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Au lendemain de la Mimouna, qui devait marquer une certaine symbiose sociale entre Juifs et musulmans, des hordes déchaînées envahirent le quartier juif de la capitale, et pendant trois jours du 17 au 19 avril 1912 (30 Nissan 5672), sans répit le pillèrent, le saccagèrent, et en massacrèrent une partie de sa population. Les scènes de barbarie furent effroyables : enfants et vieillards fauchés, femmes et fillettes violées et des enfants kidnappés. Le plus horrifiant fut sans doute la vision apocalyptique de la fuite effrénée des 12 000 habitants du mellah qui cherchèrent refuge dans la ménagerie du sultan où ils demeurèrent sans toit, dans une misère pitoyable pendant des semaines.
Les restes dans les décombres... Des photographies bouleversantes du drame furent diffusées dans la presse internationale mobilisant le judaïsme mondial comme au temps de l’Affaire de Damas (1840). Il est significatif que la presse sioniste ait perçu, dans le cataclysme marocain, la nécessité impérieuse d’un foyer national juif. Mais, à la différence des pogromes de Kichinev tout récents, le tritel, qui les dépassa peut-être en horreur, n’engendra pas une copieuse production littéraire. Un regard superficiel donnerait à croire que la tragédie juive de Fès a été oblitérée par les douceurs du Protectorat. Dans l’ouvrage commémoratif que vient de publier aux éditions de l’Institut Ben Zvi, Paul Fenton, professeur à la Sorbonne, montre que la persistance de cette tragédie dans la mémoire collective du judaïsme maghrébin pourrait constituer un des facteurs de l’exode massif des Juifs du Maroc au cours du XXe siècle. Débris d'une belle maison dans le quartier juif, incendiée par les émeutiers Le recul d’un siècle qui a été témoin de l’extinction des communautés juives du Maghreb, permet d’analyser avec objectivité ce chapitre douloureux de leur histoire. Son étude montre clairement les complicités machiavéliques du pouvoir chérifien et du gouvernement de Paris pour détourner la fureur inévitable de la population musulmane du colonisateur et du sultan. Enfin, ce dernier n’a pas hésité à sacrifier les plus faibles de ses sujets - la minorité juive. Des juifs réfugies dans la ménagerie du sultan côtoient les lions en cage Les juifs réfugiés dans le palais du roi Les juifs réfugiés dans le palais du roi Rue du Mellah aprés les évenements du 17 Avril 1912 Rue du Mellah aprés les évenements du 17 Avril 1912 Démunis de tout aprés les évenements du 17 Avril 1912 |

Des juifs réfugies dans la ménagerie du sultan côtoient les lions en cage
Les juifs réfugiés dans le palais du roi
Les juifs réfugiés dans le palais du roi
Rue du Mellah aprés les évenements du 17 Avril 1912
Rue du Mellah aprés les évenements du 17 Avril 1912
Démunis de tout aprés les évenements du 17 Avril 1912