaon, l’auteur du commentaire talmudique, ha-Mafteach, dont il a épousé la fille. L’historien juif, Abraham Ibn Daoud, né un siècle plus tard, écrit de Joseph que : “de tous les bons traits de son père, il ne lui en manquait qu’un : l’humilité… Il est fier de ses privilèges et les princes berbères le jalousent.”
Scène de l'inquisition
Le roi ne se laisse pas impressionner par ces accusations ; en revanche les ressentiments de la population de Grenade contre les Juifs de la ville ne font que s’exacerber. Dans son livre “Les Juifs de l’Islam”, Bernard Lewis cite un poème d’Abou-Ishaq dans lequel il exhorte à l’action contre les juifs de Grenade : “Ne considère pas comme une violation de la foi le fait de les tuer, le manque de foi serait de les laisser survivre. Ils ont violé notre alliance avec eux, alors comment pouvez-vous être tenu pour coupables contre les contrevenants ? Comment pouvons-nous faire alliance avec eux quand nous sommes obscurs et qu’ils sont importants. Maintenant nous sommes humbles, à côté d’eux, comme si nous nous étions trompés et qu’ils avaient raison !”. Pour Bernard Lewis, “des diatribes comme celle d’Abu Ishaq et des massacres comme celui de Grenade, en 1066, sont plutôt rares dans l’histoire islamique”.
Source : Terre Promise