« Aloumim a eu, dès sa création, pour but de recueillir les témoignages des enfants cachés en France durant la Shoah et, qui, pendant 40 ou 50 ans, n’ont pas parlé », explique Weinberger. La première présidente de l’association, Rikva Avihail, est parvenue à saisir ces témoignages précieux, qu’elle a déposés à Yad Vashem et à la Fondation pour la mémoire de la Shoah en France.
Aujourd’hui, les activités de l’association se sont diversifiées : « Nous avons un service d’aide médico-social qui, grâce au financement de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, soutient nos membres les plus démunis », explique Carole Roos, également très active au sein de l’association. « Cette année, le 8 avril nous avons célébré dans la maison d’enfants “Les Monts de Jérusalem” à Kiriat Yearim, le 20e anniversaire de notre association et les 100 ans de l’association française Œuvre de secours aux enfants juifs.
De nombreux membres d’Aloumim étaient cachés par l’OSE, nous les avons donc naturellement associés à nos 20 ans », ajoute-t-elle. Chaque année, Aloumim commémore Yom Hashoah dans la forêt de Roglit « devant le monument où sont inscrits les noms des 76 000 membres de nos familles déportés de France, une manifestation à laquelle participent des écoliers israéliens », indique Carole Roos. « Pour beaucoup, c’est un peu le cimetière de leurs parents », affirme-t-elle justement.
L’angoisse était générale, elle se faisait ressentir dans chaque foyer juif. J’entends encore le martèlement des bottes noires des soldats », se souvient-elle. « Des mots nouveaux sont apparus : “tampon juif”, “liste”, “rafle”, “arrestation”et surtout un mot en yiddish “אַוועק לויפֿן” (avek loyfen) qui veut dire “s’enfuir” ». Le 29 mai 1942, la 8e ordonnance fait porter l’étoile jaune à Dora. « Je le dis rarement, mais quand on me dit de tourner à gauche, je sens encore cette étoile jaune sur ma poitrine du côté gauche, comme point de repère », confie cette enfant de la Shoah.
« Un jour je suis entrée dans une librairie, et j’ai vu un officier allemand qui ne parvenait pas à communiquer avec le commerçant français. Moi qui parlais couramment allemand, je suis intervenue, parce que je voulais leur rendre service sans doute. Un étonnement et un silence ont résonné des deux côtés. Le patron français m’a alors dit à voix basse “file petite, rentre à la maison”. C’était le jour même où de grandes rafles ont touché Angoulême. L’officier allemand m’a regardée, a vu mon étoile jaune, et m’a dit : “Merci petite, mais rentre à la maison, c’est une journée très dangereuse pour vous”. Je peux dire que cet officier allemand, au fond, m’a sauvée ».
Source : JPOST