![]() De la naissance à Bagdad au décès à Jérusalem, la vie du Rav Ovadia Yossef zatsal fut intégralement consacrée à l’étude, à la Halakha et au peuple juif. Sa mémoire phénoménale, sa fierté séfarade, son charisme, sa capacité de concentration, sa chaleur humaine, son amour du prochain ont fait de lui le guide de toute une génération. Sa biographie est celle d’un maître, d’un guide, mais également celle d’un père qui a laissé, lundi dernier, tout un peuple orphelin. Le Rav Ovadia Yossef est né le 12 Tichri 5681 (23 septembre 1920) à Bagdad, fils aîné de Yaacov et de Georgia. Il reçoit deux prénoms : le premier, Ovadia, au nom du Rav Abdallah Somé’h, très grand Rav irakien, et Yossef, à la mémoire du Rav Yossef ‘Haïm, le Ben Ich haï. Quatre ans après sa naissance, la famille monte en Israël et s’installe à Jérusalem, dans le quartier de Beth Israël. Le père du jeune Ovadia, qui était orfèvre en Irak, ouvre à Jérusalem une petite épicerie. La situation financière n’est pas simple pour la famille et le jeune garçon est contraint de travailler très jeune. En parallèle, il étudie au Talmud Torah Bné Tsion, dans le quartier des Bou’harim, où son assiduité à l’étude, sa mémoire photographique et ses connaissances lui valent déjà le titre de génie. ![]() Le Rav Ovadia à l'âge de 9 ans En 1933, à l’âge de 12 ans, il part étudier à la yéchiva Porat Yossef, la plus grande yéchiva séfarade de cette époque. La même année, il écrit son premier livre, avec deux de ses amis. À Porat Yossef, il est suivi de très près par le Rav Ezra Attia, le roch yéchiva, qu’il considère comme son père spirituel. Et lorsque le père de Rav Ovadia décide de faire sortir son fils de la yéchiva pour qu’il l’aide à son épicerie, c’est le Rav Attia qui va le supplier personnellement de renoncer à ses projets : « Le limoud de votre fils est trop puissant pour qu’il y renonce », lui dira-t- il. ![]() Rav Ovadia à l'âge de 18 ans C’est là que le Rav Ovadia émet ses premières critiques sur la psika de célèbres grands rabbins irakiens, qu’il considère comme trop sévères. Plus tard, il dira que cette série de cours a forgé sa conception de la Halakha. À vingt ans, il est nommé Rav et dayan par le Rav Ben Tsion Méïr ‘Haï Ouziel et occupe le poste de juge rabbinique au Beth-Din de la communauté séfarade. Dès cette époque, de nombreuses questions lui sont adressées, tant par des séfarades d’Israël et de l’étranger que d’ashkénazes vivant à Jérusalem. ![]() Le Rav Zal et son épouse Margalite Zal Trois ans plus tard, à la demande du Rav Ouziel, il part en Égypte, pour y diriger le tribunal rabbinique. Mais des divergences d’opinions avec certains membres de la communauté le poussent à repartir après deux ans. À son retour, il est dayan au tribunal rabbinique de Péta’h Tikva puis, en 1952, écrit son premier véritable livre de Halakha, ‘Hazon Ovadia, sur les hala’hot de Pessa’h. Il fonde ensuite la yéchiva Ech Torah, qui accueille des étudiants séfarades particulièrement doués, dans le but d’en faire les leaders de demain. ![]() Rav Ovadia en tant que Dayan à Tel Aviv en 1955 Il est ensuite nommé Dayan au tribunal rabbinique de Jérusalem puis au grand Beth Din national. En 1968, il est nommé grand rabbin de Tel-Aviv puis, en 1972, il est nommé grand rabbin d’Israël et Richon lé-Tsion, succédant au Rav Its’hak Nissim. Il écrit à cette époque son deuxième recueil de responsa, Yé’havé Daat, rédigées dans un langage clair et concis, et qui jouit d’une très grande popularité. En tout, il écrira une quinzaine de livres, sans compter les fameux livres de Halakha Yalkout Yossef, écrits par son fils, Rav Its’hak Yossef. En 1983, suite à une loi limitant à dix ans le mandat des grands rabbins d’Israël, il est contraint, à son grand regret, de quitter son poste, mais continue de siéger au Beth HaDin Hagadol. En parallèle, il crée le conseil des Sages de la Torah, censé guider le tout jeune parti Chas, qui se présente aux législatives de 1984, sous le parrainage commun du Rav Ovadia et du Rav Chakh. ![]() Sa maison située au 45 de la rue Hakablan, à Har Nof, devient un véritable lieu de pèlerinage où se rendent les plus grands rabbanim et les personnalités les plus célèbres pour y recevoir conseils et bénédictions. Le décès de son épouse, Margalit, en 1994, porte un grand coup au Rav, qui ordonne la création d’une chaîne de séminaires pour jeunes filles portant son nom. ![]() Le 21 septembre 2013, son état de santé se détériore sérieusement et il est hospitalisé à l’hôpital Hadassa Ein Karem. Des prières sont organisées pour sa guérison, mais, le 7 octobre, vers les 13 h, il rend son âme à son Créateur, laissant après lui un peuple entier en deuil. Malgré son âge avancé, beaucoup de ses fideles refusaient de le voir partir car comme le signifie notre titre, cet homme était une Thora Vivante, et par ses bonnes actions, il ne pouvait qu’entraîner la protection du peuple juif. ![]() Texte : Hamodia.fr |