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L'humiliation peut briser un homme. Lorsqu'elle est publique, sa victime peut même souhaiter disparaître sous terre. D'ailleurs, le Talmud (Baba Métsi'a 58b) |
![]() Ancienne synagogue de Baranovitch Dans la ville de Baranovitch, en Pologne, dans les années 1920-1930, il n'y avait ni électricité ni système à huile ou à pétrole pour chauffer les maisons. La seule source de chaleur de la Choule provenait du poêle adossé au mur du fond. Les malheureux mendiants qui voyageaient de ville en ville comptaient sur la chaleur de la Choule durant la nuit, car ils dormaient sur les bancs. Le Chamach avait pour tâche d'alimenter régulièrement le poêle, afin que ceux qui venaient étudier à la Choule le soir, et ceux qui arrivaient très tôt le matin - avant l'aube - pour étudier ou dire des Téhillim (Psaumes), soient au chaud. ![]() Poêle à l'ancienne Mais lorsqu'il n'y avait pas de mendiants de passage, ou que ceux qui dormaient dans la Choule étaient paresseux, le lendemain matin celle-ci était glaciale. Les fidèles réprimandaient alors le Chamach. Rabbi Israël Ya'akov Lubchansky était le Rav de Baranovitch. Afin de protéger le Chamach, il quittait sa maison très tôt le matin, alors qu'il faisait encore nuit dehors, pour aller à la Choule, ramasser du bois, l'empiler dans le poêle, allumer le feu et souffler sur les braises, tout cela afin que les Mitpalélim (gens qui viennent pour prier) soient bien au chaud à l'aube. Au bout de quelque temps, , les gens prirent l'habitude de trouver une Choule bien chauffée le matin, et ils complimentèrent le Chamach pour la qualité et le sérieux de son travail. Ce dernier, quant à lui, pensait que c'étaient les mendiants qui, dans leur propre intérêt, maintenaient le poêle allumé. ![]() Par un matin d'hiver, alors qu'il faisait encore nuit dehors, Rabbi Israël Ya'akov Lubchansky vint remplir le poêle de bois, comme il le faisait chaque jour. Le Chamach qui était arrivé tôt ce jour-là, aperçut un homme qui ranimait le feu. "Bonjour", lança-t-il en se dirigeant vers le poêle. R' Israël Ya'akov savait que si le Chamach découvrait que c'était le Rav qui accomplissait en réalité les tâches qui lui incombaient normalement, sa gêne serait terrible. C'est pourquoi il ne répondit pas. R' Israël espérait que le Chamach se remettrait tout simplement à rassembler les Sidourim et à ranger les Séfarim. Mais ce dernier se sentit offensé. "Bonjour", cria-t-il d'un ton agressif, certain de s'adresser à un mendiant. 11 attendit une réponse. R' Israël Ya'akov continua sa tâche, approchant son visage du poêle pour être sûr que le Chamach ne le reconnaîtrait pas. S'il répondait, le Chamach saurait immédiatement à qui il avait affaire. R' Israël Ya'akov hocha simplement la tête et continua de souffler sur les braises pour ranimer le feu. ![]() Synagogue du Rav Elhanan Wasserman Zal à Baranovitch "Quelles sont ces manières, espèce d'ingrat? Tu ne réponds même pas quand on te parle?" Le visage de Rabbi Israël se trouvait maintenant dans le poêle, et la fumée qui emplissait ses poumons le faisait tousser et l'étouffait. Le Chamach le bouscula encore une fois avant de s'éloigner. Mais la barbe du Rav avait pris feu! ![]() Quand R' Israël Ya'akov arriva à la choule ce matin-là avec une moitié de barbe, les gens pensèrent qu'un incident était survenu chez lui. Ce n'est que bien plus tard, quand R' Israël eut pris le poste de Machgia'h à la Yéchiva de R' El'hanane Wasserman à Baranovitch, qu'un membre de sa famille dévoila ce qui était réellement arrivé. ![]() Extrait du MAGUID DE JERUSALEM |