Le miracle réside dans le fait que de cette eau saumâtre, les agriculteurs font pousser les tomates les plus douces du pays ! « L’eau tirée de l’aquifère du Néguev contient entre 1 100 et 2 400 milligrammes de sel. Pour comparaison, il faut savoir que l’eau dessalée contient 25 milligrammes de sel et l’eau du Movil Haartsi (le principal réseau de transport d’eau du pays NDLR) en contient 200 milligrammes par litre », nous explique Tsion Chemer, du mochav Kadech Barnéa, qui dirige la station expérimentale. Au début, personne ne croyait vraiment que l’eau saumâtre allait porter ses fruits, souligne-t-il, et c’est la raison pour laquelle la Compagnie des eaux n’a pas créé suffisamment d’infrastructures pour le pompage et le transport de cette eau salée.
Après le paradoxe de la tomate salée-sucrée, un autre paradoxe, celui du poisson d’eau de mer élevé… dans le désert ! Il s’agit d’un poisson casher nommé « barramundi », qui vient d’Australie et qui a besoin d’eau saumâtre pour grandir. L’eau de l’aquifère a donc fait tout le chemin des profondeurs de la terre jusqu’aux piscines d’eau salée du désert qui accueillent désormais des poissons pouvant mesurer jusqu’à 1 m de long environ et qui sont très majoritairement destinés à l’exportation. Mais ce n’est pas tout ! L’eau dans laquelle les barramundis ont été élevés, « enrichie » par les déjections des poissons, continue son voyage pour aboutir à l’oliveraie de Révivim qui est la plus étendue du pays avec ses 700 hectares. Cette huile savoureuse est vendue même en Espagne, terre de l’huile d’olive par excellence !
« Nous cultivons également 60 hectares de grenadiers irrigués à l’eau salée dont les fruits arrivent sur les marchés avant tous les autres ainsi que des vignes produisant un vin de très bonne qualité qui fait notre fierté », poursuit Tsion Chemer. Selon lui, le Néguev jouit d’avantages incontestables pour les agriculteurs : « Tout d’abord le climat qui règne ici est particulièrement propice à la l’agriculture : il fait certes chaud la journée, mais il fait plus froid le soir et ces différences de températures sont bénéfiques. Par ailleurs, il fait sec dans notre région et, associé aux températures changeantes, ce climat permet de travailler la terre durant toute l’année ». Quant aux inconvénients, Chemer émet de fortes réticences à en parler, mais il finit par se soumettre : « Le simple fait d’irriguer à l’eau salée n’est pas évident, mais nous force à nous spécialiser dans ce domaine pour toujours chercher à améliorer nos rendements. Nous sommes les seuls au monde à posséder toutes ces connaissances et nous sommes en mesure d’aider d’autres pays souffrant de pénurie d’eau douce ». Chemer ne parvient décidément pas à parler d’inconvénients lorsqu’il parle de son désert.
Source : Terre Promise