
Parmi les 724 immigrés juifs qui embarquent, environ 470 proviennent de Dantzig, 250 sont originaires de Roumanie et le reste est constitué de réfugiés d'Autriche et d'Allemagne. Le 6 mars, le navire, surpeuplé, lève l'ancre et commence un voyage long et mouvementé vers la Palestine mandataire. Dix jours plus tard, l'Astir est en vue de Rishon Letsion, au sud de Tel-Aviv. Contraint de rebrousser chemin, il tente néanmoins de s'approcher à nouveau de la rive mais est arraisonné par les garde-côtes britanniques le 2 avril, la veille de Pessah.

L'Astir atteint la Grèce et navigue le long des côtes avant de tenter une nouvelle approche vers Ashkelon le 28 Juin. Débarqués à terre dans un voilier et d'autres petites embarcations, les immigrants sont immédiatement arrêtés par la police britannique et emmenés dans des camps de détention à Bat Galim et Tzrifin avant d'être libérés quelques jours plus tard. Les membres de l'équipage de l'Astir sont jugés et condamnés à des peines de prison. Néanmoins, les journaux de l'époque ont salué l'arrivée des nouveaux immigrants.

Plus tard, lorsque des listes et des tableaux ont été recomposés pour récapituler et chiffrer l'immigration juive clandestine en Palestine sous mandat britannique, le bateau a été recensé deux fois, une fois en tant qu'Astia arrivé en avril à Haïfa, une seconde fois en tant qu'Astir débarquant ses passagers au large de la côte d'al-Majdal (Ashkelon) en juin. Au fil du temps, ces graphiques intégrés tel quels dans les documents et publications officiels tels que l'Atlas de l'histoire de la Haganah, le site Internet de l'immigration clandestine et le Musée de la Marine de Haïfa, tous se référant bel et bien toujours à deux navires distincts, l'Astir et l'Astia. Mais un chercheur s'est livré, dans le cadre d'un projet conjoint avec l'Université de Tel Aviv et la Bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale d'Israël, à une étude sérieuse et approfondie comprenant un examen de la presse juive et non-juive de l'époque ainsi que des documents du gouvernement britannique et d'autres sources. Il a pu ainsi consulter des journaux qui n'étaient auparavant pas accessibles.
Il est ainsi arrivé à la conclusion logique qu'un "chupchik" (un mot familier en hébreu pour désigner tout objet minuscule) a fait irruption dans l'Histoire faisant de l'Astia, une fiction officielle. Le "chupchik" en question se résumant à un faute typographique. 699 juifs clandestins se retrouvent d'un coup rayés des listes officielles des immigrants ayant gagné la Terre promise dans les années d'avant-guerre. Le rédacteur, qui a publié ses travaux sur l'encyclopédie participative Wikipédia, s'est identifié comme le "chercheur 158a" et a suscité parmi les rédacteurs israéliens un vrai débat.
Une controverse qui s'est terminée récemment par un événement plutôt rare: la suppression d'une entrée. Ce qui somme toute sur Internet n'est pas si compliqué à faire. Encore faudra-t-il que les livres d'histoire, les atlas et les publications officielles fassent eux aussi peau neuve.
Source : Israel Infos